
La formation comme pilier de la transition du secteur de la mobilité
Mélanie Archen, attachée à la direction, et Christine Witte, gestionnaire de formation, ont participé à la création du pôle électromobilité au sein du Centre national de formation professionnelle continue. Une initiative essentielle dans la transition durable de la mobilité et nécessaire pour répondre aux besoins des acteurs du domaine.
Depuis quand le Centre national de formation professionnelle continue (CNFPC) propose-t-il des formations relatives à l’électromobilité ?

Mélanie Archen : Le CNFPC a lancé le pôle électromobilité en décembre 2024 pour suivre et anticiper l’évolution du secteur de l’automobile et plus largement de la mobilité. Des formations existaient dans les pays frontaliers, mais nous avons voulu apporter une réponse plus adaptée au contexte et au marché luxembourgeois.
Nous avons construit ces cursus pour qu’ils soient conformes aux recommandations de l’Association d’Assurance Accident (AAA) pour la préparation à l’habilitation électrique dans le secteur de l’électromobilité. Nous avons dû répondre à un certain nombre de critères pour que le CNFPC soit agréé, afin que les apprenants puissent obtenir un certificat à la fin de leur formation.
Quel est leur contenu et à qui s’adressent-elles ?
Christine Witte : Il y a trois formations concernant les véhicules électriques et hybrides, destinées à trois publics différents : les professionnels « qualifiés » ou « avertis » du secteur de l’automobile, ainsi que les personnes « ordinaires » qui ont un profil d’utilisateur.

La première s’adresse aux responsables d’atelier et/ou d’équipe dans la mécanique, ceux qui ont la responsabilité de sécuriser l’environnement de travail. C’est une formation de 16 heures sur deux jours. Il y a une partie théorique pour commencer, durant laquelle les apprenants étudient - entre autres - les effets du courant sur le corps humain, la mise en sécurité de la zone de travail ou encore les équipements de protection individuelle adéquats. Ils passent ensuite un test qui leur donne accès à une deuxième partie, pratique cette fois. Nous disposons d’une voiture électrique didactique qui permet d’appliquer les consignes de sécurité vues lors de la partie théorique.
La deuxième, pour les personnes « averties », vise les mécaniciens et carrossiers. Elle dure une journée, avec quatre heures de théorie et quatre heures de pratique. Les thématiques abordées sont les mêmes que pour les responsables qualifiés, à un niveau moins approfondi.
La dernière concerne les usagers ou responsables de flotte, c’est un module de quatre heures qui est plus axé sur la vulgarisation et la sensibilisation. On parle des bonnes pratiques à suivre en tant que conducteur d’un véhicule électrifié : la distance de freinage, le comportement à adopter en cas de panne ou d’accident ou simplement comment charger un tel véhicule.
En quoi vos formations répondent-elles aux besoins des professionnels de l’automobile et de la mobilité ?
MA : La transition écologique est une préoccupation pour l’ensemble du secteur. Pour initier ce changement, la formation est incontournable. Au-delà des garages automobiles qui sont directement impactés, on voit beaucoup d’entreprises convertir au moins une partie de leur flotte du thermique vers l’électrique : leurs collaborateurs doivent être accompagnés dans ce changement. Elles s’attendaient à ce que les institutions publiques répondent à ce besoin.
Il est important de préciser que nos formateurs sont des enseignants ayant suivi un enseignement pédagogique de deux ans, c’est aussi là notre plus-value. Ils sont capables de s’adapter à tous les publics et de varier les formats de cours. L’AAA exige aussi qu’ils aient une expérience minimale de deux ans dans l’automobile.
Votre rôle est donc aussi d’accompagner les professionnels dans les changements qui touchent leur secteur d’activité ?
MA : Via la campagne Skills Bridges du ministère de l’Éducation nationale, nous créons un programme de formation pour aider les mécaniciens à basculer de la maintenance de véhicules thermiques à celle de véhicules électriques à moteurs alternatifs. Ce n’est pas que technique, on parle aussi de la gestion de ce changement : les soft skills ne sont jamais négligées dans nos formations
« La formation professionnelle continue est le trait d’union entre les évolutions du marché de la mobilité et les acteurs du milieu, qu’ils soient privés, parapublics ou institutionnels. »
Mélanie Archen, CNFPC
Comment vous préparez-vous aux futures évolutions de la mobilité, et notamment au développement des véhicules à hydrogène ?
CW : Nous allons organiser une Journée de l’hydrogène « HySchool » dans les lycées. Les élèves d’aujourd’hui sont nos futurs artisans et ingénieurs, il faut les sensibiliser et les intéresser au sujet de l’hydrogène.
MA : Nos formateurs développent leur expertise sur ce type de véhicules via le projet Interreg Green SKHy, ce qui nous aidera à construire un futur programme de formation en matière d’hydrogène. C’est un gros projet, un challenge, mais nous sommes prêts à le relever.
Découvrez les formations du CNFPC en électromobilité :

Propos recueillis par Léna Fernandes
Portraits et photo de couverture : © Picto / Eve Millet
Extrait du dossier du mois « En route ! »