Les 1ers panneaux photovoltaïques luxembourgeois bientôt prêts à sortir d'usine

Les 1ers panneaux photovoltaïques luxembourgeois bientôt prêts à sortir d’usine

Le hall de production de Solarcells Luxembourg est entièrement équipé. Actuellement en mode test, l’équipe fabriquera les premiers panneaux photovoltaïques en décembre. Il faudra 20 minutes pour produire chaque unité.

Made in Luxembourg

La création de la société Solarcells avait été annoncée en janvier par le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire et le ministère de l’Économie. Il s’agit d’une joint-venture entre le groupe luxembourgeois Socom – actif dans le génie technique du bâtiment - et le producteur belge de panneaux photovoltaïques Evocells. Les premiers panneaux PV produits par une usine luxembourgeoise devaient sortir d’usine d’ici à la fin de l’année. Le pari est sur le point d’être accompli.

L’ancien hall du fabricant de cigarettes Heintz van Landewyck, à Hollerich, a donc trouvé une toute nouvelle fonction pour les 10 prochaines années environ, échéance à laquelle le chantier du Nei Hollerich – projet de renouveau du quartier – devrait s’enclencher. Cela laisse pleinement le temps à Solarcells de démarrer et de stabiliser sa production de panneaux photovoltaïques et de se trouver un lieu de production définitif.

« Peu y croyaient, mais nous avons réussi ce challenge de s’installer en quelques mois seulement », explique Marc Thein, président du conseil d’administration avant de rappeler l’aide précieuse sur laquelle Solarcells a pu compter dans les différentes démarches, que ce soit de la part du propriétaire du site ou des ministères impliqués.

Au micro : Marc Thein, président du conseil d'administration de Solarcells
Au micro : Marc Thein, président du conseil d’administration de Solarcells - ©Marie Champlon

« Les premières machines sont arrivées par train et bateau en septembre. En tout, 19 containers sont venus de Chine, soit 125 tonnes de matériel », poursuit le président. Cela représente également trois bennes de bois et une benne de ferraille à recycler. L’import de l’équipement ne représente sans doute pas la phase la plus écologique dans l’implantation de cette usine ayant vocation à soutenir le déploiement de l’électricité renouvelable au Grand-Duché.

Si le matériel vient de Chine, les composants des panneaux viennent quant à eux de fournisseurs européens. À l’exception des cellules de silicium, elles aussi originaires de Chine. Michel Thein directeur de Solarcells Luxembourg S.A. : « C’est pour l’instant en Chine que se trouve le savoir-faire pour ces cellules, mais des lieux de production européens devraient bientôt voir le jour ». Ces cellules ne constituent finalement qu’une très petite partie d’un panneau complet, « cela représente 2 ou 3 palettes pour 3 mois de production environ ».

Priorité aux particuliers et à la qualité

Deux gammes de panneaux photovoltaïques sont donc sur le point d’être fabriqués à quelques centaines de mètres de la Gare centrale : la gamme Performance qui promet un seuil minimal de 420 Wc (Watt-crête, soit la puissance maximale d’un panneau), et la gamme Design, techniquement identique mais dont le rendu final, entièrement noir et homogène, vise à convaincre les résidents luxembourgeois actuellement freinés par l’aspect esthétique des installations photovoltaïques. C’est cette gamme qui sera produite en priorité.

Entièrement noir, le panneau Design de Solarcells compte prochainement couvrir les toitures des maisons luxembourgeoises
Entièrement noir, le panneau Design de Solarcells compte prochainement couvrir les toitures des maisons luxembourgeoises - ©Marie Champlon

Tous les panneaux seront installés au Luxembourg ; l’exportation n’est pas prévue dans le concept de Solarcells. Marc Thein : « Nous vendons un produit haut de gamme, nous ne voulons pas qu’il soit installé par n’importe qui. Nous avons choisi deux distributeurs bien connus au Luxembourg : General Technic – spécialisé dans les livraisons pour installateurs sanitaires chauffagistes, ce qu’on regroupe dans HVAC -, et Marco Zenner, tout aussi spécialisé que GT mais au niveau des électriciens cette fois ».

Les installateurs seront formés et labellisés « partenaires Solarcells » afin de garantir un travail de qualité.

Presque tous les premiers panneaux prévus pour fin d’année sont vendus. Au niveau des livraisons, le producteur luxembourgeois s’est adjoint l’expertise de No-Nail Boxes pour développer un contenant sur mesure en bois. « Après livraison des panneaux, le box peut être plié et revient à l’usine », précise Marc Thein. Pour une utilisation circulaire.

En 2024, Solarcells compte produire 40.000 panneaux, pour ensuite passer à 100.000 unités dans une seconde phase et finalement 200.000. Y a-t-il un risque de saturation du marché luxembourgeois ? Le directeur est confiant : « Non, car en plus de la forte demande actuelle pour de nouvelles installations, les panneaux installés il y a 5 ou 10 ans, qui étaient moins qualitatifs et efficaces, vont progressivement devoir être remplacés ».

Un rendement à 90% est garanti par le producteur durant 10 ans, et durant 25 ans pour un rendement à 80%.

Quant au coût, la différence de prix avec des panneaux d’origine chinoise est évidente, et encore plus flagrante qu’en début d’année. Alors qu’un produit made in China coûtait 160-170 euros en janvier, le prix max est actuellement de 100 euros. Cela s’explique notamment par les subventions appliquées par le gouvernement chinois et les fluctuations du prix de l’électricité. Solarcells s’approchera du double, tout en restant dans la moyenne de prix européenne. Et avec des performances plus élevées et des contrôles de qualité bien plus rigoureux ; cinq points de test sont intégrés dans la ligne de production.


Quelle empreinte carbone pour ces panneaux fabriqués au Luxembourg ? La société est convaincue qu’elle est bien moindre que celle des panneaux importés d’Asie, mais les calculs sont complexes. L’impact carbone des panneaux Solarcells n’a pas encore été chiffré.

À gauche, les cellules importées de Chine. Au centre, du cuivre en tant que conducteur d'électricité entre les cellules. À droite, Marc Thein, directeur, lors de la visite de l'usine de Hollerich.
À gauche, les cellules importées de Chine. Au centre, du cuivre en tant que conducteur d’électricité entre les cellules. À droite, Marc Thein, directeur, lors de la visite de l’usine de Hollerich. - ©Marie Champlon

L’usine est donc prête à tourner avec une équipe de 8 personnes dans un premier temps. La ligne de production étant grandement automatisée, le personnel est principalement concerné par le contrôle qualité. Les effectifs seront doublés lorsque la production aura atteint son niveau maximal.

Et demain, des réseaux intelligents

Partenaire de Solarcells pour la distribution des panneaux photovoltaïques, la société General Technic prend la pleine mesure de cette opportunité locale. Lionel Scaloni, directeur commercial : « Les installateurs spécialisés dans le photovoltaïque sont prêts à foncer sur le panneau luxembourgeois qui représente une vraie plus-value au niveau du client final. D’autres, qui n’avaient pas prévu de faire du PV, doivent s’y mettre, car il est clair que quand on installe des pompes, il est très intéressant de pouvoir en plus produire sa propre électricité pour les faire tourner. De même, celui qui a installé des panneaux PV voudra installer une pompe. C’est le système vers lequel on va. »


« Aujourd’hui, on sait que l’électricité est le seul moyen de décarboner notre énergie de manière générale. Pour General Technic, cela avait du sens d’être un partenaire de Solarcells, parce que c’est cohérent. On essaie d’être dans une logique d’économie circulaire au niveau de nos outils, ou des anciennes pompes de nos clients que nous récupérons. Le panneau est dans cette logique de garantie, de service, de continuité, de production locale, de fabrication locale. »

Lionel Scaloni, directeur commercial de General Technic Luxembourg

Et de poursuivre : « Cette connexion, elle est évidente depuis une dizaine d’années et elle prendra encore plus concrètement forme au sein de smart grids. » Demain, les électro-ménagers pourront tourner en fonction de l’énergie disponible au sein de réseaux intelligents. « La voiture sera connectée avec des chargeurs qui fonctionneront dans les deux sens, en réinjectant l’énergie de la batterie en soirée, quand on en a le plus besoin chez soi, et en rechargeant la batterie de l’auto durant la nuit quand le réseau électrique est moins sollicité. Ces réseaux intelligents, à l’échelle d’un continent, de l’Europe, ils vont être déterminants. Les produits sont prêts, les réseaux sont prêts. Je pense que leur arrivée est une histoire de quelques mois ou années. »

Marie-Astrid Heyde
Photos : Marie Champlon / infogreen.lu

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Publié le mercredi 8 novembre 2023
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