L'AIS séduit de plus en plus les investisseurs

L’AIS séduit de plus en plus les investisseurs

Il est de plus en plus difficile de devenir propriétaire au Luxembourg. Le prix de l’immobilier ne cesse d’augmenter et ne facilite pas l’accès au logement. L’Agence immobilière sociale (AIS) est un service d’utilité publique qui facilite le droit au logement pour des ménages à revenu modeste.

Entretien avec Gilles Hempel, directeur de l’Agence immobilière sociale

Fonctionnement global de l’AIS

Globalement l’AIS réaffecte les logements inoccupés en logements sociaux. Au Luxembourg, le nombre de logements inoccupés est estimé entre 10 000 et 20 000. L’inoccupation des biens peut s’expliquer par un legs ou par le placement de l’occupant en maison de retraite par exemple. Le bail se fait directement avec le propriétaire. L’AIS garantit le paiement du loyer, l’encadrement du locataire et prend en charge l’entretien du bien.

On peut aussi noter que l’État encourage la collaboration avec l’AIS. Effectivement, la réforme fiscale 2017 a prévu une exonération fiscale de 50 % sur les revenus locatifs. Cet avantage compense une bonne partie du manque à gagner sur le loyer qui est légèrement inférieur au marché.

On comprend maintenant pourquoi l’AIS séduit de plus en plus. Aujourd’hui ce concept attire une nouvelle clientèle et intéresse même les investisseurs.

La structure AIS

L’AIS a vu le jour en 2009 et compte désormais 3 antennes : une antenne centrale, une centrale située dans le sud et une succursale dans le nord du pays. Elles permettent d’être au plus proche des bénéficiaires et des logements, afin de pouvoir réagir rapidement en cas de problème.

Le financement de l’AIS est entièrement public, elle est subventionnée par le ministère de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région qui prend en charge les frais de fonctionnement tels que les salaires, les frais administratifs, les équipements… Le ministère du Logement participe avec un forfait de 100 € par mois par logement pour couvrir le déficit sur l’activité (impayés, rénovations, frais d’entretien…).

Depuis 4 ans, les autorités communales et les offices sociaux participent au financement du personnel de l’AIS. En contrepartie, l’AIS renforce son activité sur leurs territoires et prend en charge prioritairement les demandeurs provenant de leurs offices sociaux.

Aujourd’hui, plus de 50 communes participent au projet, ce qui a permis l’embauche directe de 11 nouvelles personnes auprès de l’AIS.

État des lieux

L’AIS dispose d’environ 450 logements pour 1 600 bénéficiaires environ. La croissance moyenne actuelle est de plus ou moins 10 à 11 logements nouveaux par mois. Malgré les efforts déployés, 1 300 demandes sont encore sur liste d’attente, les besoins sont significatifs.

Au vu du marché immobilier au Luxembourg, un salaire minimum ne suffit pas à garantir la location d’un logement sur le marché privé. Ce qui explique que de nombreuses personnes vivent dans un foyer inadapté, insalubre, surpeuplé !

Il faut rappeler qu’au Luxembourg on compte peu de logements sociaux, seulement 2 % du parc immobilier.

L’initiative AIS vient d’un réel besoin du secteur social, d’une constatation quotidienne des acteurs sociaux sur le terrain.

Bénéficiaire AIS

Quand une personne a besoin d’un logement, elle doit impérativement remplir certaines conditions et s’adresser à un service social de première ligne (ex. office social) pour bénéficier d’un logement proposé par l’AIS. Il faut entre autres choses, avoir un faible revenu et connaître un problème d’habitation tel que l’insalubrité, la vétusté, la promiscuité ou la fréquentation d’un foyer provisoire.

Cette possibilité de bénéficier de l’aide de l’AIS pour se loger est valable sur 3 ans, un contrat lie le bénéficiaire à l’AIS et permet un accompagnement personnalisé par les services sociaux internes et externes.

Le but pour le bénéficiaire est de tendre vers l’autonomie, de retrouver une indépendance en fin de parcours et d’avoir de meilleures chances de trouver un logement. « C’est ce qu’on observe d’ailleurs puisqu’environ 10 % deviennent ensuite propriétaires », affirme Gilles Hempel.

En bref

L’AIS joue un rôle de tremplin social, un intermédiaire entre le propriétaire et le bénéficiaire. « Le logement mis à disposition par l’AIS n’est pas la finalité mais le moyen de parvenir à une indépendance », déclare Gilles Hempel.

Le fait de vivre dans la promiscuité, l’insalubrité, entrave bien souvent le locataire qui ne voit pas d’issue possible à sa situation. C’est bien souvent une spirale infernale, énergivore qui favorise des tensions familiales et engendre un isolement social.

Plus tard, quand la personne change d’environnement, se sort de ce marasme social, c’est toute la famille qui s’épanouit ! Les résultats scolaires s’améliorent, les personnes vont mieux et peuvent avancer dans leur projet de vie.

L’AIS est un acteur social incontournable au Luxembourg où la pauvreté est bien souvent cachée, un réel outil de lutte contre l’exclusion sociale par le logement.

Propos de Gilles Hempel recueillis par Sara Liégeois

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Publié le jeudi 21 décembre 2017
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