Économie locale (5) : la relance par la terre et le circuit court

Économie locale (5) : la relance par la terre et le circuit court

Un monitoring et une analyse détaillée des secteurs agricole, horticole et viticole , et de la transformation agroalimentaire luxembourgeoise, sont en cours. Les résultats sont attendus pour le mois de juin. La crise sanitaire a démontré le changement d’attitude du consommateur et le potentiel des circuits courts, à encourager.

La crise liée à la pandémie du coronavirus a entraîné un changement du mode de consommation. Le constat est clair partout et le Luxembourg est plutôt à la pointe, notamment grâce à des modèles coopératifs qui font leurs preuves et sont sortis du courant alternatif.

C’est aussi la position officielle du pays, dans les instances européennes et à l’intérieur des terres. « L’incertitude d’approvisionnement en raison de la fermeture des frontières et la limitation des déplacements dans le contexte du confinement, ont amené les consommateurs à travers l’Europe à consommer plus de produits régionaux et à favoriser les circuits courts, qui permettent un lien direct entre le consommateur et le producteur tout en renforçant la position de ce dernier dans la chaîne de production et de distribution » : Romain Schneider, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, l’a encore rappelé lors du Conseil informel « Agriculture et pêche » de l’Union européenne qui s’est tenu par visioconférence mercredi 13 mai.

Selon Romain Schneider, pour pouvoir assurer le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement, il était crucial de veiller, dans un premier temps, à ce que la production et la transformation de denrées alimentaires, la vente directe ainsi que l’acheminement des aliments restent opérationnels au Luxembourg et dans toute l’Europe. Il a d’ailleurs remercié ses homologues des pays limitrophes de tenir compte de la situation particulière du Luxembourg. En gardant les frontières ouvertes pour les travailleurs des secteurs essentiels, le maintien de l’activité du secteur de l’alimentation a pu rester assurée. Le ministre de l’Agriculture a quand même regretté d’avoir dû parler de frontières fermées à l’intérieur de l’espace Schengen...

Une analyse locale détaillée

Pour le ministre luxembourgeois, ce fut l’occasion de saluer les mesures mises en place par la Commission pour faire face aux retombées de la crise du COVID-19 : aide au stockage privé, notamment dans les secteurs du lait et de la viande bovine, ou encore augmentation des plafonds pour les aides d’État dans le secteur agroalimentaire. « Cela donne un cadre flexible pour apporter un soutien aux professionnels du secteur ».

Le contexte se prête aux analyses et aux plans d’encouragement. Pour Romain Schneider, il semble évident que, « même si on constate tant au niveau européen qu’au niveau national des fortes pressions sur les marchés, il est essentiel d’avoir des chiffres précis en ce qui concerne les effets de la crise. »

À ce stade, ont été mis en place un monitoring et une analyse détaillée des secteurs agricole, horticole et viticole, ainsi que de la transformation agroalimentaire au Luxembourg. Tout cela est en cours et, dit le ministère, les résultats sont attendus pour le mois de juin.

Plan de relance

Dans la foulée, annonce-t-il, cette base permettra, le cas échéant, de mettre en place des mesures additionnelles, spécifiques et ciblées, pour soutenir les secteurs de l’agriculture, et ce aux fins de pallier les effets de la crise et de préparer un plan de relance, en promouvant les circuits courts et les produits régionaux.

« Les circuits courts sont également un des piliers d’une agriculture durable », souligne Romain Schneider. Il a ainsi réitéré l’importance du budget pour la PAC après 2020 : il devra être à la hauteur du niveau d’ambition environnementale, tout en tenant compte du « Green Deal » européen. Pour rappel, ce plan a pour objectif de faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre au monde d’ici à 2050...

Il y a certes encore de grands pas à franchir, et entre partenaires européens - sans parler des grands protectionnismes hors Europe -, il y a parfois de l’électricité de l’air. Éviter les courts-circuits dans les courants alternatifs par une mise à la terre (durable) et la production locale non dénuée d’énergie, cela relève de l’évidence.

Alain Ducat

Photo : © SIP / Marc Schoentgen

(à suivre)

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Publié le vendredi 15 mai 2020
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