Surveillance étroite des pollinisateurs au Luxembourg

Surveillance étroite des pollinisateurs au Luxembourg

Le 11 décembre 2018, le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) a organisé une conférence intitulée « Meeting the pollinators - importance, decline and perspectives » à Belvaux, au Luxembourg. Avec cette conférence, des chercheurs du LIST ont abordé un problème écologique et économique majeur en Europe, et donc au Luxembourg : le déclin des pollinisateurs - tels qu’abeilles, bombyles et papillons - qui constituent un élément vital des écosystèmes naturel et agricole.

Une baisse mondiale et des initiatives internationales de surveillance

Le déclin des insectes est un phénomène international, avec des pertes considérables d’insectes volants, notamment en ce qui concerne l’abondance des papillons de prairie, enregistrées au cours des quatre dernières décennies en Europe du Nord-Ouest. L’ampleur du phénomène est telle qu’un grand nombre d’initiatives internationales sur les pollinisateurs ont été lancées depuis le début des années 2000, de l’Océanie à la Colombie, en passant par l’Amérique du Nord, l’Afrique, l’Europe, etc. Partout dans le monde, les autorités tentent de comprendre ce déclin et mettent en place des mesures pour endiguer cette tendance spectaculaire.

Tout autour des frontières du Luxembourg, les chiffres sont alarmants. En Allemagne, la biomasse d’insectes a diminué de 75 % depuis 1989, en Angleterre, la biomasse de six groupes d’invertébrés a diminué de 35 % depuis 1970, et en Suède et au Danemark des chutes spectaculaires du nombre de, respectivement, quatre et cinq espèces de bourdons ont été signalées. Plus près du Luxembourg, des chercheurs belges ont observé des changements radicaux dans l’abondance et la répartition des bourdons. Des analyses de tendances de population, en fonction de l’abondance, de la taille et de la diversité, ont révélé qu’entre 68 et 88 % des espèces de bourdons ont respectivement connu un déclin au cours du siècle dernier et que quatre espèces ont complètement disparu. Seules quelques espèces ont tendance à accroître leur abondance relative et à dominer les autres, ce qui conduit à une homogénéisation des communautés de bourdons.

Un objectif du Luxembourg pour inverser la tendance

Au vu de cette tendance, il est évident que le Grand-Duché de Luxembourg n’est pas épargné. Comme l’a souligné l’indicateur européen pour les espèces des prairies, le Luxembourg est l’un des pays de l’Union européenne ayant le plus grand nombre d’espèces communes de papillons de prairies en déclin. Cette observation a été faite via le réseau national de surveillance des papillons coordonné par le LIST depuis 2010.

En compagnie du Musée national d’histoire naturelle (MNHN), natur&ëmwelt, du consultant ECOTOP, des stations biologiques ainsi que de bénévoles très motivés, et avec le soutien financier du Ministère de l’Environnement du Climat et du Développement durable, , le LIST produit un atlas des papillons et une nouvelle liste rouge reprenant le statut de conservation de chaque espèce de papillon au Luxembourg. L’atlas compare l’évolution de la répartition des espèces entre les périodes 1990-2009 et 2010-2016. Ces analyses montrent qu’entre ces deux périodes, près des deux tiers des espèces de papillons ont décliné dans leur zone d’occupation.

Grâce à divers projets de recherche sur le terrain, des chercheurs du LIST étudient les facteurs de risque et élaborent des pratiques de gestion améliorée afin de réduire les pertes de colonies d’abeilles dans le pays. Ainsi, d’une part, les données nécessaires à la minimisation des pertes d’hiver dans les colonies d’abeilles gérées ont été obtenues dans tout le Luxembourg. Et d’autre part, des modèles de ravageurs et de pathogènes ont été développés afin de réduire le nombre d’applications de pesticides. Ces deux aspects sont respectivement étudiés dans les projets BeeFirst « Effects of agricultural structures and apicultural techniques on honey bee health in Luxembourg » et Sentinelle « Warning and advisory platform for the main pests and diseases in the major crops in Luxembourg », tous deux soutenus par l’Administration des Services Techniques de l’Agriculture du Ministère de l’Agriculture.

L’impact des activités humaines

L’utilité des activités de recherche du LIST sur les abeilles et les pollinisateurs a pris une importance accrue depuis mars 2018 lorsque l’initiative européenne sur les pollinisateurs a défini trois priorités sur le sujet. La première consiste à améliorer la connaissance du déclin, de ses causes et de ses conséquences. La seconde appelle à s’attaquer aux causes du déclin. Enfin, la troisième priorité s’attache à la sensibilisation, au dialogue avec la société dans son ensemble et à la promotion de la collaboration. Au Luxembourg, ces priorités sont prises en compte dans les différents programmes nationaux de surveillance existants.

Un important cocktail de facteurs de stress peut expliquer le déclin des pollinisateurs, dont la plupart sont le résultat des activités humaines. Le changement d’affectation des terres (par exemple l’urbanisation et les pratiques agricoles intensives, qui s’accompagnent de l’emploi de produits chimiques agricoles), la pollution environnementale, le changement climatique, les agents pathogènes, ainsi que des espèces exotiques invasives constituent des enjeux d’une importance particulière qui doivent être abordés dans les prochaines années pour préserver la biodiversité et arrêter le déclin des pollinisateurs.

Communiqué par le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST)

Article
Article
Publié le lundi 24 décembre 2018
Partager sur
Avec notre partenaire
Nos partenaires