Inclure professionnellement les personnes atteintes d'une déficience intellectuelle

Inclure professionnellement les personnes atteintes d’une déficience intellectuelle

Yolande COOP a su créer, en un peu plus d’une décennie, plus de 70 emplois pour personnes en situation de handicap intellectuel. Et ne compte pas s’arrêter là !

Travailler en autonomie, c’est une évidence pour beaucoup. Pour d’autres, cela relève tout juste de l’espoir. Selon IMS Luxembourg, « 10 à 15% des personnes vivent avec un handicap ». Au-delà du cliché du fauteuil roulant, qui n’empêche certes pas un employé de bureau de finaliser la compta d’une entreprise, de nombreuses personnes souffrent de déficience intellectuelle. Depuis 2007, Yolande COOP leur ouvre ses portes.

Ce ne sont pas moins de sept ateliers que la société coopérative et SIS (société d’impact sociétal) a développés au fil du temps, tous situés dans l’est du pays. Environ 70 personnes en situation de handicap s’y épanouissent au quotidien, que ce soit à Betzdorf (savonnerie, blanchisserie, centre de recyclage), à Grevenmacher (Jardin des papillons) ou à Mondorf (boulangerie, traiteur, mailing & services). Une trentaine de personnes les accompagne, au sein des ateliers ou des services administratifs.

Le temps d’une transition ou d’une carrière ?

« Nous espérons bien sûr que ces emplois en ateliers protégés soient une transition vers le marché ordinaire. Mais en pratique, c’est assez rare », explique Maud Hansen, directrice des Ateliers d’inclusion professionnelle chez Yolande COOP (groupe elisabeth). Seules trois personnes ont pu bifurquer vers une entreprise « traditionnelle » au cours des trois dernières années.

Pour pouvoir accueillir un nombre toujours grandissant de candidats volontaires, la société innove et crée des partenariats : « nous avons développé un projet en collaboration avec Grosbusch, dont les locaux se situent à proximité de notre atelier de Mondorf. Une équipe s’y rend une à deux fois par semaine pour remplir des boîtes de fruits secs », précise la directrice. Et d’ajouter : « chez Grosbusch, elles se retrouvent dans les conditions réelles d’une entreprise, nous devons donc les y préparer ».

L’ouverture d’un atelier de culture maraîchère est également en réflexion. Ce sont dans ce cas principalement des emplois en extérieur qui seront proposés, pour lesquels les personnes atteintes de déficience intellectuelle sont plutôt demandeuses. C’est un travail actif, physique, dans lequel elles sont à l’aise.

Diviser, adapter

Lors d’une visite de la blanchisserie, on comprend bien vite que rien n’est laissé au hasard. Les différentes étapes ont été analysées et séparées en petites tâches pouvant correspondre à divers types de handicap. Des petites astuces aux technologies dernier cri, tout a été étudié pour donner la possibilité au plus grand nombre de trouver un poste adéquat. Une simple planche à plier le linge permet d’automatiser certains gestes tandis qu’au moment du tri, un système ingénieux impliquant codes-barres et voyants lumineux colorés aide à classer le linge par catégorie ou destination finale.

Dans ces ateliers, les employés exercent à temps partiel ou à temps plein selon leurs capacités. Ils sont engagés par contrat à durée indéterminée après avoir effectué un stage de découverte et d’intégration.

Bien que Yolande COOP soit fortement soutenue par l’Adem et par le ministère du Travail et de l’Économie sociale et solidaire, la structure se doit d’être rentable. Dans toutes les tâches effectuées, un travail de qualité est donc requis afin de satisfaire le client final. Les recettes générées financent les matières premières, la maintenance des bâtiments, les emplois saisonniers qui ne sont pas pris en charge par l’État, etc.

Marie-Astrid Heyde pour Yolande COOP
Photos Fanny Krackenberger

Article tiré du dossier du mois « Solidaire. Sociale. Sociétale »

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Publié le mardi 11 août 2020
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