L'UE peine à trouver une politique énergétique

L’UE peine à trouver une politique énergétique

Les dirigeants européens ont affiché leur volonté d’unir leurs efforts pour réduire leur facture énergétique, mais leurs ambitions se heurtent à des intérêts nationaux contradictoires et aux pressions des industriels hostiles aux réglementations.

« Nous pouvons faire beaucoup de choses si nous agissons ensemble », a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lors de la conférence de presse finale du sommet européen.

L’UE vise un triple objectif : garantir des prix abordables pour les clients, réduire la facture des importations et assurer une production domestique continue.

Mais pour cela, elle doit surmonter ses intérêts nationaux, souvent contradictoires, afin de mobiliser les investissements considérables nécessaires au développement de sources d’énergie propres, à la construction de nouvelles capacités de production, notamment des centrales à gaz, et au développement d’interconnexions afin d’assurer l’acheminement du gaz et de l’électricité.

Selon le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, l’UE aura « besoin de 1.000 milliards d’euros en investissements d’ici à 2020 ».

Une nouvelle fois, l’Union se retrouve confrontée à ses contradictions. « Les dirigeants de l’UE veulent faire plus d’Europe avec moins d’argent. Il faut qu’ils expliquent comment ils comptent faire », a estimé un responsable européen sous couvert de l’anonymat.

« Ce sont les mêmes qui, en février, ont taillé dans les demandes de la Commission européenne pour les grands réseaux d’infrastructures afin de faire des économies dans le budget européen de la période 2014-2020 », a-t-il souligné.

« Les conclusions prévoient de faire appel très très largement aux fonds privés », a répondu Herman Van Rompuy.

Craintes écologiques

Les pays européens refusent également de se laisser imposer la composition de leur bouquet énergétique (nucléaire, charbon, gaz, renouvelables), et certains veulent désormais pouvoir exploiter leurs ressources en gaz de schiste malgré les dégâts causé à l’environnement par la fracturation hydraulique. Bien que ce choix reléve de la compétence des Etats, pour nombre de spécialistes, la priorité sera toujours donnée à l’électricité d’origine nucléaire car on ne peut stopper les centrales.

Les orientations données par ce sommet préoccupent donc les écologistes. « Sous la pression de quelques lobbies industriels, les dirigeants européens pourraient enclencher une contre-révolution énergétique, se détournant des priorités définies par l’UE en matière d’économies d’énergie, d’énergies renouvelables et d’investissements dans les infrastructures énergétiques », déplore l’eurodéputé vert français Yannick Jadot.

Les prises de position de huit grands groupes énergétiques (le français GDF Suez, les allemands EON et RWE, le néerlandais GasTerra, les italiens Enel et Eni, et les espagnols Iberdrola et GasNatural Fenosa) et de plusieurs dirigeants européens avivent ses craintes.

Les patrons des huit groupes ont dénoncé « l’échec de la politique énergétique menée jusqu’à présent », et appelé à l’arrêt des aides publiques aux énergies renouvelables qui « ajoutent des surcapacités aux surcapacités ».

Les dirigeants polonais et tchèque ont pour leur part manifesté leur hostilité à tout nouvel objectif « inutilement ambitieux » sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique.

L’UE s’est imposée pour 2020 de réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre, de porter à 20% la part des renouvelables dans la consommation et à réaliser 20% d’économies d’énergie.

 

Photo : José Manuel Barroso Crédit : Flickr / Texte AFP

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Publié le jeudi 23 mai 2013
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