« Il ne faut pas se gêner »

« Il ne faut pas se gêner »

Ce 1er août, les subventions « loyer » sont revues à la hausse de manière anticipée pour permettre aux ménages en difficulté financière de faire face à l’augmentation des loyers et des prix de l’énergie. Réaction du directeur de la Fondation pour l’Accès au Logement, Gilles Hempel.

Ce n’est plus un secret pour personne, nous traversons une grave crise du logement et il devient très difficile de se loger au Luxembourg. Dans ce contexte, quelle est la place des locataires ?

« Les locataires sont les plus faibles, et ce sont aussi ceux qui sont les moins soutenus par l’État. Il existe toute une panoplie d’aides pour les plus forts, c’est-à-dire ceux qui sont en mesure d’acquérir un bâtiment à des fins d’habitation personnelle : Bëllegen Akt, TVA logement, aides au capital, bonification d’intérêts, déductibilité des intérêts, déductibilité des cotisations d’épargne logement, exemption de la plus-value de cession, etc. En 2021, les aides aux propriétaires occupants représentaient plus de 800 millions d’euros, alors que les aides aux locataires, qui se résument aux subventions « loyer », ne pesaient que 10 millions d’euros. »

L’augmentation des subventions « loyer » et l’élargissement des critères d’éligibilité sont donc les bienvenus ?

C’est une bonne chose qu’elles aient été introduites il y a quelques années et il était plus que temps de les augmenter. Cela va aider les plus faibles, même si c’est une petite hausse qui ne suffira malheureusement pas : elles passent d’un montant compris entre 134 et 294 euros à un montant compris entre 200 euros pour une personne seule et 400 euros pour un ménage à partir de 3 enfants.

« Une autre chose positive est l’élargissement de la population cible. Jusqu’à présent, il fallait être vraiment très pauvre, affamé, pour pouvoir en profiter. Désormais, plus de gens pourront en bénéficier, ce qui est bien, mais les conditions d’éligibilité aux aides à l’accès à la propriété restent plus généreuses que celles des subventions loyer ».

Seules 20% des personnes éligibles aux subventions « loyer » selon les critères actuels en font la demande. À quoi cela est-il dû ?

« C’est une problématique à laquelle il faudra également s’attaquer. Il ne suffit pas qu’il existe des subventions, encore faut-il que les personnes qui en ont besoin la demandent. Si elles ne le font pas, cela peut être pour diverses raisons : parce qu’elles n’en connaissent pas l’existence, parce qu’il y a des obstacles linguistiques ou encore parce que le dossier de demande est très compliqué à monter et que les délais sont longs. D’ailleurs, la procédure va être simplifiée et l’attribution automatisée. Il faut savoir que les personnes qui ont besoin de ces subventions rencontrent souvent aussi des difficultés au niveau administratif. Nous devons trouver des moyens de les aider et, pour cela, travailler main dans la main avec les offices sociaux ».

Quel message souhaitez-vous faire passer aux personnes concernées par ces subventions ?

« Il est aussi possible que certains hésitent à faire une demande de subventions parce qu’ils se sentent gênés de le faire. Je voudrais leur dire : Il ne faut pas se gêner !. Les gens qui font une acquisition immobilière ne se gênent pas pour demander toutes les aides que l’État donne, et ce sont des aides énormes. Les subventions loyer sont un droit. Il ne faut pas avoir honte d’être locataire et de demander cette aide qui est marginale par rapport à ce que les propriétaires reçoivent ».

Propos recueillis par Mélanie Trélat

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Publié le lundi 1er août 2022
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