Près d'une personne sur sept se sent en situation de handicap au Luxembourg

15% des résidents luxembourgeois s’estiment en situation de handicap

Près d’une personne sur sept ressent une situation de handicap au Grand-Duché. Si cette proportion est la même chez les femmes que chez les hommes, elle augmente fortement avec l’âge des personnes concernées.

Max Hahn, ministre de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil et Dr. Serge Allegrezza, directeur du Statec, ont récemment présenté les chiffres sur les personnes en situation de handicap.

Ce sont les premiers du genre et ce n’est pas anodin. Le Grand-Duché de Luxembourg possède désormais une image générale de la situation des habitants handicapés, un outil préalable à une politique d’inclusion plus efficace. Revenons, sur ces données inédites.

Les handicaps les plus fréquemment rencontrés sont la malvoyance (8,9% de la population totale), la mobilité réduite (3,9%) et le handicap auditif (2,5%). Le niveau de formation des personnes en situation de handicap est plus faible que celui des autres personnes. Leur insertion sur le marché du travail est également plus compliquée. En témoigne un taux d’emploi de 57,1%, inférieur à la moyenne nationale, et un taux de chômage de 8,0% qui dépasse la moyenne nationale.

Le recensement de la population de 2021 aborde pour la première fois la thématique du handicap. Ceci permet d’obtenir des informations inédites sur la population concernée. Jusqu’à présent des données similaires ont été récoltées au Luxembourg de manière sporadique via des enquêtes, comme les Statistiques de l’Union européenne sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC) ou l’enquête sur la santé des résidents (EHIS). Malheureusement, ces enquêtes ne couvrent jamais la population entière. Leur portée est généralement limitée aux personnes de certaines tranches d’âges et certaines sont exclues, comme les personnes qui résident dans des ménages collectifs (institutions). Le recensement n’est pas limité dans ce sens : il couvre toute la population résidente, sans restriction d’âge ou de résidence.

Le concept du handicap est complexe et pour le mesurer, il faut prendre en compte une multitude de dimensions.

Malheureusement, dans le cadre d’une enquête ou d’un recensement, il est difficile d’identifier les personnes handicapées. Il faut dès lors faire des compromis quant à la définition du handicap à utiliser, à cause des possibilités limitées de couvrir toutes les perspectives potentielles. Il est donc nécessaire de choisir une approche pragmatique, en fonction du nombre de questions qui peuvent être incluses. Ces considérations ont abouti au jeu de questions dans le cadre du recensement de la population de 2021. Ces questions s’intéressent aussi bien au type de handicap, qu’au degré. Il est important de préciser que les réponses à ces questions sont subjectives dans la mesure où elles reflètent la situation telle que les personnes concernées ou leurs tuteurs la perçoivent.

Prévalence du handicap

Dans le cadre du dernier recensement, 14,6% des personnes interrogées se déclarent en situation de handicap. Cela correspond à plus de 94.000 personnes.

La prévalence du handicap est légèrement supérieure chez les femmes (15,2%) que chez les hommes (14,0%). Cette petite différence s’explique par le fait que les femmes, avec un âge moyen de 40,4 ans, sont légèrement plus âgées que les hommes, qui affichent un âge moyen de 39 ans.

Infographie 1 : près de 15% de la population déclare se trouver en situation de handicap

La prévalence du handicap augmente avec l’âge des personnes concernées. Chez les enfants âgés de moins de 5 ans, ainsi que chez ceux âgés de 5 à 9 ans, moins de 5% sont concernés. Ensuite, jusqu’à l’âge de 44 ans la prévalence oscille autour de 10%. Ensuite elle augmente assez rapidement, pour atteindre 58% chez les personnes âgées entre 85 et 89 ans et dépasser 70% à partir de l’âge de 90 ans.

Graphique 1 : la prévalence du handicap augmente avec l’âge

Nature du handicap

Le graphique 2 donne un aperçu sur la nature du handicap. Les chiffres sont exprimés par rapport au total de la population. Il convient de noter qu’une personne pouvait cocher plusieurs types de handicap. Le type de handicap le plus fréquent est la malvoyance, qui concerne 8,7% de la population au Luxembourg. Viennent ensuite la mobilité réduite (3,9%) et le handicap auditif (2,5%)

Graphique 2 : la malvoyance, la mobilité réduite et le handicap auditif sont les types de handicap les plus fréquemment rencontrés

La question sur le type de handicap est également assortie d’une indication sur le degré du handicap. Les répondants devaient aussi se prononcer sur le degré de leurs handicaps respectifs : léger, modéré ou sévère. L’information sur le degré permet de nuancer les constats. En excluant les handicaps considérés comme étant légers, la malvoyance n’est plus le premier type de handicap. Une très grande partie des personnes qui se déclarent malvoyantes indiquent un degré « léger ». En faisant abstraction des handicaps légers le handicap le plus fréquent est la mobilité réduite, qui concerne 2.6% de la population. Suivent ensuite la malvoyance avec 2.4% et le handicap auditif avec 2,2%. Les autres handicaps concernent entre 1,1% et 1,5% de la population si l’on exclut les personnes qui déclarent un degré léger.

Afin d’obtenir une image agrégée plus claire, les personnes handicapées ont été regroupées en trois groupes, selon le degré du handicap. Si une personne renseigne seulement un type de handicap, le degré correspond au degré rapporté. Si une personne renseigne plusieurs types de handicaps, le degré le plus élevé est retenu. À titre d’exemple, une personne qui renseigne deux handicaps, dont un sévère et un léger, est classifiée comme étant en handicap « sévère ». Le graphique ci-dessous ventile les personnes en situation de handicap selon le degré. D’après le graphique 3, 6,4% de la population luxembourgeoise rapportent un handicap léger, 4% dans un handicap modéré et 2,9% un handicap sévère. Finalement, 1,4% de la population rapporte être en situation de handicap, sans pour autant spécifier le degré.

Graphique 3 : près de 7% de la population, ou près de la moitié des personnes concernées, jugent leur handicap modéré ou sévère

Caractéristiques des personnes concernées

Les personnes en situation de handicap se distinguent des autres personnes quant à leur niveau d’éducation. En effet, chez les personnes handicapées âgées de plus de 15 ans, 42,8% ont un niveau de scolarité qui ne dépasse pas le niveau du secondaire inférieur et 18,5% ont un diplôme de l’enseignement supérieur. Chez les personnes non handicapées, seulement 23,2% n’ont pas dépassé le niveau du secondaire inférieur et 38,3% ont fait des études supérieures.

Graphique 4 : les personnes en situation de handicap ont un niveau de formation plus faible que les autres

Le recensement de la population fournit également des données sur l’activité des personnes. D’après le graphique 5, 45,1% des personnes handicapées se déclarent retraité ou en invalidité permanente.

Ce chiffre s’explique par le fait que la prévalence du handicap augmente fortement avec l’âge (cf. ci-dessus). Ensuite, 24,1% sont en emploi et 12,1% sont élèves ou étudiants. Évidemment, ces chiffres sont influencés par la structure d’âge particulière de cette population.

Pour cette raison, le graphique affiche pareillement les résultats pour la population en âge de travailler, c’est-à-dire les personnes âgées de 20 à 64 ans. Dans cette catégorie d’âge, l’image n’est plus la même. Plus de la moitié des personnes (57,1%) sont en emploi. Néanmoins, le taux d’emploi chez ces personnes est nettement inférieur au taux observé pour l’ensemble de la population, qui s’élève à 74,1% en 2021 selon Eurostat. En même temps, 4,9% des personnes handicapées âgées de 20 à 64 ans sont au chômage. Ceci implique un taux de chômage de 8,0%. En 2021 le taux de chômage pour la population totale était de 5,7% (source ADEM et STATEC).

Graphique 5 : le taux d’emploi des personnes handicapées est relativement faible

Les personnes en situation de handicap travaillent sensiblement dans les mêmes secteurs que les autres personnes. Il y a néanmoins deux exceptions notables. 17% des travailleurs handicapés, relèvent du secteur de la santé et de l’action sociale, contre 11% des travailleurs non-handicapés. La raison tient au fait que les ateliers protégés sont classés dans ce secteur. En revanche, dans le secteur des activités financières et d’assurance, ainsi que dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques, les personnes handicapées sont sous-représentées par rapport aux personnes non-handicapées. L’explication tient au fait que c’est un secteur qui demande un niveau de formation élevé, niveau que beaucoup de travailleurs handicapés n’ont pas (voir graphique 6).

Graphique 6 : les travailleurs handicapés sont largement sous-représentés dans le secteur de la finance et de l’assurance

Selon la carte 1, la part des personnes en situation de handicap n’est pas identique dans toutes les communes. Dans les communes de Vianden, Diekirch et Ettelbruck, la part des personnes en situation de handicap avoisine, voire dépasse les 21%. Cependant, à Kopstal, Schuttrange, Strassen et Leudelange, la part est inférieure à 10%. Les taux élevés s’expliquent en partie par la présence de structures d’hébergement, que ce soit pour personnes handicapées ou âgées, qui ont une taille importante par rapport à la population des communes respectives. En effet, le recensement a également révélé que 3% des personnes en situation de handicap vivent dans des institutions (ménages collectifs). Ce taux n’est que de 0,9% chez les autres personnes. Au niveau des communes, il y a par ailleurs un lien, mais plutôt faible entre l’âge des habitants et la part des personnes en situation de handicap.

Carte 1 : selon la commune considérée, la part des personnes handicapées oscille entre 9% et 23%


(de g. à dr.) Jean Ries, ministère de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l'Accueil ; Max Hahn, ministre de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l'Accueil ; D<sup class="typo_exposants">r</sup>. Serge Allegrezza, directeur du Statec
(de g. à dr.) Jean Ries, ministère de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil ; Max Hahn, ministre de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil ; Dr. Serge Allegrezza, directeur du Statec - ©MFSVA

La publication initiale a été réalisée par le Ministère de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil, en collaboration avec le STATEC.

Tous les chiffres du recensement sont disponibles dans une section dédiée sur le portail des statistiques : https://statistiques.public.lu/fr/recensement.html.

Tous les graphiques sont la propriété du STATEC.

➡️ Lien source de l’article avec le communiqué de presse

Communiqué
Publié le jeudi 14 mars 2024
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