Insectes pollinisateurs : mieux les connaître pour mieux les protéger

Brigade scientifique et analyses ADN

Coordonné par le projet Polynatur du CELL, le hub de la transition, le programme se donne le but d’accroître les connaissances sur les espèces d’insectes pollinisateurs du Luxembourg et sur leurs écosystèmes.

Au départ : un constat de méconnaissance. Il existe très peu de données nationales sur les insectes pollinisateurs. Il fallait y remédier. Dans un second temps, l’objectif porte sur la sensibilisation du public à leur importance cruciale, à leur préservation et aux bonnes pratiques pour y parvenir.

Le 30 mars 2023, les chercheurs Alexander Weigand, Paul Braun et Tania Walish du Natur Musée ont rencontré́ les représentants des jardins communautaires. Ils ont établi le protocole à suivre, inspiré d’une méthode employée par des homologues canadiens.

La vingtaine de jardins a commencé par installer des nichoirs à insectes équipés de tubes qui permettront à différentes espèces de pollinisateurs de pondre leurs œufs. Ces derniers seront alors identifiés très précisément grâce à une analyse ADN.

Un projet qui vous implique

Un projet participatif : passant, badaud, utilisateur ou amoureux des jardins, vous pourrez prendre des photographies des fleurs sauvages et des insectes sur place pour les transmettre aux chercheurs via la plateforme digitale iNaturalist.

Fin 2023, les tubes collectés seront envoyés dans un laboratoire canadien spécialisé. Les espèces de pollinisateurs luxembourgeoises seront alors répertoriées selon leurs zones géographiques.

Une apocalypse silencieuse au cœur de la 6^e extinction de masse

Abeilles, syrphes (les mouches), papillons, guêpes, coléoptères… les insectes disparaissent à un rythme accéléré, à tel point que la communauté scientifique, d’habitude pleine de réserve, lance des cris d’alarmes répétés. Les chercheurs jugent que 40% des espèces d’insectes pourraient s’éteindre dans les prochaines décennies. Ce n’est pas anodin. Petite espèce, immense conséquence.

Outre le recyclage des nutriments, ou le fait qu’ils sont des maillons essentiels de la chaîne alimentaire, les insectes sont les principaux pollinisateurs. De loin. Les répercussions de la disparition des insectes sur les écosystèmes auraient des conséquences inconnues et dramatiques.

Aline Ouvrard, coordinatrice du projet Polynatur du CELL : « en Allemagne, la biomasse d’insectes a diminué́ de 75 % depuis 1989 ! En 10 ans, un tiers des espèces d’insectes a disparu dans les forêts et prairies en raison notamment de l’utilisation des pesticides, d’une perte significative des habitats naturels et de nourriture disponible, de maladies, d’espèces exotiques envahissantes et du dérèglement climatique.

Or, les insectes jouent un rôle majeur pour la biodiversité́ : ils décomposent, façonnent le sol, luttent contre les parasites, diffusent les semences et nourrissent la faune... et pollinisent ! On estime que les services écosystémiques rendus par les insectes se chiffrent à 150 milliards d’euros à l’échelle mondiale et 14,2 milliards d’euros dans l’UE ! ».

Quels sont les jardins participants ?

Les jardins communautaires concernés sont entre autres : le Breedewee, le Bâtiment 4 et le jardin des 4 coins du monde à Esch-sur-Alzette, le Jardin de la Transition Pétrusse et le jardin surélevé́ du CELL à Dommeldange, ou encore, le jardin Neischmelz à Dudelange et celui de Hobscheid.

Tous les nichoirs sont installés depuis le 15 avril 2023. Ils attendent leurs hôtes, ils vous attendent.

Par Sébastien MICHEL
Photo du nichoir : © Aline Ouvrard