Faire sortir la RSE du périmètre de l'entreprise

Faire sortir la RSE du périmètre de l’entreprise

L’IMS Luxembourg a récemment organisé une conférence autour d’une thématique encore méconnue au Luxembourg, mais qui devrait s’y développer dans les années à venir : l’écologie industrielle et territoriale ou comment appliquer la RSE à une échelle plus large que celle de l’entreprise, à travers une approche collaborative où échange et transversalité sont de mise.

C’est Jean-Philippe Wagnon, président du groupe de travail PME à l’IMS, qui a introduit les débats en définissant la notion encore peu répandue d’écologie industrielle et territoriale. Celle-ci se base sur des synergies entre les parties prenantes actives au sein d’une même zone d’activité qui visent à réduire l’impact environnemental des collectivités impliquées.

Pour réaliser ces synergies, Leïa Abitbol, PhD, fondatrice d’Aldérane et responsable de projet, suggère de s’inspirer du fonctionnement des écosystèmes naturels. Une des réponses de ces écosystèmes aux problématiques de l’utilisation optimale de l’énergie, de la limitation des déchets et de la pérennité des systèmes -donc de l’espèce-, est d’optimiser, voire de boucler, la circulation des flux, en circuits courts, sur un territoire donné.

Concrètement, il s’agit pour les entreprises de valoriser leurs déchets en matières premières secondaires avant même de penser au recyclage, de privilégier les produits moins polluants, renouvelables, locaux et surtout, de mutualiser leurs besoins avec ceux d’organisations voisines. Et ce, le plus systématiquement possible.

Un certain nombre de collectivités locales ont déjà initié ce type de démarche.

Windhof : modèle en matière d’écologie

Au Luxembourg, on peut citer l’exemple de l’Ecoparc Windhof, présidé par le directeur de PROgroup, Romain Poulles, qui, en bon adepte du Crade to Cradle, croit en de nouveaux modèles économiques basés sur un cycle industriel permanent où la notion de déchet n’existerait plus puisque tout produit serait conçu pour être entièrement recyclé. La zone d’activité en question regroupe quatre communes et plus de 150 sociétés. Alors qu’il y a trois ans à peine, Windhof, du fait de sa situation excentrée, manquait de visibilité et d’attractivité et qu’elle était oubliée des systèmes de transports en commun, depuis d’une part, la création de l’Ecoparc du même nom en mai 2010, et de l’autre, la construction de l’emblématique bâtiment Solarwind, elle fait figure de modèle en matière d’écologie. Huit sociétés et la commune de Koerich sont à l’origine de la création de ce GIE qui a déjà concrétisé plusieurs projets, au rang desquels on compte la fondation d’une centrale d’achats pour les fournitures et l’énergie, la mise en place d’une signalisation et d’un système de covoiturage, la mise à disposition de vélos d’entreprise et d’une borne de rechargement pour voitures électriques, l’aménagement de circuits pédestres, la création d’une crèche et de restaurants, ainsi que tout un travail d’information et de sensibilisation au sujet du développement durable. Les prochaines étapes porteront principalement sur l’aspect mobilité avec l’instauration d’un plan de déplacement, la création d’un deuxième accès à la zone, le renforcement des transports collectifs, notamment en proposant des navettes depuis les deux gares, ou encore la location de voitures électriques. Sont également au programme le changement de nom du zoning et un projet pilote en matière d’aménagement vert.

Autre projet à l’étude au Grand-Duché, l’élaboration d’un plan similaire pour le zoning Bourmicht, qui est géré conjointement par les communes de Bertrange et de Strassen. Strassen abrite plus de 650 entreprises pour quelque 8.000 habitants. Située en périphérie directe de la capitale, la commune a adhéré, en 2005, au syndicat DICI qui regroupe cinq communes, Luxembourg compris, et dont l’objectif premier est d’enrayer une circulation automobile devenue trop envahissante. L’un des principaux défis qu’ont à relever le bourgmestre de Strassen, Gaston Greiveldinger, et son équipe est de désengorger les grandes artères de la commune. La question qui se pose dans ce contexte est donc de savoir quelles seraient les actions collectives performantes à mettre en œuvre à Bourmicht. Question qui a fait l’objet d’un atelier animé par Leïa Abitbol auquel ont participé, entre autres, Gaston Greiveldinger, Joé Schmit, assistant de direction planification de la mobilité au Verkéiersverbond et huit représentants d’entreprises implantées sur la zone Bourmicht. Ce travail a fait apparaître un besoin et une envie unanimes d’échanger, ainsi que quelques pistes de réflexion portant par exemple sur la mise en place d’un service de covoiturage, d’une navette publique depuis la gare centrale, d’une plateforme d’achat et d’un club de sport.

En ce qui concerne plus précisément l’élaboration d’un plan de mobilité, Joé Schmit a ensuite présenté les services offerts par le Verkéiersverbond. Ils se déroulent en trois étapes : d’abord l’analyse de la situation existante et le diagnostic, ensuite l’aide à la définition d’un plan d’actions, et enfin l’accompagnement lors du lancement de ces actions. L’objectif de cette démarche largement encouragée par les pouvoirs publics est de parvenir à établir une mobilité durable, ensemble avec les usagers, en les incitant à abandonner leurs voitures au profit de modes de déplacements alternatifs, comme les transports en commun ou la mobilité douce.

La volonté d’essayer

L’application d’une politique d’écologie industrielle et territoriale apporte à l’entreprise ou à la collectivité elles-mêmes des bénéfices qui sont à la fois économiques (valorisation de l’image de marque, diminution des coûts), sociétaux (diminution du stress, renforcement des structures internes, développement d’un esprit d’équipe) et, bien sûr, environnementaux (réduction des émissions de carbone).

Mais Leïa Abitbol insiste sur le fait que la réussite d’un tel projet repose sur la sensibilisation des différents acteurs à ces approches qui impliquent de considérer différemment sa façon de faire du business, sur une volonté de progrès partagée par l’ensemble des parties prenantes, sur leur capacité à échanger de l’information et à intégrer des dynamiques coopératives et sur un accompagnement adapté. Ce qui est le rôle de l’IMS qui, comme le souligne Jean-Philippe Wagnon, est présent pour accompagner les entreprises et les aider à structurer leur projet. Elles ont donc toutes les cartes en main pour mener à bien un projet d’écologie industrielle et territoriale, il ne leur reste plus qu’à avoir la volonté d’essayer, selon le président de l’IMS, Christian Scharff.

Photo : Jean-Philippe Wagnon président du groupe de travail PME à l’IMS par Marlene Soares pour LG Magazine

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Publié le mardi 18 juin 2013
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