Vers un transport public écologiquement responsable

Vers un transport public écologiquement responsable

Comment une entreprise de transport en commun se positionne-t-elle pour rendre ses activités plus durables ? Réponse avec Murielle Simon et Frank Schilling de Bollig Voyages.

De par la nature de ses activités, la responsabilité sociétale a toujours fait partie intégrante de l’ADN du groupe Bollig. « Le carburant est un grand poste de dépenses, d’où l’intérêt d’être responsable à ce niveau. Nous étions dans une démarche d’économie dès le départ », explique Murielle Simon, coordinatrice et membre du comité RSE, formée à la Global Reporting Initiative (GRI).

De nombreuses mesures visant à réduire tant ses coûts que ses impacts négatifs sur la planète sont donc appliquées au quotidien, et depuis des années déjà. Ceci de manière informelle jusqu’en 2017. C’est à cette date que Bollig Voyages a publié son premier rapport RSE bisannuel, rédigé avec la collaboration du cabinet de consultance Forethix. Ce rapport est à la fois un outil de communication et un outil de pilotage : il permet d’une part de mettre en valeur les efforts accomplis et d’autre part de « creuser » chaque année le sujet pour trouver de nouvelles pistes d’amélioration.

Dans la pratique, le groupe soutient des pratiques éthiques et durables de mille manières : sélection rigoureuse de ses fournisseurs selon les critères établis dans une charte de bonne conduite pour limiter l’empreinte négative potentielle tout au long de la chaîne d’approvisionnement, mise en place d’un système de dispatching qui vise à réduire le nombre de kilomètres à vide, accueil de classes scolaires afin de sensibiliser les enfants au comportement à adopter pour être en parfaite sécurité en montant, en descendant du bus et pendant le trajet, formation des salariés à l’éco-conduite qui a permis de réduire la consommation de carburant de 2 litres/100 km en moyenne, mise à disposition de fruits bio et prise en charge de la moitié de leur abonnement à la salle de fitness, etc.

Ses engagements se manifestent également à travers un ancrage local fort qui se traduit, entre autres, par le sponsoring de manifestations culturelles. « Nous soutenons un festival de jazz et musique classique, ainsi que le festival e-Lake, qui ont lieu à Echternach. E-Lake représente un grand investissement aussi bien en temps et en salariés qu’en matériel. De nombreuses heures de travail sont nécessaires pour organiser toute la logistique autour de cet évènement qui a rassemblé près de 20.000 visiteurs l’an dernier », indique Murielle Simon.

Dans une optique de réduction des émissions de CO2, Bollig Voyages a pris le virage de l’électrique en décembre 2016 avec le city-bus d’Echternach qui circule entre le lac et le centre historique. Ce Sileo S10 de 33 places assises et 57 debout est gratuit pour les usagers. Il a une autonomie de 280km et peut atteindre la vitesse de 75km/h. Le groupe est également le premier à avoir mis en service au Luxembourg un bus articulé full électrique de 120 places et 310km d’autonomie. Six autres bus électriques sont en commande et viendront bientôt compléter la flotte de 260 bus et mini-bus. « La mobilité du futur est décarbonisée. Les investissements nécessaires sont énormes et on ne peut pas remplacer la flotte en deux ans (un bus électrique coûte deux fois le prix d’un bus diesel et les bus à hydrogène sont encore beaucoup plus chers), mais on peut accélérer cette transition », précise Frank Schilling, administrateur délégué.

Pour accueillir les futurs véhicules électriques, de nouvelles infrastructures sont en construction à Diekirch. Objectif : charger le 1er bus en septembre. « Ce nouveau site sera bleu parce que dédié à l’électromobilité et vert parce que respectueux de l’environnement. Des plantations et des hôtels à insectes seront installés pour favoriser la biodiversité, des petites éoliennes et des panneaux photovoltaïques produiront une partie de l’énergie nécessaire. Dans une première phase, nous bâtirons une aire de stationnement couverte pour charger les véhicules, puis nous construirons les dépôts à partir de 2021. Nous nous inspirerons pour cela d’ateliers électriques que nous allons visiter à Hambourg et à Eindhoven. Nous allons également voir comment la technologie évolue, mais nous avons déjà prévu un emplacement pour une station à hydrogène si elle est amenée à se développer », précise Frank Schilling. « C’est dans l’environnement que nous allons investir le plus d’argent et nous le faisons d’ailleurs déjà cette année », ajoute Murielle Simon.

Cette stratégie s’inscrit pleinement dans les objectifs de développement durable définis par l’ONU, dans le processus de Troisième Révolution industrielle inspirée par l’économiste américain Jeremy Rifkin et dans la stratégie Modu 2.0 du gouvernement qui vise à réduire la congestion sur les routes en misant, notamment, sur la multimodalité.

Mélanie Trélat
Photos : Bollig Voyages / portrait :
Fanny Krackenberger

Article tiré du dossier du mois « Chacun sa route »

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Publié le vendredi 18 octobre 2019
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