Forte demande de main-d'œuvre qualifiée dans l'Artisanat

Forte demande de main-d’œuvre qualifiée dans l’Artisanat

Lors de sa conférence de presse ce mercredi 6 novembre 2019, la Chambre des Métiers a présenté les résultats d’une enquête récente selon laquelle, sur base d’une croissance soutenue, les défis en matière de ressources humaines font que la thématique du « besoin en main-d’œuvre » est considérée comme une préoccupation majeure dans l’Artisanat.

Les entreprises artisanales sont actuellement confrontées à trois phénomènes. Tout d’abord le secteur est à la recherche de nouvelles compétences pour pouvoir développer de nouveaux créneaux (e.a. technologies éco-innovantes, digitalisation, nouveaux modèles d’affaires, etc.).

Il doit par ailleurs relever deux défis structurels majeurs : l’effet « génération » avec le départ en retraite d’un nombre important de salariés dans les années à venir, d’une part, et l’effet « augmentation de la taille des entreprises » créant un besoin constant de personnel d’encadrement, d’autre part. En troisième lieu, et sur le court terme, les mesures en matière de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale sont un casse-tête croissant pour les PME artisanales.

Besoin global de main-d’œuvre estimé à 9.400 salariés

L’enquête représentative(1) conclut sur un besoin considérable de main-d’œuvre dans l’Artisanat : les entreprises participantes à l’enquête indiquent rechercher 3.142 personnes sur les 12 mois à venir. Le besoin le plus prononcé se situe dans le domaine de la production, regroupant 93% de la demande dégagée.

Une extrapolation prudente sur l’ensemble du secteur de l’Artisanat conclut à un besoin total sur les 12 mois prochains d’environ 9.400 salariés, soit le triple de l’emploi net créé en 2018(2). Ainsi, l’enquête confirme les conclusions déduites des analyses de conjoncture trimestrielles des dernières années de la Chambre des Métiers et qui révélaient une aggravation de la situation, les entreprises rapportant que l’activité économique se voyait de plus en plus gênée par la pénurie de main-d’œuvre.

Au niveau de la production, le DAP (Diplôme d’Aptitude Professionnel) reste la formation de prédilection, montrant au passage l’attachement de l’Artisanat à l’apprentissage. Dès lors, 30% des salariés recherchés devraient faire preuve d’une qualification de base de niveau CLQ3 (DAP/CATP), tandis que 22% des salariés devraient être détenteur d’un certificat de niveau CLQ2 (CCP - Certificat de Capacité Professionnelle). 10% des salariés devraient relater d’une qualification CLQ5 (Brevet de Maîtrise ; BTS), CLQ6 (Bachelor BAC+3) ou CLQ7 (Master). 26% des salariés recherchés pourraient être de niveau CLQ1 (non-qualifiés). Il est toutefois important de souligner que dans certains métiers (p.ex. électricien) plus que 50% du besoin en main-d’œuvre exprimé se situe à un niveau DAP. Au niveau de la gestion d’entreprise, les niveaux CLQ4 (Diplôme de fin d’études second. (techniques) ; Diplôme de technicien) et « CLQ6 & CLQ7 » (Bachelor (BAC+3) & Master (BAC+5)) sont les plus demandés (26% resp. 29%). Impact négatif de la pénurie de main-d’œuvre et potentiels à l’étranger 56% des entreprises se prononçant sur le sujet du « débauchage de personnel » ont indiqué avoir subi dans le passé des initiatives de débauchage par des concurrents du secteur. Ceci met en exergue la pression concurrentielle entre les entreprises artisanales et par conséquent l’importance des stratégies de rétention des salariés dans ces PME. 24% des entreprises ont subi des actions de débauchage par le secteur public et 20% par d’autres secteurs économiques.

En ce qui concerne l’impact des congés parentaux sur les entreprises artisanales, 6 sur 10 chefs d’entreprise indiquent être confrontés à des problèmes organisationnels. Pour 75% des entreprises participant à l’enquête, le recrutement futur du personnel devrait prioritairement passer par les pays avoisinants. 13% optent pour le Portugal tandis que les pays de l’Europe de l’Est ne sont pas (encore) sur les radars.

Mix de mesures politiques à mettre en œuvre

Vu l’acuité de la problématique de la pénurie de main-d’œuvre, la Chambre des Métiers demande au Gouvernement de prendre des mesures stratégiques soutenant le développement futur de l’Artisanat, acteur-clé dans la réalisation des infrastructures et la construction des logements, notamment au niveau du Plan national « Talent attraction » en voie d’élaboration et qui devrait comporter également un volet « rétention et développement de main-d’œuvre ».

Des politiques adaptées devraient être mises en place pour les 6 « réservoirs de ressources humaines » suivants : les frontaliers avec des mesures pérennisant les facteurs d’attractivité du Luxembourg (e.a. encouragement d’une approche transfrontalière de mobilité) ; les salariés qualifiés immigrants avec une réforme des procédures d’immigration, les jeunes avec la mise en place d’une orientation professionnelle proche des besoins de l’économie, les salariés âgés avec la promotion de mesures innovatrices de gestion des âges dans les entreprises ; les salariés
féminins avec l’application du principe « think small first » dans les mesures « conciliation vie familiale – vie professionnelle » afin d’accroître le taux d’emploi féminin ; les demandeurs d’emploi avec des placements ciblés et des formations adaptées. En ce qui concerne le volet « talent attraction » (immigration ciblée), l’Artisanat plaide en faveur d’une politique d’accueil orientée vers le long terme comprenant e.a. les axes suivants : « programme de logements & d’infrastructures », notamment scolaires, et « programme d’intégration », notamment linguistique.

De son côté, la Chambre des Métiers va mettre en œuvre un plan d’action 2020 comprenant plus particulièrement une prospective annuelle des besoins, des rencontres MeetADEM, des formations continues orientées vers le « employer branding » et une participation active dans les missions économiques intéressantes.


(1) 12% des entreprises artisanales ont participé à l’enquête de juin 2019, soit 779 entreprises représentant 25% de l’emploi de l’Artisanat
(2) En 2018, l’Artisanat a créé 3.141 postes de salariés (recrutement net).

Actualité de notre partenaire La Chambre des Métiers Luxembourg

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Communiqué
Publié le vendredi 8 novembre 2019
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