
Mobilité au Luxembourg : tram, bus, vélo et voiture en chiffres
Gratuité des transports, essor du tram, réseau de bus renforcé, P+R en expansion, couloir de covoiturage, pistes cyclables : la mobilité bouge au Luxembourg. En attendant les résultats de l’enquête Luxmobil 2025.
Trois ans et demi après la présentation du Plan national de mobilité PNM 2035, où en est le Luxembourg par rapport aux objectifs fixés ? Il faudra attendre la fin de l’année avec les résultats de l’enquête Luxmobil 2025 pour dresser un bilan précis et détaillé, mais le ministère de la Mobilité et des Travaux publics (MMTP) et les plus récentes statistiques nous donnent déjà quelques éléments de réponse.
Les passagers toujours plus nombreux, la population aussi
Il n’est plus nécessaire de rappeler que depuis mars 2020, les transports en commun sont gratuits au Luxembourg. Cette décision – accompagnée d’autres mesures telles que les importants investissements dans le développement et la modernisation des réseaux – se traduit dans les faits par une importante augmentation du nombre d’usagers.
Tram : une progression marquante
Le tram, introduit en décembre 2017, est certainement le mode de transport dont l’évolution est la plus significative, avec une fréquentation passée de 6,1 millions de passagers en 2019 à 31,7 millions l’année dernière.

À son ouverture, la ligne s’étendait uniquement sur huit arrêts, reliant les pôles d’échanges Luxexpo et Pfaffenthal-Kirchberg. Aujourd’hui, le tram permet de se déplacer de l’aéroport du Findel au Stade de Luxembourg, sur un tronçon de 16 km avec 24 stations.
Train : des investissements soutenus

Sur les rails nationaux, les CFL accueillent deux fois plus de voyageurs qu’il y a 20 ans, et continuent à investir pour faire face à l’augmentation du nombre de résidents et de frontaliers. Des améliorations menées dans une logique de multimodalité : « La combinaison des modes de déplacements individuels et des transports en commun est le standard autour duquel nous définissons notre offre de services », explique Sophie Lacour, directrice des Activités voyageurs, dans un article de ce dossier.
Bus régionaux : densification du réseau
Inévitablement, les routes accueillent elles aussi toujours plus de bus. Carlos Guedes, conseiller au ministère de la Mobilité et des Travaux publics, rapporte que « le Grand-Duché dispose désormais du réseau de bus régional le plus dense d’Europe ». Pour atteindre cette position, « le réseau RGTR a évolué de façon significative avec la réforme du réseau RGTR en 2022-2024 ».
« Par ailleurs, des adaptations ponctuelles sont faites deux fois par an sur les lignes de bus sur base des demandes des usagers et usagères (…) et des statistiques de fréquentation récoltées », précise encore M. Guedes.
Voiture et P+R : combiner les modes
Reste que la voiture persiste comme mode de déplacement privilégié au Luxembourg, où le nombre d’usagers est plus élevé que la moyenne européenne.
Selon le Statec, en 2021, 69 % des actifs utilisaient leur voiture pour se rendre au travail. De moins en moins de voitures traversaient la capitale, tandis que les communes du nord et proches des frontières voyaient davantage de véhicules circuler, « possiblement en raison de l’éloignement des nouvelles habitations par rapport aux transports publics ».
Pour inviter les conducteurs à finir leur trajet en transports en commun, des « Park & Ride » P+R voient le jour ou s’agrandissent à proximité des gares dans tout le pays. Carlos Guedes : « Par rapport à 2017, 6.450 emplacements supplémentaires ont été créés », dont 1.600 à Rodange, 527 à Pétange, 380 à Troisvierges, 237 à Colmar Berg, 2.000 à la Cloche d’Or, 611 à Howald ou encore 600 à Kirchberg-Gernback (liste non exhaustive).

Covoiturage : couloir dédié sur l’A3
Le covoiturage continue à être proposé comme alternative avantageuse aux transports en solo. « Une mesure concrète concernant le covoiturage est celle de l’ouverture, le 23 mars 2025, d’un premier tronçon à 2x3 voies sur l’autoroute A3 reliant l’Aire de Berchem à la Croix de Gasperich. Un premier bilan sera disponible d’ici la fin du mois de septembre 2025. »
En combinant covoiturage et transports en commun, ce tronçon avec voie dédiée aux voitures partagées et aux bus a pour objectif de réduire les temps de trajet sur cet axe.
À vélo : vers un réseau de pistes cyclables mieux identifié

Et à deux roues ? Non pas celles des motos – pour lesquelles peu de statistiques existent, mais qui sont toujours bien présentes sur les routes et suivent aussi la voie de l’électrique – mais celles des vélos. MMTP : « L’approche retenue consiste, d’une part, à développer de façon systématique le réseau cyclable en concordance avec chaque nouveau projet routier et, d’autre part, à compléter de façon progressive le réseau cyclable national existant. »
Entre Esch-sur-Alzette et Belval (illustration principale du dossier) et entre Howald et la Cloche d’Or, les cyclistes peuvent fréquenter les premières pistes cyclables à revêtement rouge du pays, pensées pour davantage de visibilité et sécurité. « Cette mesure sera désormais d’application pour toutes les nouvelles pistes cyclables dès que les conditions pré-requises de démarcation par rapport aux autres corridors de transport seront remplies. »
Lors d’une conférence de presse en juin 2025, la ministre Yuriko Backes a également annoncé 24 projets de construction d’infrastructures cyclables, dont dix qui devraient être opérationnelles pour juin 2026, et quatorze dont les travaux débuteront avant cette même date.
Notons aussi que selon le recensement réalisé par le Statec en 2021, le vélo n’était choisi que par 3 % des actifs pour se rendre sur le lieu de travail. Plus du triple – 9,7 % – s’y rendaient principalement à pied.
Perspectives
Tous les chiffres sont donc en hausse, y compris ceux concernant le nombre de personnes devant se déplacer sur le territoire luxembourgeois. Les résultats de l’enquête Luxmobil 2025 permettront de tirer davantage de conclusions sur l’évolution de la répartition modale et d’élaborer le prochain Plan national de mobilité.
Le ministère de la Mobilité et des Travaux publics reste confiant : « Le nombre toujours croissant de la clientèle dans les transports en commun (CFL, Luxtram, RGTR) tout comme les compteurs sur les pistes cyclables et l’utilisation de la bande de covoiturage sur l’A3 confirment la tendance d’un recours plus systématique aux transports en commun également dans une approche d’usage multimodal. »
Marie-Astrid Heyde, avec Léna Fernandes
Photos : MMTP (photo principale : Inauguration de la liaison cyclable (PC8) entre Esch-sur-Alzette et Belval : Première piste cyclable avec revêtement rouge sur le réseau cyclable national)
Extrait du dossier du mois « En route ! »