L'écart salarial à l'avantage des femmes, mais des disparités persistent

L’écart salarial à l’avantage des femmes, mais des disparités persistent

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le STATEC publie les chiffres de l’écart de rémunération entre hommes et femmes. Il en ressort qu’en 2022, l’écart s’établit à -0,7% (en faveur des femmes) si l’on considère le salaire horaire moyen, mais que l’écart penche encore en faveur des hommes sur les salaires annuels.

Comme le STATEC l’a montré l’année dernière, l’indicateur européen de l’écart de rémunération entre hommes et femmes (connu sous le nom de Gender Pay Gap - GPG) a changé de signe au Luxembourg pour la première fois en 2021 pour atteindre -0,2%.

Rappelons que cet indicateur calculé par le STATEC sur base d’une méthodologie européenne commune établie par Eurostat représente l’écart entre le salaire horaire brut moyen des hommes et celui des femmes, exprimé en % de celui des hommes. Un chiffre positif indique dès lors que le salaire moyen des hommes dépasse celui des femmes, un chiffre négatif indique que le salaire moyen des femmes est supérieur à celui des hommes.

Avec -0,7% en 2022, cet écart a continué de pencher davantage en faveur des femmes, contrairement à tous les autres pays de l’Union Européenne, où le salaire horaire moyen des hommes reste encore supérieur à celui des femmes.

Ainsi, en moyenne européenne, le GPG se situe à 12,7%. Dans nos pays voisins, d’après les dernières estimations, il s’établit à 17,7% en Allemagne, 13,9% en France et 5% en Belgique.
Si cet indicateur européen montre clairement que des progrès importants ont été réalisés au Luxembourg pour atteindre l’égalité salariale entre les genres (il était encore de +10,7% en faveur des hommes en 2006 et de +1,4% en 2018), il cache néanmoins une réalité un peu plus complexe.

Quid des effets de la distribution ?

L’indicateur européen est calculé sur base du salaire moyen. Or le salaire moyen peut être fortement influencé par les salaires très élevés d’un très faible pourcentage de personnes, qui en l’occurrence sont plutôt des hommes. Il est donc important de jeter un coup d’œil sur la distribution des salaires.

Un moyen d’éviter l’effet de ces quelques « gros salaires », c’est de calculer le GPG sur le salaire médian, c’est-à-dire le niveau de salaire qui départage les salariés en deux groupes de même taille (50% des personnes gagnent moins que le salaire médian, 50% plus). Sur cette base, l’écart penche encore davantage en faveur des femmes (-11,3%).

Par contre, l’écart est largement en faveur des hommes (+27%) sur le dernier percentile (p99), c’est-à-dire le dernier pourcent des hommes respectivement des femmes qui gagnent les salaires les plus élevés.

L’analyse des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes ne doit pas cacher non plus le fait que les écarts sont très importants entre les personnes de même genre. Or, la part de personnes ayant des salaires horaires bruts faibles (<25 EUR) est plus importante parmi les hommes (55,4%) que parmi les femmes (48,7%), alors que la proportion de personnes à salaires moyens (25 à 50 EUR) et élevés (50 à 75 EUR) est plus grande chez les femmes. La situation s’inverse à nouveau pour les salaires très élevés (75 EUR ou plus), qui concernent 3,3% des hommes et 1,9% des femmes.

Quid des bonus de fin d’année ?

L’indicateur européen compare les salaires horaires moyens. En prenant comme base de calcul non pas le salaire horaire, mais le salaire annuel moyen d’un équivalent temps plein (ETP), y inclus les bonus de fin d’année, l’écart reste en faveur des hommes (+4,5%), étant donné que (un faible pourcentage de) ces derniers bénéficient de bonus plus importants que les femmes.
Néanmoins, hors ces bonus, on retrouve une quasi-égalité salariale également au niveau des salaires annuels ETP (GPG de 0,1%).

Comme ces salaires et bonus élevés n’influencent pas la médiane, on retrouve au niveau annuel un écart similaire (-11,9%) à celui observé pour le salaire horaire médian.

Quid des écarts hommes/femmes au niveau du temps de travail ?

Le salaire horaire et le salaire annuel ETP ne prennent pas en compte le fait que les femmes travaillent en moyenne moins d’heures que les hommes.

S’il y a quasi-égalité salariale en termes de salaire horaire et annuel ETP (hors bonus), il subsiste un écart d’environ 10% si on considère le salaire annuel moyen effectif (hors bonus). Cet écart s’explique par le fait que les femmes travaillent en moyenne 10% de moins d’heures que les hommes. Ceci est surtout dû aux contrats à temps partiel qui concernent 36% des femmes, contre moins de 8% des hommes.

En conclusion

Si les indicateurs alternatifs présentés dans le tableau 1 ont un niveau différent de l’indicateur européen du GPG, force est de constater que non seulement l’indicateur européen, mais bien tous ces indicateurs, quel que soit l’approche utilisée (salaire moyen ou médian, horaire ou annuel, ETP ou non ETP), montrent une évolution dans le sens d’une diminution de l’écart existant en faveur des hommes, respectivement d’une augmentation de l’écart déjà atteint en faveur des femmes.

Communiqué par le STATEC
Source : STATEC - Enquête sur la structure des salaires 2022 (et 2018)

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Publié le vendredi 8 mars 2024
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