
« Sneaky Sneakers - That’s not FAIR ! » expose la basket sous toutes ses coutures
Du 13 novembre 2025 au 29 mars 2026, le Musée FERRUM de Tétange accueille l’exposition « Sneaky Sneakers - That’s not FAIR ! ». Conçue par l’asbl MUAR - Musée vun der Aarbecht, en collaboration avec Fairtrade Lëtzebuerg, elle invite le public à découvrir la face cachée de cet objet incontournable de la mode et de la pop culture.
Que ce soit pour le style, le confort ou pour faire du sport, tout le monde a au moins une paire de baskets dans ses placards. Mais connaissons-nous vraiment les conditions dans lesquelles sont fabriqués ces objets de mode qui font tant partie de notre quotidien que de la pop culture ? C’est ce que nous invite à découvrir l’asbl MUAR - Musée vun der Aarbecht et l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg à travers une exposition inédite intitulée « Sneaky Sneakers - That’s not FAIR ! ».
Audrey Millet, Docteur en Histoire et en Lettres, auteure et spécialiste des écosystèmes de la mode, des problématiques sociales et des migrations, a fourni les recherches scientifiques sur lesquelles se base l’exposition. Pour elle, l’histoire des baskets, « c’est l’histoire des cordonniers royaux au XVIe siècle, des ouvrières des manufactures au XIXe siècle, des travailleuses vietnamiennes qui, aujourd’hui, assemblent nos sneakers. » La première partie de l’exposition retrace cet historique et souligne les moments cultes de la sneaker dans notre époque contemporaine.
L’impact social et environnemental de la sneaker
La deuxième « zone » du parcours met en lumière « ce sur quoi nous fermons les yeux » explique Anouck Gengler, coordinatrice du projet. Les conditions de travail des petites mains qui assemblent ces chaussures de sport en sont le premier aspect. Lors de la conférence de presse qui a précédé le vernissage de l’exposition, Jean-Louis Zeien, président de Fairtrade Lëtzebuerg, a déclaré : « Il faut s’intéresser à cette industrie, qui est assez opaque. Le travail de celles et ceux qui fabriquent nos sneakers reste invisible et il est bien souvent sous-payé. Les consommateurs méritent de connaître la vérité sur les produits qu’ils consomment. Les travailleurs et les travailleuses méritent un revenu décent et le respect de leur travail. »
On apprend par exemple que pour une paire de baskets vendue en magasin au prix de 100 euros, seulement 2 euros reviennent aux ouvriers et ouvrières.
« Sneaky Sneakers - That’s not FAIR ! » aborde aussi les enjeux environnementaux liés à l’industrie de la basket. « 60 pièces distinctes, 360 étapes de fabrication et 8.000 litres d’eau sont nécessaires à la fabrication d’une seule paire », avance Audrey Millet. « Environ 44.000 baskets sont fabriquées par minute. Ces chiffres illustrent l’ampleur du désastre industriel d’un secteur qui génère 326 millions de tonnes de CO₂ annuellement. »
L’exposition montre aussi qu’une autre façon de faire est possible : une paire fabriquée en six minutes par un robot ou imprimée en 3D, des baskets en cuir de mycélium 100% biodégradable (la structure racinaire des champignons)… Les innovations durables sont nombreuses dans le domaine.
Sensibiliser les consommateurs
La dernière partie de l’exposition est dédiée à la vision de Fairtrade : « Pour nous, la durabilité repose sur trois piliers : elle doit être économique, sociale et environnementale », explique le président de l’ONG. « Cette exposition montre qu’une production fondée sur la dignité, la transparence et l’équité est possible ». Si le but premier du projet « Sneaky Sneakers - That’s not FAIR ! » est de sensibiliser les visiteurs, Jean-Louis Zeien voudrait aussi convaincre des revendeurs luxembourgeois de proposer des baskets plus « responsables » dans leurs boutiques.
Audrey Millet souhaite que « que l’exposition touche en particulier les enfants, ce sont eux les consommateurs de demain. Je voudrais qu’ils comprennent que le style n’est pas cette mode rapidement consommable, remplaçable. » À ce titre, des ateliers pédagogiques autour de l’exposition seront organisés pour les écoles primaires.
« Nous voulons changer les choses, et la sneaker pourrait devenir le symbole de ce changement », conclut Anouck Gengler.
Léna Fernandes
Photos (à gauche, Jean-Louis Zeien) : © Picto




