
La gestion minutieuse des véhicules usés au Luxembourg
Avec un parc automobile jeune et un fort recours au leasing, le Luxembourg génère peu de véhicules hors d’usage (VHU). Mais leur traitement est rigoureux, entre collecte, dépollution et recyclage. Andy Maxant, directeur d’Ecorauto, détaille circuits, innovations et nouvelles règles européennes.
« Le parc automobile luxembourgeois est l’un des plus récents d’Europe », rappelle le directeur d’Ecorauto, une initiative des ASBLs FEDAMO, MOBIZ et FEBIAC en association avec Ecobatterien pour la gestion des véhicules hors d’usage au Grand-duché du Luxembourg. Cela limite naturellement le nombre de véhicules hors d’usage, même si le vieillissement s’accélère depuis les crises financières.
Deux circuits de collecte dominent : l’envoi vers l’Allemagne via les Nouveaux Établissements Liébaert de Senningerberg, ou vers la Belgique via des centres agréés. Le leasing, prisé des professionnels et plus en plus de privés, amplifie cette tendance.
« Une fois sortis du leasing après 3 à 5 ans, les véhicules sont revendus d’occasion et repartent vers d’autres marchés, ce qui réduit le nombre de VHU à traiter localement. »
Andy Maxant, directeur d’Ecorauto
Traçabilité et recyclage : deux étapes clés
La gestion des VHU au Luxembourg est strictement encadrée. « La dépollution est la première étape : retrait des liquides, batteries, pneus, catalyseurs, puis récupération de certaines pièces encore utilisables », détaille le spécialiste. « Vient ensuite le broyage, où environ 70 % de métaux ferreux, 10 % de métaux non ferreux et 15 % de plastiques sont recyclés, ainsi que du verre. »
Depuis janvier 2024, une contribution environnementale de cinq euros hors TVA finance la gestion administrative par Ecorauto. « Les matières issues du recyclage automobile compensent largement les frais, car un VHU conserve une valeur positive. Les métaux, notamment, se revendent bien sur le marché européen », souligne-t-il.
Nouvelles règles, nouvelles matières
Les véhicules électriques posent de nouveaux défis en matière de recyclage. Batteries à haute tension, sécurité incendie, containers spécifiques… Le règlement européen sur les batteries, en vigueur depuis août 2025, encadre réparation, remanufacturing ou seconde vie des modules. « Au Luxembourg, l’initiative Circu Li-ion, basée à Foetz, redonne une utilité aux modules encore fonctionnels, parfois pour alimenter des systèmes solaires ou des installations professionnelles », illustre le directeur.
Un règlement européen sur les VHU, qui est en cours de discussion, imposera aussi un meilleur tri avant broyage, notamment des plastiques et du verre, afin d’augmenter les taux de recyclage.
En 2024, 1.170 véhicules hors d’usage ont été collectés au Luxembourg, dont 60 % sont partis en Allemagne et 40 % en Belgique, avec un taux de recyclage record de 95 %. Ces chiffres, en baisse par rapport aux années précédentes, reflètent aussi un phénomène mondial : l’export illégal de véhicules hors d’usage vers les pays en développement.
« L’objectif de la Commission européenne est clair : garder les matières premières secondaires, c’est-à-dire les matériaux issus du recyclage de déchets - industriels, urbains, de chantier - qui sont transformés pour remplacer partiellement ou totalement les matières premières vierges dans de nouveaux processus de production, sur le sol européen, sécuriser leur traçabilité et limiter les pertes liées à ces exportations », conclut Andy Maxant.
Sébastien Yernaux
Photos : Ecorauto
Extrait du dossier du mois « En route ! »