Magrid s'invite dans les écoles népalaises

Magrid s’invite dans les écoles népalaises

Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal (AEIN) et Magrid, la spin-off de l’Université du Luxembourg, emmènent la plateforme d’apprentissage des mathématiques au Népal pour faciliter l’éducation d’enfants en décrochage scolaire ou ayant un accès limité à l’enseignement.

La rencontre

Les chemins de Françoise Binsfeld (AEIN) et Tahereh Pazouki (Magrid) se sont croisés en octobre 2022,lorsqu’une délégation népalaise s’est rendue au Luxembourg dans le cadre d’un échange culturel. Une visite du Luxembourg Incubator and Entrepreneurship Programme de l’Uni avait eu lieu et avait donné à la fondatrice de Magrid l’occasion de présenter son projet, déjà reconnu internationalement.

Françoise Binsfeld : « J’étais tellement impressionnée par son travail, de même que mon partenaire local au Népal qui était donc présent ce jour-là, que nous avons gardé contact et envisagé d’exporter Magrid au Népal et d’inclure l’app dans l’approche qualité de l’éducation de nos projets ». Et Tahereh Pazouki de renchérir : « C’était pour moi une très bonne manière de rendre Magrid accessible à ceux qui en ont le plus besoin. Je voulais donc m’assurer que ce projet allait voir le jour, qu’on allait rendre cela possible ».

L’implantation du projet

Françoise Binsfeld : « Pour cette phase de test qui se déroulera jusqu’à la fin de l’année, nous avons sélectionné cinq écoles et un learning center pour un total de 530 enfants, à la fois de coins très reculés du Népal que de lieux périurbains. Les enfants du learning center ne sont même jamais allés à l’école en raison d’obstacles administratifs ; ils n’ont pas de certificat de naissance et n’ont dès lors pas accès à l’éducation, raison pour laquelle nous avons implanté ce centre d’apprentissage. » Certains endroits ne disposent pas encore d’internet ou d’électricité, ce qui intensifie quelque peu le challenge.

Ce projet sortant de l’accord-cadre signé avec le ministère des Affaires étrangères et européennes, finançant majoritairement les activités de l’ONG, il tourne sur fonds propres uniquement : « Nous cherchons bien entendu des partenaires pour nous aider. Nous avons par exemple tout récemment reçu 10 tablettes des CFL que j’emmène déjà ce mois-ci au Népal et qui viendront compléter le matériel que nous fournissons pour un budget de 20.000 euros. »

Les premières écoles utiliseront Magrid dès la mi-avril. Ces tablettes ouvrant évidemment un tout nouveau champ des possibles, une librairie en open-source y sera également téléchargée pour proposer des livres en anglais et en népali, et pourquoi pas, par la suite, d’autres applications ludiques.

La start-up a pris la décision de ne facturer que les coûts inévitables quand elle travaille avec des ONG ou des associations (un projet similaire a déjà été réalisé avec Hello World), laissant de côté toute part de profit. Tahereh Pazouki : « Nous comprenons tout à fait les contraintes liées au financement. Notre but principal est d’atteindre l’égalité en matière d’éducation et il est donc naturel que nous soutenions ce type de projets ». La plateforme est d’ailleurs conçue pour que, une fois téléchargée, on puisse y accéder sans connexion internet. « Nous configurons les tablettes ici avant le départ. Idéalement, il faudrait accéder à internet une fois par mois pour obtenir un feedback sur l’apprentissage réel, mais ce n’est pas obligatoire. »

Le public cible de Magrid étant les enfants de 3 à 9 ans, son usage est très intuitif, ne nécessite aucune connaissance linguistique et est limité à une quinzaine de minutes par jour (durée hebdomadaire conseillée : 1h). Une formation préalable est toutefois disponible pour les encadrants, ainsi qu’un suivi toutes les 4 à 5 semaines pour répondre aux éventuelles questions et recueillir le feedback des utilisateurs dans une optique d’amélioration continue.

La suite

Tahereh Pazouki : « J’espère que ce n’est que le début. Nous devons bien entendu nous assurer que tout se passe bien mais je pense que nous sommes embarqués dans une relation à longue durée ! »

Françoise Binsfeld ne peut qu’abonder en ce sens : « Nous comptons bien poursuivre l’expansion du projet. Nous sommes en cours de négociation d’un nouvel accord-cadre avec la Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire (MAEE) avec le souhait d’apporter Magrid à tous nos partenaires et toutes les écoles avec lesquelles nous travaillons  ».

L’accès universel à l’éducation ne pourra toutefois se faire sans le soutien du secteur privé. Les entreprises ou individus souhaitant soutenir ce projet précis peuvent prendre contact avec l’équipe d’AEIN.

Les ONG et associations intéressées par un accès à moindre coût à la plateforme Magrid peuvent également contacter la start-up. Et pour tous les autres, d’ici et d’ailleurs, rappelons que l’app est déjà intégrée dans les programmes scolaires du Luxembourg et qu’elle est à présent disponible pour les utilisateurs privés, dans l’App Store, sur Google Play et dans le Microsoft Store.

Marie-Astrid Heyde
Photos : AEIN, Magrid

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Publié le jeudi 6 avril 2023
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