
Renforcer la finance et les compétences paysannes
Grâce à des mécanismes financiers innovants et à la formation des organisations paysannes, AGRI+ a transformé l’accès au crédit et la gestion des exploitations familiales en Afrique de l’Ouest, ouvrant la voie à une agriculture plus résiliente et durable.
Entre 2016 et 2023, SOS Faim Luxembourg a déployé AGRI+ en partenariat avec l’Institut Agro Montpellier et le cabinet Lessokon, avec l’appui du ministère luxembourgeois de la Coopération. L’objectif : surmonter le fossé entre les institutions financières et les exploitations familiales agricoles sahéliennes, longtemps jugées « trop risquées » pour accéder au crédit.
Un accès inédit au financement pour l’agriculture familiale
Le dispositif a mis en place deux outils majeurs. D’une part, une ligne de crédit à taux réduit et d’autre part, un fonds de garantie. Grâce à ces mécanismes, les banques et institutions de microfinance ont pu proposer des financements adaptés aux besoins réels des agriculteurs et agricultrices, tout en limitant leurs risques. Résultat : des investissements accrus, l’achat de matériel agricole jusque-là inaccessible, une diversification des activités et une meilleure résilience face aux aléas climatiques et économiques.
Au Niger, au Burkina Faso et au Mali, les demandes de crédit déposées par les organisations paysannes (OP) formées dans le cadre du programme ont connu des taux d’acceptation remarquables, à savoir jusqu’à 95 % au Mali. Cette ouverture du système bancaire a permis à des milliers de familles rurales d’améliorer leurs conditions de vie tout en consolidant la durabilité de leurs exploitations.
Des organisations paysannes renforcées et crédibles
L’autre grande réussite d’AGRI+ réside dans le renforcement des compétences des organisations paysannes. Six formateurs de terrain, issus du conseil agricole et de la microfinance, ont assuré un accompagnement de proximité. Leur mission est de transmettre des savoir-faire en gestion, en élaboration de projets économiques et en négociation financière.
Ces parcours de formation, déclinés en neuf modules et complétés par un suivi personnalisé, ont permis aux OP d’acquérir une véritable autonomie. Elles sont désormais capables de préparer des dossiers solides, d’analyser leurs besoins financiers et de négocier des conditions de crédit plus favorables. Certaines coopératives ont ainsi obtenu des taux réduits, passant de 18 % à 14 % dans le cadre de la ligne de crédit au Mali.
Mais l’impact ne se limite pas à l’accès au financement. Ces organisations, mieux structurées, favorisent aujourd’hui la transparence interne, la délégation des responsabilités et la confiance entre leurs membres. Elles servent aussi de relais essentiels entre producteurs et institutions financières, professionnalisant le dialogue et ouvrant des perspectives de développement collectif.
Au-delà des chiffres, AGRI+ a permis aux paysans et paysannes de dépasser leurs appréhensions vis-à-vis des banques. Comme le confiait un responsable d’association de riziculteurs, « Avant, on avait peur de passer devant une institution financière, mais maintenant nous savons que nous pouvons discuter de nos besoins et même négocier ». Cette confiance nouvelle marque une avancée décisive vers un avenir plus juste et inclusif pour l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest.
Texte de SOS FAIM
Photo : © Kani Sissoko