Économie locale : pas égaux devant la crise !

Économie locale : pas égaux devant la crise !

Malgré un net repli au cœur du confinement, l’activité économique a moins été impactée qu’ailleurs. Mais si le secteur financier s’en sort très bien, d’autres secteurs souffrent. L’agriculture et le non marchand montrent quant à eux des capacités de résilience à suivre.

Dans un tout récent Conjoncture Flash, le STATEC pose la question de l’impact de la crise Covid-19 sur l’activité économique. L’institut national de statistiques et d’études économiques a tenté d’évaluer l’impact en multipliant les sources, en ce compris des remontées d’information venant des entreprises elles-mêmes.

Globalement, le Statec évalue l’impact à une baisse d’activité d’environ 25% pour l’économie du pays, pendant la période du 23 mars au 17 avril. Mais c’est évidemment une moyenne, qui est d’ailleurs favorable au Luxembourg, en raison d’un secteur aussi porteur dans la structure économique du pays que peut l’être l’industrie financière, laquelle a bien résisté.

Sauvé par la finance ?

La baisse d’activité du secteur financier luxembourgeois est mesurée à -10%, ce qui est comparable à la baisse sectorielle constatée dans les autres pays. Mais ce secteur représente environ un quart de la valeur ajoutée (la richesse créée par la production de biens ou de services) totale au Luxembourg, contre une moyenne sous les 5% dans les pays frontaliers, France, Allemagne et Belgique.

Ainsi, le Luxembourg serait « sauvé » par son secteur financier robuste et omniprésent ? De quoi faire bondir ceux qui, à juste titre, demandent que la sortie de crise soit aussi l’occasion d’une révision fondamentale de l’économie, locale et globale, d’une réflexion profonde sur les mutations à apporter pour un contexte économique et social plus juste et résilient.

Le Statec évoque d’ailleurs des effets pervers sur les chiffres. Exemple : l’environnement boursier s’est dégradé au cœur de la crise et cela va impacter les résultats des activités financières ; mais la baisse d’activité locale a été préservée grâce au recours massif au télé-travail. Autre exemple, a contrario : dans des branches d’activité très impactées, comme la construction, l’Horeca, les transports ou l’industrie, le jeu des pondérations peut lisser l’effet sur la valeur ajoutée brute.

Résistance et valeur ajoutée

Du coup, tous les secteurs ne sont pas égaux devant la crise.

La construction, qui représente normalement 5,6% dans la valeur ajoutée brute (VAB) du pays, a perdu 5 points de pourcentage de VAB, avec une baisse d’activité radicale (-90%). Tandis que l’immobilier (8,4% dans la VAB), avec un coup de frein de 17% sur ses activités en volume, s’en sort avec un recul de valeur ajoutée de 1,4%.

Les services « non-marchands » font partie des secteurs résistants. Les activités concernées - l’administration publique, l’enseignement, la santé bien sûr, ou encore l’action sociale – ont cependant été très sollicités. Ils représentent 17,8% de la VAB et ont perdu moins d’1% sur ce terrain, avec 5% de recul d’activité. C’est sans doute de bon augure.

Pilier rural

L’agriculture a aussi démontré son rôle vital… et ses capacités de résilience. Sollicité notamment comme pilier d’approvisionnement de la chaîne alimentaire locale, défendue en ce sens jusque dans les instances européennes (notamment pour lui libérer des couloirs d’accès transfrontaliers), ce secteur, qui ne représente que 0,2% de la VAB en temps normal, a connu un recul d’activité de 10% mais n’a rien perdu (ni gagné d’ailleurs) en pourcentage de valeur ajoutée. C’est le seul secteur, parmi ceux mesurés par le Statec, à avoir maintenu un statu-quo en valeur. Et ce n’est pas le secteur Horeca, client agroalimentaire non négligeable en temps normaux, qui a pu lui être d’un grand secours puisque celui-ci a pris la crise de plein fouet, avec un impact de -90% sur son activité.

On ne dispose pas de données sur les pans de l’agriculture durant cette période. Mais on sait que c’est en plein essor des mesures de confinement – le 8 mars dernier – que le conseil de gouvernement a adopté le plan d’action national de promotion de l’agriculture biologique. La filière, appelée et encouragée à se développer, compte actuellement 148 producteurs, dont 88 agriculteurs, 15 maraîchers, 15 viticulteurs, 11 fruiticulteurs et 19 apiculteurs, ainsi que 164 autres opérateurs (bouchers, boulangers, laiteries, etc.), distributeurs, points de vente et importateurs.

Alain Ducat

(à suivre)

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Publié le vendredi 8 mai 2020
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