Face à l'Omnibus, 90 économistes tirent la sonnette d'alarme

Face à l’Omnibus, 90 économistes tirent la sonnette d’alarme

D’éminents économistes de l’Union européenne et la Banque centrale européenne mettent en garde sur l’approche business first promue à la Chambre des députés au détriment des droits humains, du climat et de l’environnement.

Alors que l’urgence climatique et les violations des droits humains exigent des actions fermes et cohérentes, le gouvernement luxembourgeois et une majorité à la Chambre des députés optent pour business first.

Lors de son discours sur l’état de la nation, le Premier ministre Luc Frieden a déclaré :


« À l’échelle européenne, nous soutenons également les efforts visant à alléger la charge administrative et réglementaire pesant sur nos entreprises. Avec, par exemple, les propositions dites ’Omnibus’, la Commission européenne entend simplifier le cadre réglementaire sans pour autant négliger les objectifs politiques de ces textes. »

Une déclaration qui est contrecarrée par une déclaration d’un collectif de 90 économistes éminents de l’Union européenne. Leur verdict dans la déclaration Beyond Short-Term Profits est sans appel : le paquet « Omnibus » constitue un recul majeur, et ils expriment leur désaccord avec une conception de la compétitivité qui accepte l’externalisation des coûts sociaux et environnementaux au détriment de la nature, du climat, des travailleurs et d’autres personnes concernées.


« Avec la proposition Omnibus, la Commission européenne choisit de récompenser le lobbying à courte vue des entreprises au détriment des personnes, de la planète et de la résilience économique à long terme. »

Johannes Jäger, un des 90 signataires de la déclaration Beyond Short-Term Profits

Les économistes dénoncent une déréglementation opportuniste et irresponsable. Ils appellent instamment les institutions européennes à garantir une mise en œuvre rapide et ambitieuse de la directive sur le devoir de diligence (CSDDD), pierre angulaire du Green Deal européen. Dans leur déclaration commune, les économistes affirment que les tentatives de dilution de la directive sur le devoir de diligence en matière de développement durable (CSDDD) ne sont pas seulement politiquement à courte vue, mais aussi économiquement infondées.

Luxembourg : la majorité enterre la responsabilité du secteur financier

Le 15 mai, une motion à la Chambre des députés proposait que le Luxembourg s’oppose à la suppression de la clause de révision prévue par la directive CSDDD — clause essentielle pour déterminer si le secteur financier doit, lui aussi, répondre de ses impacts sur les droits humains et l’environnement. Résultat ? Les députés du CSV, du DP et de l’ADR ont voté contre, refusant même d’étudier l’idée que le monde de la finance puisse être tenu responsable.

Cette posture est en contradiction flagrante avec les recommandations de la Banque centrale européenne, qui affirme sans détour :


« Les entreprises financières réglementées ne devraient pas être traitées différemment des entreprises d’autres secteurs, y compris dans le cadre de la CSDDD. […] Pour que la finance privée puisse gérer efficacement les risques et soutenir la transition verte de l’économie réelle, il est essentiel que les exigences réglementaires et législatives soient cohérentes entre les secteurs. »

En clair, une majorité luxembourgeoise composée du CSV, DP et ADR refusent toute responsabilisation du secteur financier.


« Il serait fatal de continuer à promouvoir une déréglementation au détriment des droits humains, du climat et de l’environnement, et de ne pas écouter les voix des économistes et de la BCE. Une telle incohérence politique va aussi à l’encontre des recommandations de l’OCDE, qui appelle le Luxembourg à appliquer les règles de durabilité au secteur financier et à donner l’exemple en matière de conduite responsable. »

Les responsables de l’Initiative pour un devoir de vigilance Luxembourg

Conclusion :

Le gouvernement et la majorité parlementaire s’alignent sur les intérêts à courte vue des puissants lobbys économiques, foulant au pied les principes de justice climatique, de droits humains et de cohérence politique. Le message qu’ils donnent est clair : le profit passe avant la planète et avant les peuples.

Communiqué par l’Initiative pour un devoir de vigilance
Photo : Licence CC

Communiqué
Publié le jeudi 22 mai 2025
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