« La transition se fera ensemble ou ne sera pas »

« La transition se fera ensemble ou ne sera pas »

Rencontre avec Pieyre-Alexandre Anglade, député sortant (majorité présidentielle) représentant les Français du Benelux. Au cœur des législatives françaises, le débat sur la durabilité est central.

Les élections législatives françaises ont lieu les 12 et 19 juin 2022. Il s’agit d’élire 577 députés, dont celles et ceux qui représenteront dans l’hémicycle parisien les Français de l’étranger. Pour la première fois, ces électeurs français résidant à l’étranger auront la possibilité de voter par internet, avec des dates de vote différentes. Cela a commencé pendant le week-end écoulé et fonctionne jusqu’au 1er juin, pour le premier tour, et ensuite ce sera du 10 au 15 juin 2022 pour le second tour.

On s’est intéressé à la 4e circonscription, qui englobe le Benelux. Une circonscription relativement petite en surface à l’échelle de la métropole ou des territoires d’Outre-Mer, mais dense et importante en population, sur trois pays, dont le Luxembourg bien évidemment.

Rencontre avec le jeune député sortant, Pieyre-Alexandre Anglade (35 ans), qui brigue un deuxième mandat, sous la bannière de l’alliance autour de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron.

M. Anglade, quel est le rôle du député des Français à l’étranger et, en ce qui vous concerne, de cette représentation des Français au Luxembourg, mais aussi en Belgique et aux Pays-Bas ?

« Nous sommes des députés à part entière et nous avons à l’Assemblée nationale ce rôle législatif, de contrôle de l’action du gouvernement et de relais direct des préoccupations et des réalités des Françaises et Français, en l’occurrence qui ont choisi de vivre expatriés, tout en restant connectés à la République, à ses valeurs, aux services qu’elle rend, je pense notamment au réseau d’enseignement français à l’étranger (NDLR : le Vauban à Luxembourg en fait partie) et à l’impact que le pays peut avoir sur le quotidien des Français.

J’y vois une valeur ajoutée à notre mission : être le porte-voix de nos compatriotes dans le débat international et surtout dans le débat public européen. C’est d’autant plus crucial pour moi, qui suis un Européen convaincu et qui représente une circonscription englobant les 3 acteurs historiques de la construction européenne, le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas, auprès d’une nation qui a permis que cette construction prenne vie et se développe dans l’Union. Concrètement, on compte quelque 150.000 Français inscrits sur les listes électorales pour cette 4e circonscription BeNeLux, pour 350 à 400.000 Français qui y vivent.

Dans vos thèmes de campagne, cette idée européenne est centrale.

« Je suis engagé au côté du président Macron sur ce projet européen et sur son renforcement. Il semble évident que tous les grands défis, en particulier liés au développement durable, l’environnement, la lutte climatique, les énergies, le progrès social, l’économie…, tout cela, il faut le faire en Européens. Il y a des enjeux énormes et de grands programmes, à mener en collaboration. Le repli n’a pas de sens, la forme de désobéissance que certains prônent non plus, cela ne ferait qu’affaiblir un pays qui, de facto, s’isolerait. On ne transforme rien si on n’est pas au cœur de l’action, dans l’intérêt général. Il faut au contraire renforcer cette coopération dans les grands desseins commun. Avec le plan de relance européen notamment. On a vu que l’union a fait la force au cœur de la pandémie et que les actions européennes, combinées aux plans nationaux bien conduits, ont permis de limiter les dégâts de la crise sanitaire, de maintenir des pans entiers de l’économe à flots...

Clairement, si on veut relever le challenge climatique et atteindre la neutralité carbone, il faut jouer collectif. La transition, on la fera à 27 ! On réussira ensemble ou cette transition ne sera pas, cela me semble évident.

Sur ces questions de lutte climatique, de transition énergétique, de préservation de l’environnement, quel est le bilan à tirer ?

« Le mandat qui se termine peut être lié au quinquennat d’action mené par Emmanuel Macron, dans des conditions difficiles pourtant. Le président s’est dressé face à Trump, quand les Américains ont renoncé à l’Accord de Paris. Ce “Make Our Planet Great Again” a maintenu l’espoir d’atteindre ces objectifs des accords de Paris, auxquels les Américains adhèrent à nouveau depuis Joe Biden. Globalement, on peut y voir un élan politique. Le leadership français a appuyé l’élaboration du Green Deal européen, pour espérer réduire de moitié les émissions de CO2 d’ici 2030. Idem dans le plan de relance européen, qui est un instrument puissant à plusieurs égards, et notamment pour faire avancer la transition énergétique, qui représente 1/3 du budget. Il y a près de 40 milliards d’euros dans le plan français pour la transition énergétique, fondamentale.

Le premier quinquennat du président Macron a été plus loin que ce qui avait abouti ou pas avec les écologistes au gouvernement sous le président Hollande. Des grands projets de cette époque ont été stoppés, comme Notre-Dame des Landes. Il ne faut pas oublier non plus que la vague des gilets jaunes est partie d’une taxe sur les carburants. On a bien compris que l’écologie du quotidien, c’est primordial. Il faut aider les citoyens à s’approprier la transition et la mener avec eux. Et cela a été mis en place. Je peux citer en vrac les primes à la rénovation - pour quelque 650.000 bâtiments en 2021 -, la transformation progressive du parc automobile, un grand plan vélo – nous avons du retard à rattraper en France, surtout comparé à des pays comme les Pays-Bas ou le Luxembourg notamment -, la fin progressive des plastiques, le bien-être animal, le bio dans les cantines… »

L’idée est donc d’aller plus loin à présent ?

« C’est très clair dans les ambitions du plan « France 2030 » d’Emmanuel Macron. Le président s’est engagé pour une grande nation écologique. On est d’abord dans la continuité de l’action, pour agir sur la facture énergétique, dont on voit bien aujourd’hui qu’elle reste un élément-clé. On doit combattre la dépendance énergétique, plaider pour la sobriété… On va continuer à favoriser la conversion, à faire évoluer le mix énergétique, à agir sur des leviers de la vie quotidienne, comme la mobilité, le logement, l’alimentation…

La première priorité du gouvernement d’Elisabeth Borne, selon le vœu du président, c’est de mener cette transition. La Première Ministre est directement en charge de la politique de transition, qui est transversale. Dans ce gouvernement, deux ministres sont directement affectées à la transition énergétique, à la transition écologique et à la cohésion des territoires, pour une planification efficace. L’ambition est de permettre à la France d’être le premier pays européen à sortir des énergies fossiles.
Les grands projets d’infrastructures sont sur la table voire en chantier, et les investissements, colossaux, sont programmés. Pour le solaire, les champs éoliens en mer, l’éolien terrestre, la production d’hydrogène vert, tout contribue à pousser le curseur des énergies renouvelables. On peut y ajouter de gros plans d’investissement dans le traitement des déchets, dans l’innovation, dans la formation et l’éducation, dans la recherche, ou encore dans le nucléaire de nouvelle génération ».

Le nucléaire, un sujet qui fâche au Luxembourg, à la fois dépendant de l’interconnexion avec les voisins et « coincé » entre Cattenom et Tihange ?

« Il faut avoir ce débat. Ce sont des choix à poser. Le nucléaire fait partie du mix sur la voie de la décarbonation, de la transition énergétique et de la fin du fossile. Préfère-t-on dépendre de centrales au charbon ou au gaz ? La coopération est, ici encore, un élément-clé. Il faut travailler ensemble, faire des projets communs, interconnecter davantage les productions européennes propres et sûres…

Tout le monde peut contribuer à l’ambition européenne et le Luxembourg est un exemple en bien des matières, notamment l’investissement et la promotion pour les transports publics. Député des Français du BeNeLux, je relaie régulièrement des idées venues du Luxembourg, ou des questions transfrontalières, des préoccupations partagées sur lesquelles j’échange aussi avec mes collègues élus de Lorraine. La coopération bilatérale et multilatérale, c’est une clé. Et cela montre que chaque échelle de collaboration est intéressante, que l’on peut faire avancer les choses de partout. Les échanges de bonne pratique et le sens de l’investissement juste sont des jalons à promouvoir.

C’est aussi pour cela que je plaide en faveur d’un grand plan d’investissement ciblé, à l’échelle européenne, pour aller au-delà de la relance, et aller de l’avant. Mais on ne le soulignera jamais assez : cette transition, on ne peut la réussir qu’ensemble ».

Propos recueillis par Alain Ducat

Photos et illustrations : Ensemble / Ambassade de France / TV5 Monde / Assemblée nationale

Notes de la rédaction :

Pour consulter les programmes et les circulaires de tous les candidats à la 4e circonscription (Français de l’étranger – BeNeLux), toutes les infos ici

Toutes les informations utiles pour voter aux législatives 2022 sont ici

Pour le Luxembourg, l’ambassade de France est située à l’angle de la rue Notre-Dame et de la rue Chimay, en Ville. Le bâtiment administratif est situé à l’angle du boulevard Joseph II et de l’avenue Monterey.

Une carte interactive permet de mieux percevoir le vote des Français de l’étranger

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Publié le lundi 30 mai 2022
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