Les forêts commencent à aller mieux, mais...

Les forêts commencent à aller mieux, mais...

Selon l’inventaire phytosanitaire 2021 des forêts du Luxembourg, la forte dégradation de l’état de santé constaté en 2019 commence à se résorber. L’importance d’une gestion durable saute aux yeux.

L’état de santé des forêts est relevé depuis 1984 par l’Administration de la nature et des forêts (ANF). Ces relevés réguliers permettent de détecter des changements et d’évaluer les risques. L’observation annuelle des houppiers est effectuée à la même période chaque année (20 juillet au 15 août). Les informations obtenues constituent une base importante pour les décisions de gestion forestière ou environnementale.

En 2021, 5 experts forestiers ont analysé 1200 arbres sur 50 placettes, répartis sur l’ensemble de la forêt du Grand-Duché. « Chaque arbre fait l’objet d’une estimation du déficit foliaire dans le houppier fonctionnel, c’est- à-dire du manque de feuilles par rapport à l’état normal du houppier de l’arbre en bonne santé. Le déficit foliaire intègre à la fois la vitalité générale de l’arbre et les disparitions accidentelles de feuillage comme les défoliations ponctuelles par des chenilles par exemple », explique l’ANF dans un communiqué cosigné avec le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable.

Ainsi, l’observation permet de déterminer l’état de feuillage – une feuillaison complète correspond à une valeur de perte de 0%, celle d’un arbre mort à 100 % - d’observer la coloration des feuilles et aiguilles de la cime des arbres, de repérer la présence de parasites (insectes, champignons) et de définir sur base de ces analyses les classes de dégâts.

Les conclusions de l’inventaire phytosanitaire 2021 ? « L’importante dégradation de l’état de santé des forêts, qui a commencé en 2019 et s’est poursuivie en 2020, commence à se résorber en 2021. Les dommages reconnus ont légèrement diminué en 2020-2021 par rapport à la période précédente ».

Les dommages survenus sont notamment les conséquences des étés 2018-2020, qui ont été marqués par des périodes de chaleur et de sécheresse ainsi que par des hivers peu pluvieux et peu enneigés. La tendance à l’amélioration pourrait encore s’accentuer pour l’observation prévue en 2022 suite à un été 2021 très pluvieux.

L’état du hêtre est particulièrement préoccupant

Toutes essences confondues, on constate que durant l’été 2021 :

  • 16,08 % des arbres ne présentent pas de dommages (classe de dégâts : 0),
  • 32,70 % des arbres sont légèrement endommagés (classe de dégâts : 1),
  • 51,30 % des arbres sont nettement et/ou fortement endommagés (généralement dépérissant) ou des arbres morts (classe de dégâts : 2,3 et 4).

Mais, comme les années précédentes, il y a eu une variation des dégâts en fonction des essences.

En 2021, l’état de santé des hêtres est particulièrement préoccupant et continue de se dégrader. La proportion de hêtres sans dégâts n’est plus que de 1,4%. Et, alors que la proportion de hêtres gravement endommagés est stable, celle des arbres légèrement endommagés augmente.

L’analyse relève que la catégorie des arbres « dépérissant ou morts » augmente de 60% par rapport à 2020 (+12% et 19% sur le total des hêtres observés).

« La réaction différée des hêtres aux perturbations climatiques des années 2018-2020 n’est donc pas encore terminée »

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Du mieux pour les chênes, taillis et feuillus

L’ANF note encore que « la proportion de chênes et autres feuillus sans dommage (classe 0) s’est améliorée par rapport à la période précédente. De même, les chênes et les feuillus nettement endommagés (classes 2-4) se sont un peu rétablis et leur proportion a légèrement diminué. La proportion d’arbres dépérissant et morts (classe 3 et 4) n’a cependant pas encore diminué ».

Et pour les résineux ? La forte dégradation de l’état de santé observée entre 2018 et 2019 s’est stabilisée. Le nombre d’arbres sans dommages s’est même amélioré. La proportion des arbres dépérissant et morts a diminué mais, bémol observé par les agents forestiers, « cela résulte probablement d’une récolte plus rapide de ces arbres ».

Aider à améliorer

Comme le montrent les derniers chiffres de cet inventaire forestier, qui invitent cependant à l’espoir et, surtout, à l’amélioration continue, l’état sanitaire de nos forêts s’est détérioré au cours des dernières années, essentiellement à cause de températures estivales extrêmes et de périodes de sécheresse de plus en plus longues sont les principales causes.

« Une gestion forestière proche de la nature n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui »

Le gouvernement entend soutenir les propriétaires forestiers, afin de leur permettre de gérer leurs bois de façon durable tout en améliorant son capital économique et écologique par les investissements adéquats et des mesures de gestion en faveur des services écosystémiques, y compris la production de bois en tant que matière première durable.

Le système d’aides se compose de deux éléments. Le nouveau programme « Klimabonus » pour la forêt valorise par une prime de base la fourniture de services écosystémiques dans les écosystèmes forestiers constituant des biotopes qui présentent une résilience élevée au changement climatique grâce à la mise en œuvre d’une sylviculture proche de la nature.

Par ailleurs, un nouveau règlement grand-ducal incite les propriétaires forestiers à continuer à améliorer et à renforcer tous les écosystèmes forestiers pour les rendre plus résilients face au changement climatique et à inciter les activités de planification et à assurer le transfert de connaissances en matière sylvicole et biologique.

Des informations supplémentaires sur ces aides et les modalités sont à trouver ici

La rédaction d’Infogreen vous invite aussi à retrouver plus d’informations sur l’arbre dans son #dossier du mois « Arborescence ».

Alain Ducat

Photos : ANF ©Jan Herr/©HFN C.Felten

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Publié le mardi 15 mars 2022
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