Pourquoi une journée internationale des droits des femmes en 2021 ?

Pourquoi une journée internationale des droits des femmes en 2021 ?

Chaque année, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, on entend la même chose : « Est-ce vraiment nécessaire ? » Cette année ne fait pas exception à la règle. Et ce, malgré le fait que, durant la pandémie actuelle, ce sont souvent les femmes qui se battent en première ligne dans le monde entier : infirmières, soignantes, enseignantes, médecins, sages-femmes, caissières...

Dans le monde entier, 70% des salarié-e-s du domaine social et de la santé sont des femmes, et pas moins de 91% du personnel infirmier sont en fait des infirmières.

Dans ces emplois, on est directement exposé au virus. En outre, les femmes ont souvent des emplois moins sûrs que les hommes. Dans une économie en déclin, les femmes sont donc particulièrement touchées par les suppressions d’emplois, surtout celles qui travaillent dans le secteur dit « informel . On estime que ces travailleurs et travailleuses ont perdu 60 % de leurs revenus au cours du premier mois de la pandémie.

En outre, selon une étude de UN Women, les femmes font en moyenne trois fois plus de travail non rémunéré que les hommes.

Travail à la maison

Au Luxembourg comme dans le reste du monde, on constate une augmentation du nombre de tâches qui sont encore principalement effectuées par des femmes : le homeschooling, la garde des enfants, les tâches ménagères et le soin des membres de la famille. Tout cela s’ajoute souvent à un emploi à temps plein. Ces tâches supplémentaires non rémunérées sont non seulement physiquement épuisantes mais aussi souvent exaspérantes et le plus souvent non reconnues à leur juste valeur.

Le télétravail étant devenu la nouvelle norme, la plupart des personnes peuvent certainement comprendre la difficulté de se focaliser pleinement sur son travail à la maison. Le travail à domicile peut devenir un véritable défi, surtout si on a des enfants à la maison.

Hone-based garment workers

Un secteur de travail spécifique, que l’on trouve notamment en Inde et au Bangladesh, connaît une situation similaire : les « home-based garment workers », autrement dit, les ouvrières de l’habillement à domicile. Il s’agit de femmes et de jeunes filles issues de communautés marginalisées qui, pour un maximum de 15 centimes de l’heure, mettent, chez elles, la touche finale à des vêtements préfabriqués dans des usines. Leur travail consiste principalement à broder et à coudre des boutons, des perles, des paillettes ou des pompons.

En Inde, une ouvrière à domicile sur cinq a moins de 17 ans. 99% des travailleuses à domicile travaillent sans contrat écrit pour un salaire inférieur au salaire minimum fixé par le gouvernement et ne sont pas autorisées à être syndicalisées. La législation indienne définit clairement ces conditions de travail comme du travail forcé.

L’Inde possède l’une des plus grandes industries textiles au monde. 12,9 millions de personnes sont employées dans les usines. Quelques millions supplémentaires travaillent comme ouvriers et ouvrières à domicile sans emploi officiel. Le fait que ce travail soit effectué presque exclusivement par des femmes est lié à l’hypothèse patriarcale selon laquelle il est plus sûr pour elles de travailler à la maison que de sortir seules dans le monde extérieur. Le rôle social des femmes et leur liberté de mouvement limitée sont aggravés par la tendance actuelle à la sous-traitance, qui permet aux employeurs de payer des salaires très bas et aucune cotisation de sécurité sociale tout en ayant le produit fini en main au bout du compte.

Les emplois des travailleuses à domicile ne sont pas, comme on le suppose à tort, de petits emplois manuels à temps partiel. Ces femmes travaillent souvent jusqu’à tard le soir et, malgré leur faible salaire horaire, contribuent de manière significative aux revenus de leur ménage, de leur communauté et à l’économie de leur pays.

Les mêmes droits humains ?

Cependant, leur travail acharné reste invisible pour leur communauté ainsi que pour les législateurs et les décideurs politiques, car ces femmes ne sont pas officiellement considérées comme des travailleuses. En outre, elles se trouvent en bout de chaîne, même dans le domaine du travail non déclaré, car elles sont totalement dépourvues de pouvoir de négociation, isolées chez elles sans possibilité de se concerter avec les autres travailleuses à domicile.

Ainsi, la prochaine fois que la question se pose si une journée mondiale des femmes est encore nécessaire en 2021, la réponse est évidente. Ce jour-là , chacun devrait se demander si les femmes bénéficient des mêmes droits humains et des mêmes opportunités que les hommes.

La journée internationale des femmes n’est pas une aumône, mais une reconnaissance absolument nécessaire et attendue depuis longtemps du fait que l’égalité des femmes dans la société et le respect de leurs droits humains ne sont toujours pas garantis - même en 2021.

L’égalité des genres est un processus continu, et tant que les injustices mondiales persistent, la journée internationale des femmes doit nous le rappeler sans cesse.

Rethink Your Clothes, campagne de sensibilisation pour une mode éthique et durable. Lire aussi ici.

Pour en savoir plus sur les conditions de travail des ouvrières de l’industrie textile, rendez- vous sur : www.rethink.lu ou Facebook @rethinkyourclothes

L’équipe de Caritas Luxembourg

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Publié le lundi 8 mars 2021
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