« Le dialogue avec le gouvernement est important pour soutenir l'agriculture »

« Le dialogue avec le gouvernement est important pour soutenir l’agriculture »

Si la colère des agriculteurs gronde en Belgique et en France, au Luxembourg, c’est beaucoup plus calme. Des filières solides et un pouvoir de négociation fort auprès des grandes surfaces sont des éléments positifs pour le secteur.

Alors que de nombreux axes routiers français et belges sont envahis d’agriculteurs mécontents, leurs voisins luxembourgeois sont calmes mais ne perdent pas de vue le mouvement. « Nous sommes évidemment solidaires avec nos collègues français et belges qui en ont marre des décisions politiques qui les freinent pour exercer librement leur métier », explique Christian Wester, président de la Centrale paysanne luxembourgeoise. « Sans oublier les nombreuses contraintes administratives qui sont de plus en plus lourdes. Au bout du compte, un ras-le-bol s’est accumulé et il explose aujourd’hui. »

Christian Wester aux côté de Martine Hansen, Ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Viticulture
Christian Wester aux côté de Martine Hansen, Ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Viticulture - ©MA

Certains manifestants se sont étonnés de l’absence des agriculteurs luxembourgeois dans les manifestations. La raison est assez simple : « Il existe d’une part des moyens financiers qui sont payés sans co-financement par l’Union européenne et d’autre part, il y a des programmes qui sont cofinancés par l’État membre. C’est sur ce point-là, qu’au Luxembourg, nous sommes favorisés par rapport aux pays voisins. Nous profitons de mesures qui sont rémunérées plus généreusement. »

Le gouvernement joue également un rôle important. « La nouvelle coalition a promis de dialoguer davantage avec les agriculteurs. Une table ronde est d’ailleurs programmée prochainement afin d’aborder certains problèmes et trouver des solutions concrètes. Ce dialogue est évidemment important et nous évite de mettre la pression. Mais je comprends les agriculteurs français par exemple, dont le gouvernement a annulé des aides favorables sur le carburant et qui a voulu mettre en place des réglementations environnementales très contraignantes. D’où leur mécontentement qui est compréhensible. »

L’écart entre le prix proposé aux agriculteurs et celui affiché en grandes surfaces fait également grincer les dents. Notamment en Belgique. « L’écart existe aussi au Luxembourg. Mais il est moins important que chez nos voisins. On a de bonnes filières qui réunissent les agriculteurs du pays. Même si on ne retrouve pas encore une parfaite équitée, grâce aux labels forts et un travail solidaire, on arrive à rémunérer correctement les exploitants. En tout cas, beaucoup mieux que chez nos voisins. »

Et Christian Wester de préciser une logique de l’offre et de la demande que le consommateur ne constate pas forcément. « C’est toujours la même chose. Les prix du marché augmentent et donc, dans les magasins, tout devient plus cher. Quand les prix du marché chutent, bizarrement, il n’y a pas de répercussion dans les magasins. C’est ça qui échauffe toujours les agriculteurs. Je prends l’exemple du pain. À une certaine période, le prix du blé a augmenté et donc, celui des pains également. Aujourd’hui, nous sommes revenus à un prix identique à celui avant le début du conflit en Ukraine. Par contre, les pains ont conservé leurs prix. Il faut donc en conclure qu’il y a certains intermédiaires qui en profitent largement au détriment des agriculteurs. D’où cette colère. Au Luxembourg, grâce à notre alliance solide, c’est mieux réparti car nous pouvons négocier avec les grands magasins. La frustration est donc moins présente. »

Sébastien Yernaux
Photo de tête : © Croquant / Wikimedia Commons

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Publié le mercredi 31 janvier 2024
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