Transition vers 2050 (V) : inverser la logique ?

Transition vers 2050 (V) : inverser la logique ?

Le Luxembourg, idéalement avec ses voisins, dans une logique de territoire et de bassin de vie, doit penser son avenir. La transition semble en marche, avec la résilience pour moteur. Infogreen se penche sur des initiatives. Aujourd’hui (épisode 5) : un territoire à ménager, à aménager… et à manager.

« Le Luxembourg en 2050 ». C’est un peu l’intitulé de cette série d’articles, et c’est surtout un des objectifs principaux des grandes manœuvres - de réflexion, de propositions d’actions, de consultation internationale… - en cours, orchestrées par ceux qui, avec les autorités du pays, entendent préparer un futur résilient, durable et responsable au Luxembourg, dont on peut - doit ? - repenser le territoire, son aménagement et ses fonctions prioritaires.

« Le Luxembourg en 2050 », c’est aussi le titre d’un ouvrage paru récemment et qui a trouvé sa place dans les rayons des librairies du pays. C’est un essai, signé Pascale Junker. Spécialiste luxembourgeoise du climat, de l’environnement et des territoires en coopération, elle a notamment fait partie de la garde rapprochée de François Bauch, ministre qui l’avait embauchée en 2017 pour actionner les leviers de la refonte du Programme directeur d’aménagement du territoire.

Un passé très récent

Il ne s’agit pas de refaire l’histoire ni de remettre en cause le travail en cours, effectué par les équipes actuellement en place et dont l’agenda est chargé et tracé - l’Université du Luxembourg et un consortium de chercheurs et scientifiques qu’elle emmène dans son sillage académique font partie du panel international.

Toutefois, sans refaire l’histoire donc, ce préambule est intéressant pour éclairer un passé très récent, durant lequel se préparait déjà le futur. Et qui a donné quelques résultats tangibles, issus notamment d’un processus de participation citoyenne, officiellement validés au nom du gouvernement.

Proposer une gouvernance

Retour en 2020. Pascale Junker, qui n’est plus au ministère, a repris sa plume, comme on reprend un bâton de pèlerin. Son essai, « Le Luxembourg en 2050 », est sous-titré « de l’aménagement au ménagement du territoire » et c’est déjà révélateur de la remise en question que l’auteure suggère pour la société luxembourgeoise dans son ensemble. « Il ne s’agit pas de faire table rase », confie-t-elle, « mais de repartir des fondamentaux de l’aménagement du territoire et mettre en musique territoriale les études et connaissances existantes ».

Dans sa méthode, venant en appui de cartes, constats scientifiques, avis d’experts et autres réflexions de terrain, il lui semble important d’ « inverser la logique territoriale et de na pas partir des concepts traditionnels - fossile, urbain, économique, autocentré, linéaire - mais bien du grand-régional, agricole, naturel, circulaire… Le but est de scénariser les futurs possibles, de déterminer les principes, la vision et la stratégie territoriaux pour 2050. De décliner cela en actions et résultats à atteindre et de proposer une gouvernance et un monitoring ».

Rappelant l’existence de cette « vision citoyenne du devenir territorial » collectée en 2018, Pascale Junker souligne aussi que, jusque-là, il faut parler d’un « échec de l’aménagement du territoire conçu autour de ressources abondantes et pour un climat stable ». Entre autres causes, la crise sanitaire a solidement bousculé les certitudes et appelé à la résilience. « Il faut faire de la place aux nouveaux besoins territoriaux. On voit un énorme potentiel du territoire pour pallier les contraintes imposées par un monde en contraction de ressources et sous menace climatique. Mais il y a une urgence évidente ! Cette décennie est sans doute la dernière à pouvoir infléchir notre perte ! »

Un objectif commun

« Luxembourg 2050 », au travers du déroulé de sa structure éditoriale et sur base de l’existant, propose donc déjà un diagnostic sociétal et territorial, des scénarios d’utilisation du sol, une vision territoriale, des principes-cadres pour une stratégie territoriale à l’horizon 2050, une stratégie territoriale en 20 composantes, des objectifs ainsi que des mesures de ces résultats territoriaux, une gouvernance territoriale ainsi qu’un encadrement par un monitoring territorial.

Il y a, dans tous les cas, matière à débat. Un territoire à aménager… à ménager sans doute… et à manager.

A-t-on pris du retard sur un tableau de marche qui semblait cohérent ? Verra-t-on la vision actuelle, à l’esprit très proche mais à la méthode élargie, prendre le pas sur la précédente ? Aura-t-on droit à des querelles d’égo ou de popularité et à des aller-retour de méthode là où l’objectif commun est d’avancer ?

Ce qui est sûr, c’est que tout le monde semble convaincu de l’urgence à planifier ce que l’on souhaite vivre à un horizon balisé 30 années devant nous. Le temps est compté, et c’est le temps d’une génération complète.

Alain Ducat

Photo principale : SIP/Luxembourg.public.lu

Photo 1 (MDDI - archives - SIP) : 19 janvier 2018. Pascale Junker aux côtés de François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures, pour présenter le processus de participation citoyenne à la refonte du Programme directeur aménagement du territoire.

Photo 2 : Illustration en tête du site dédié à la consultation citoyenne, toujours accessible sur www.notrefuturterritoire.lu

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Publié le vendredi 13 novembre 2020
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