Du covoiturage, oui ! Mais via une plateforme locale !

Du covoiturage, oui ! Mais via une plateforme locale !

Au Luxembourg, comme dans le reste de l’Europe, on n’hésite pas à utiliser BlaBlaCar, Karzoo et même Twitter pour résoudre nos problèmes de transport ponctuels ou quotidiens, mais saviez-vous qu’il existe aussi des solutions de covoiturage Home Made ?

La voiture reste perçue comme un mode de déplacement souple et confortable, quoiqu’elle le soit de moins en moins. Difficile donc de convaincre la majeure partie d’entre nous d’y renoncer. Pour réduire le nombre de véhicules sur les routes et dépasser la moyenne luxembourgeoise de 1,2 personne par voiture (quand celle-ci pourrait en contenir 5), le covoiturage est une piste que certains ont décidé d’explorer.

La Touring Association Luxembourg, en tant que « think tank visant à trouver des solutions aux actuels problèmes de mobilité » (comme la définit son président Pascal Berchem), s’est donné pour mission de développer des services « prêts à l’emploi » pour les usagers de la route. Déjà à l’origine de 2 applications (Roadapp qui a enregistré plus de 25 000 téléchargements à ce jour et reçu le soutien du ministère du Développement durable et des Infrastructures, et Luxalert), elle peaufine actuellement sa propre plateforme de covoiturage : CoVo.

Au-delà de la volonté de proposer un nouveau BlaBlaCar en version associative, la TAL est motivée par la volonté de « sensibiliser les utilisateurs, de les encourager à être solidaires, de les mobiliser, afin qu’ils participent à la réduction du trafic ». Pour Pascal Berchem, il y a urgence à le faire pour des motifs écologiques évidents, mais aussi pour des motifs économiques : « Nous sommes presque 8 heures par jour en heures de pointe au Luxembourg ! Nous allons vers l’asphyxie de la croissance économique qui, bientôt, ne pourra plus se développer davantage parce qu’on ne pourra plus circuler. Il est juste avant midi ! », alerte-t-il.

Le confort et la qualité de vie sont d’autres arguments qu’il met en avant : entre les embouteillages et les difficultés à stationner, prendre sa voiture s’apparente de plus en plus à une corvée, selon lui. La question que s’est posée l’association est donc de savoir ce qui motive les conducteurs à continuer à perdre autant de temps seuls dans leur voiture, à accepter du stress, de la fatigue et des frais de déplacement toujours plus élevés au lieu de se tourner vers le covoiturage. Réponse : le manque de flexibilité. « Si nous prenons notre voiture 300 jours par an pour aller travailler, c’est pour être sûrs de pouvoir être rapidement auprès de nos proches en cas de problème, par exemple si la crèche appelle pour prévenir que notre enfant est tombé de la balançoire ou si on nous annonce que notre parent âgé a fait un malaise. Il faut donc garantir, à ceux qui opteraient pour le covoiturage, une solution en cas d’urgence », explique le président.

C’est ce sur quoi travaille actuellement la TAL : elle est en phase de prospection auprès des communes et des entreprises présentes dans les zones d’activités afin que celles-ci fassent levier sur leurs administrés ou sur leurs employés pour atteindre la masse critique nécessaire au fonctionnement d’un tel service. L’idée est de convaincre les communes de mettre à disposition des places de parking et les entreprises de constituer une petite flotte de véhicules « de secours » pour permettre à ceux qui sont venus en covoiturage de repartir à tout moment en cas de nécessité, et, partant de là, de développer une communauté autour de l’outil CoVo. Les organisations qui soutiendront cette initiative seront récompensées par le label Promobility, dont la charte est consultable sur promobility.lu

« Chacun a un intérêt à trouver au covoiturage : une meilleure qualité de vie et moins de frais pour les utilisateurs, des employés plus fidèles et plus productifs pour les entreprises, des citoyens qui retrouvent du lien social pour les communes », souligne Pascal Berchem. L’objectif que s’est fixé l’association est de réduire la circulation automobile de 25 % d’ici 2025.

Des initiatives privées voient également le jour. C’est le cas du portail covoit.lu, lancé en mai 2017, et développé par Paulo Carvalho, ingénieur informaticien au LIST, et son ami, Mickael Stefas. Très concerné par les questions environnementales, il a déjà monté plusieurs projets dans ce domaine. En créant Covoit.lu, son idée était, au départ, de mettre en place un service interne au LIST qui permettrait aux salariés de covoiturer pour rejoindre leur lieu de travail commun. Dans un second temps, il a élargi son projet à l’ensemble des conducteurs qui utilisent chaque jour leur véhicule au Luxembourg, dans la Grande Région, ainsi qu’à ceux qui ont un besoin ponctuel de déplacement vers Paris, Bruxelles ou Francfort. Ce qui le différencie des autres portails ? « D’abord, le service est entièrement gratuit : il n’y a ni abonnement ni échange d’argent entre conducteurs et passagers. Le but n’est en aucun cas lucratif, mais il est de contribuer à améliorer les conditions de trafic au Luxembourg, donc la qualité de l’air. Ensuite, c’est un produit local, qui a été développé et qui est hébergé au Luxembourg », explique Paulo Carvalho.

Côté public aussi on planche sur la question. Le ministère du Développement durable et des Infrastructures s’est donné pour mission de développer son propre outil pour favoriser le covoiturage : Copilote, c’est son nom, sera lancé fin 2017 sur l’ensemble du territoire et ce, en partenariat avec plusieurs grandes entreprises afin de booster sa mise en service, une certaine masse critique étant la clé du succès. La future application se veut dynamique, ergonomique et instinctive grâce à une géolocalisation instantanée des passagers potentiels et des conducteurs volontaires qui pourront ainsi se signaler en direct les uns aux autres. Elle sera assortie d’un système de bonus destinés à encourager la pratique : on parle d’incitations financières, de places de parking idéalement placées et peut-être même, à terme, de voies dédiées sur certaines portions !

Illustration : Katerina Pavlickova

Mélanie Trélat

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Publié le mardi 17 octobre 2017
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