Terre nourricière : sa générosité a des limites et un prix

Terre nourricière : sa générosité a des limites et un prix

Il suffit de tendre la main : un fruit juteux, un morceau de pain, un verre d’eau fraîche. La Terre nous nourrit avec une générosité presqu’infinie. Or, cette générosité a des limites. Ces limites ne sont ni politiques, ni idéologiques, mais imposé par les lois de la nature.

Le capital naturel a un prix

Dans une analyse, des économistes de la BCE ont dressé un bilan du capital naturel que dix écosystèmes européens ont, pour ainsi dire, mis à disposition en 2019 à l’économie productrice : leur valeur s’élevait à 234 milliards d’euros de bénéfice direct pour 4,2 millions entreprises. Ces entreprises, hors secteur financier, ont été responsables de la perte de 365 millions d’hectares d’habitat naturel qui ont été viabilisés pour la production. Or, trois quarts de ces entreprises dépendent directement des services des écosystèmes et rencontreront des problèmes sans le bon fonctionnement des écosystèmes.

Profitons du passage du ringard vers les renouvelables pour aider la Terre

Paul Zens
Paul Zens

Nous consommons bien au-delà des capacités de la Terre et fonctionnons à ses dépens. Cela vaut aussi pour l’énergie. Elle est omniprésente car, comme le formulait déjà si bien le philosophe grec Anaxagore « rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau » et justement ces processus de transformation sont au cœur du problème. En quelques générations seulement, nous avons réussi à brûler les ressources fossiles, que la Terre a mis des millions d’années à former. Nous avons bâti une civilisation énergivore, fonctionnant à grand renfort de pétrole, de gaz et de charbon, rejetant en passant dans l’atmosphère le carbone en trop, celui qui cause la surchauffe planétaire.

Profitons des changements des processus de transformation énergétiques pour organiser une véritable économie circulaire et une approche permettant de réduire l’agressivité de l’extraction. Le recyclage des panneaux solaires, des batteries, est facile. La production des batteries aux ions sodium, le sodium un élément commun, omniprésent, plus facile à extraire que le lithium, est moins envahissant pour la Terre.

La plus grande partie de l’énergie consommé au Luxembourg est importée, ce qui requiert des infrastructures grandes distances, « ressourcivores ». Profitons donc de la transition énergétique pour repenser les chaînes d’approvisionnement : les énergies renouvelables sont celles qui sont localement disponibles. Nous disposons d’un formidable potentiel pour produire notre propre énergie solaire, éolienne, biomasse. Ces sources sont complémentaires.

Profitons aussi de la complémentarité dans d’autres domaines : ainsi la combinaison agriculture et photovoltaïque ne permet non seulement de combiner production d’énergie et production alimentaire, idéalement d’une meilleure qualité par le biais d’une agriculture plus extensive, moins envahissante et les panneaux peuvent réduire le dessèchement des sols et favoriser la biodiversité.

Repenser notre rapport à la consommation

Si nous voulons préserver notre Terre nourricière, nous devons aussi apprendre à consommer mieux, plus consciemment et au bon moment, notamment quand les énergies renouvelables abondent et avec parcimonie quand ce n’est pas le cas. Non seulement notre portemonnaie en est reconnaissant, mais aussi l’écosystème, moins sollicité. Les coopératives et communautés énergétiques se prêtent parfaitement bien pour échanger de ces manières pour bien faire. Elles ne sont pas seulement une forme organisationnelle alternative, mais aussi une nouvelle manière d’envisager notre rapport à l’énergie, car local et proche des gens.

Vers une autonomie énergétique responsable

La transition énergétique et la transition écologique sont nécessaires et elles commencent par nous, par nos choix quotidiens, en petit et en grand. Produire localement, économiser intelligemment, investir dans des solutions durables – autant de gestes qui, mis bout à bout, peuvent réconcilier notre mode de vie avec les capacités de notre terre nourricière.

Paul Zens, président Eurosolar Lëtzebuerg asbl
Photos : ©Eurosolar Lëtzebuerg asbl
Extrait du dossier du mois « inTERREdépendance »

Contribution partenaire in4green
Publié le lundi 2 juin 2025
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