Disparités, responsabilités et privilèges

Disparités, responsabilités et privilèges

Être femme ne s’appréhende pas de la même manière selon le lieu de naissance. Les disparités entre les hommes et les femmes sont malheureusement trop fréquentes et se basent sur la croyance infondée qu’une femme a par nature moins de valeur qu’un homme. Plutôt que d’opposer les genres, ne serait-il pas possible de souligner leur complémentarité ?

La question de la condition féminine doit à mon sens être observée en tenant compte de l’endroit dans le monde où vivent les femmes. En effet, en fonction du pays dans lequel vous êtes née, votre existence de femme va prendre des chemins bien différents, et plus ou moins faciles à parcourir.

Les disparités de traitement sont phénoménales, que vous naissiez en Inde, en France, au Danemark ou au Luxembourg, pour ne prendre en exemple que ces quatre pays. Il est déplorable que, sur notre planète, des petites filles soient encore ostracisées, maltraitées, voire assassinées parce qu’elles ont eu le malheur de naître dans un environnement qui les considère à tort comme inférieures. Le fait d’être femme ou d’être homme n’a pas à être abordé à travers une échelle de valeur graduée, l’un et l’autre n’étant ni meilleur, ni pire que l’autre.

Homme et femme, femme et homme, nous appartenons à la même espèce humaine. Si nous ne sommes pas similaires au sens anatomique du terme, nous sommes complémentaires et capables, pour autant que chacun y mette du sien, de coexister harmonieusement. Je suis convaincue que c’est dans l’éducation et la transmission que se trouve la clé pour que chaque être humain, peu importe son genre, puisse être accueilli et accepté tel qu’il est. C’est aujourd’hui la responsabilité de tous et de chacun que de faire grandir les nouvelles générations en leur offrant des fondations stables, les plus équilibrées possibles, car elles sont nécessaires au bien vivre ensemble et à l’innocuité.

En tant que femme née en Belgique et travaillant au Luxembourg depuis quasiment un quart de siècle (que le temps passe vite…), j’estime avoir beaucoup de chance. D’un point de vue personnel, j’ai eu la joie de porter et de mettre au monde quatre merveilleux enfants que j’aime à l’infini et dont je suis très fière. J’ai eu la chance de naître sous une bonne étoile, de parents éveillés qui m’ont permis de grandir dans un environnement, certes pas toujours parfait, mais néanmoins aimant et sécurisant, en étant toujours acceptée telle que je suis. J’ai épousé un homme bon, fier de nos enfants, et n’envisageant pas une seconde qu’une femme puisse être inférieure.

D’un point de vue professionnel, j’estime être également privilégiée en tant que Directrice de Bientraitance asbl. Les valeurs portées par les organisations qui ont fondé l’association (arcus, Caritas, Elisabeth, la Croix-Rouge luxembourgeoise, les Internats Jacques Brocquart, Lëtzebuerger Kannerduerf et Lënster Päiperlék) sont riches de sens. Ensemble, nous œuvrons au quotidien pour que des personnes en situation de vulnérabilité, hommes comme femmes, puissent être accompagnées avec bientraitance dans le respect de leurs besoins, de leurs droits et de leur individualité. Notre action éducative répond à une volonté de considérer et accompagner l’être humain dans sa globalité et ses spécificités, peu importe son origine ethnique, ses croyances, son genre, son âge, sa langue ou sa nationalité. Est-ce une façon pour moi de pallier les injustices du monde dont j’ai fait état plus haut ? Oui, certainement. Et je suis profondément reconnaissante de ce que la vie m’a apporté pour m’aider à atteindre cet objectif.

Virginie Stevens, directrice de Bientraitance asbl
Photo : Fanny Krackenberger

Article tiré du dossier du mois « Regards de femmes »

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Publié le vendredi 2 février 2024
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