La finance durable « made in Luxembourg » à l'OCDE

La finance durable « made in Luxembourg » à l’OCDE

L’Organisation de coopération et de développement économiques adopte une nouvelle vision pour la prochaine décennie. Sous vice-présidence luxembourgeoise, une réunion ministérielle a balisé le terrain, à Paris. Objectif : bâtir un avenir vert et inclusif…

L’OCDE n’a pas toujours eu des mots doux pour le Luxembourg et ses avancées fiscales. Mais ça, c’était avant. Pour l’organisme dont le siège est à Paris, le petit pays à la finance inventive n’a plus ce statut de « paradis » qui lui collait à la peau.

En ce moment, les vues luxembourgeoises ont même plutôt la cote. Et elles ont trouvé une caisse de résonance lors de la récente réunion ministérielle, sous la vice-présidence du Grand-Duché de Luxembourg.

Le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, et le ministre de l’Économie, Franz Fayot, ont en effet participé à cette réunion parisienne de haut vol. Pour le 60e anniversaire de l’OCDE, la RCM (réunion au niveau du conseil des ministres de l’OCDE), présidée par les États-Unis avec la république de Corée et le Luxembourg comme vice-présidents, a réuni ses membres autour du thème « Bâtir un avenir vert et inclusif autour de valeurs partagées », qui a abouti à une nouvelle déclaration, une vision pour guider l’Organisation pour les 10 ans à venir.

La finance verte au service de la neutralité carbone

En amont, les ministres Asselborn, Gramegna et Fayot avaient participé à la réunion du bureau assumant la présidence de la RCM. 

En introduction à la session célébrant le 60e anniversaire, Pierre Gramegna a salué l’élargissement de l’OCDE. Et il a présidé une session spéciale dédiée à « La finance verte au service de la neutralité carbone ». Selon le communiqué officiel, « cette session a permis de définir davantage le rôle que l’OCDE pourra jouer afin de soutenir une approche coordonnée au niveau international facilitant notamment la convergence et l’interopérabilité des normes en matière de finance durable ».

Toujours dans ce cadre parisien, Jean Asselborn et Pierre Gramegna ont eu une entrevue avec John Kerry, l’envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat. « L’échange a permis de faire le point sur les efforts du Luxembourg et des États-Unis dans la lutte contre le changement climatique, notamment en ce qui concerne son financement et le rôle du secteur privé en vue de mobiliser les investissements nécessaires », précise le compte-rendu.

Devoir de vigilance et commerce équitable

Enfin, lors de la deuxième journée de la RCM, le ministre Asselborn a participé à un déjeuner de travail présidé par la représentante des États-Unis au Commerce extérieur, Katherine Tai, sur le sujet du « commerce pour tous ». Il y a notamment été question de la conduite responsable des entreprises dans le contexte des chaînes d’approvisionnement globales.

Dans son intervention, le ministre luxembourgeois a lancé un appel en faveur de « la transformation du système commercial international pour en faire un instrument au service de la lutte contre le changement climatique et de nous engager avec conviction sur les questions de droits de l’Homme et des droits sociaux. La question de la mise en place de législations contraignantes en matière de devoir de vigilance des entreprises est désormais posée et il faut trouver une réponse qui soit à la hauteur des attentes », a souligné le chef de la diplomatie luxembourgeoise. « Nous devons aussi utiliser les accords commerciaux préférentiels pour promouvoir l’adhésion aux instruments climatiques et sociaux internationaux et leur mise en œuvre effective. À cet égard, j’en appelle à une approche favorisant la mise en place de chaînes de valeur au service d’un travail décent, excluant notamment le recours au travail forcé et au travail des enfants. Notre compétitivité n’en sera pas affectée. »

Et puis, lors de la séance consacrée à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, Franz Fayot a lancé un appel auprès de l’OCDE afin d’analyser les coûts d’adaptation au changement climatique à l’horizon 2050. Pour lui, face à l’urgence climatique, une part importante de la solution réside dans le développement de nouvelles technologies vertes et dans la recherche et l’innovation publique. « Il est également important d’encourager les investissements du secteur privé tout en modifiant nos modes de production et de consommation, afin de les rendre plus durables et circulaires ».

Alain Ducat
Photos © SIP / Luc Deflorenne

(de g. à dr.) David Levingston, conseiller de l’envoyé spécial du président des États-Unis d’Amérique chargé du climat ; John Kerry, envoyé spécial du président des États-Unis d’Amérique chargé du climat ; Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et européennes ; Pierre Gramegna, ministre des Finances ; Martine Schommer, ambassadrice du Grand-Duché de Luxembourg à Paris

(de g. à dr.) n.c. ; Mathias Cormann, secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ; n.c. ; Carlo Fassbinder, directeur, Direction fiscalité, ministère des finances ; Franz Fayot, ministre de l’Économie ; Pierre Gramegna, ministre des Finances ; Martine Schommer, ambassadrice du Grand-Duché de Luxembourg à Paris

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Publié le mardi 12 octobre 2021
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