La motivation comme clé de l'intégration

La motivation comme clé de l’intégration

Michel Reckinger dirige depuis 2001 l’entreprise de chauffage, sanitaire et climatisation Reckinger Alfred. Celle-ci compte plus de 200 salariés, dont des bénéficiaires de protection internationale, plus couramment appelés « réfugiés politiques ».

Le choix de soutenir ces personnes en leur offrant un emploi, et donc une possibilité d’insertion, Michel Reckinger l’a fait en voyant à la télévision « la misère subie par ces gens qui ont dû quitter leur patrie, là où ils vivaient, puis durant leur périple pour arriver jusqu’au Luxembourg ». Interpellé par ces images, il s’est dit qu’il fallait qu’il leur apporte son aide et que, quitte à aider, autant le faire directement « devant sa porte ».

Les premières personnes qu’il a soutenues étaient des demandeurs de protection internationale mineurs qu’il a rencontrés par le biais de Marianne Donven (qui sera plus tard un des fers de lance de la plateforme citoyenne OH ! Open Home – Oppent Haus promouvant l’accueil de réfugiés dans des familles résidentes). Ces jeunes ont travaillé dans la société sous contrat étudiant lors de chaque période de vacances scolaires et ce, pendant plus de deux ans. Ils ont ainsi pu apprendre le métier tout en gagnant un peu d’argent… et être embauchés en CDI une fois qu’ils ont obtenu le statut de bénéficiaire de protection internationale.

Depuis cette première expérience il y a près de quatre ans, le chef d’entreprise a soutenu une vingtaine de personnes se trouvant dans une situation similaire. Il dresse un bilan objectif, mais plutôt positif, de cette initiative : « Il y a eu des succès, et aussi des échecs. Certains sont restés, d’autres sont partis soit parce qu’ils ont trouvé un nouveau job, soit parce que nous avons jugé qu’ils n’avaient pas les compétences nécessaires. Il faut savoir que, même s’ils ont déjà travaillé dans le secteur dans leur pays d’origine, ils n’ont aucune notion des métiers tels qu’ils sont exercés ici. Ce que fait un installateur en Irak ou en Syrie est clairement différent de ce que fait un installateur au Luxembourg. Mais, en règle générale, ils font preuve d’une motivation et d’une volonté d’intégration sans faille, parce qu’ils ont pris la décision de ne plus retourner dans leur pays et de recommencer leur vie ici ».

Michel Reckinger - qui est aussi président de la Fédération des Artisans - encourage les autres entrepreneurs à suivre son exemple, dans une optique pragmatique : « La pénurie de main-d’œuvre à laquelle nous faisons face aujourd’hui fait que nous devons prendre les ouvriers là où nous les trouvons. Nous ne trouvons plus ni personnel qualifié ni personnel non qualifié au Luxembourg et en Grande Région. Les bénéficiaires de protection internationale sont des gens qui veulent travailler et qui ont la volonté de réussir. Nous devons leur donner une chance de suivre des cursus de formation continue et je suis sûr que l’on trouvera de bons éléments qui n’auront aucun problème à s’intégrer sur le marché luxembourgeois ».

Mélanie Trélat
Photo : Fanny Krackenberger
Article tiré du dossier du mois Infogreen « Ready 4 diversity ? »

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Publié le vendredi 7 juin 2019
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