Quelles solutions pour préparer le territoire pour les générations futures ?

Quelles solutions pour préparer le territoire pour les générations futures ?

Le deuxième atelier thématique de l’initiative "2030.lu - Ambition pour le futur" a débattu, entre autres, des défis du Luxembourg dans les domaines de l’environnement, et de l’économie verte.

Premier orateur de la matinée, Christian Schulz, géographe et professeur à l’Université du Luxembourg, a présenté ses solutions dans les domaines de l’aménagement du territoire et de la mobilité. Selon lui, la politique d’aménagement du territoire du Luxembourg, qu’il a qualifiée de jeune et ambitionnée, se caractériserait par une dynamique de développement très soutenue. Malheureusement la concrétisation de la politique d’aménagement se heurterait trop souvent encore à la structuration administrative du territoire qui accorderait trop de pouvoir de décision aux communes, qui n’auraient qu’un intérêt très limité à participer à des concepts nationaux d’aménagement du territoire. Des prises de décisions politiques trop longues, qui seraient en plus compliquées par l’existence du double mandat des députés-maires, en seraient le résultat.

Après ce bref diagnostic, le professeur Schulz a présenté quatre pistes de solutions concrètes. La première solution consisterait à décentraliser le commerce de détail pour éviter que les grandes surfaces se concentrent en périphérie des grandes agglomérations, ce qui obligerait actuellement les habitants à utiliser leur voiture pour faire leurs achats. Selon le professeur, une plus grande proximité du commerce de détail pourrait soulager le trafic dans et autour des agglomérations urbaines.

La deuxième solution proposée par M. Schulz tient en un mot : intercommunalité. Par l’approfondissement des relations intercommunales le pays pourrait à ses yeux en effet gagner en compétence, expertise et capacité d’action. A cause de la petite taille de la majorité des communes, les responsables communaux ne disposeraient pas toujours des compétences techniques et humaines nécessaires en matière d’aménagement du territoire, ce qui les obligerait à recourir à des prestataires externes, qui n’agiraient pas toujours dans l’intérêt global du pays. La solution préconisée par M. Schulz prévoit l’établissement d’associations d’études et de planification intercommunales pour des régions regroupant au moins 10.000 habitants.

Comme troisième, le professeur Schulz propose d’élaborer, toujours par le biais d’une collaboration interrégionale renforcée, un concept de transport transfrontalier commun. Celui-ci proposerait des grilles horaires optimisées, des tarifs uniques au niveau interrégional et un système d’information multilingue pour tous les clients. Comme dernière piste, le professeur a proposé que le Luxembourg se positionne davantage comme pionnier en matière de solutions innovantes dans le domaine de l’aménagement du territoire, au lieu de se contenter d’adapter des projets innovants qui ont déjà fait leurs preuves à l’étranger. Pour 2030, le professeur a souhaité que le Luxembourg se donne l’ambition de développer au moins un projet durable qui puisse servir de modèle aux pays voisins.

Rétablir une relation saine et respectueuse avec la nature

Sous le titre Ignorer les limites écologiques de la planète ne les fera pas disparaitre, Pascale Juncker, économiste de l’environnement chez LuxDevelopment, s’est intéressée principalement au comportement quotidien des résidents au Luxembourg.

Mme Junker a souligné que le Luxembourg présentait un flagrant déficit écologique et énergétique. En effet, le pays afficherait des taux de consommations record pour un territoire aussi exigu. Si tous les pays du monde consommaient autant que le Luxembourg, il faudrait six planètes pour subvenir aux besoins de consommation. Mme Juncker a expliqué qu’en même temps le processus de raréfaction des ressources ne facilitait guère les choses.

Pour faire face aux menaces écologiques et énergétiques, l’experte a présenté plusieurs propositions en les classant selon des seuils de douleur, donc selon les niveaux de sacrifices à consentir pour leur mise en œuvre. Parmi les mesures ne provoquant pas ou peu de douleur, elle a notamment cité en exemple des gestes basiques comme l’élimination des gaspillages, fuites et pertes évitables. Selon Mme Juncker ces gestes simples ne suffiraient cependant pas à modifier fondamentalement la donne. Pour cela il faudrait prendre des mesures bien plus douloureuses, qui exigent un changement profond de nos habitudes et mentalités. L’homme devrait notamment rétablir une relation plus saine avec la nature, dont il se serait trop éloigné pour ne plus la considérer que comme une ressource à exploiter. L’homme devrait donc faire preuve de plus de respect et d’humilité dans son comportement quotidien. Sur la même lignée, Mme Juncker a proposé de développer l’urban mining, qui consiste à transformer systématiquement les déchets urbains en ressources, ou encore la densification de l’habitat et le partage ou la mise en commun d’équipements.

Si ceci ne suffisait pas, il faudrait probablement recourir à des méthodes encore plus douloureuses comme le rationnement des ressources ou l’implémentation de quotas de m2 habités ou d’émission de gaz à effet de serre ; toutes des mesures qui iraient de pair avec un renchérissement des ressources et des aliments.

Au niveau gouvernemental, elle a proposé que les autorités mettent en place, avec une partie des recettes tirées de la vente de carburants, une réserve monétaire pour parer aux crises écologiques et/ou énergétiques futures, fixe des plafonds de consommation/émission ou encore exige des durées de vie minimum pour certains produits. Elle a estimé par ailleurs qu’il faudrait réfléchir à taxer davantage les ressources, les déchets et les émissions plutôt que le travail, qui est créateur de valeur ajoutée.

Texte et photos communiqués par 2030.lu

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Publié le mercredi 15 mai 2013
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