Corps et environnement – Touche pas à mon territoire !

Corps et environnement – Touche pas à mon territoire !

Fin 2017, l’ASTM a entamé un nouveau partenariat avec l’association COLECTIVA FEMINISTA dans les départements ruraux de Cuscatlan et Cabanas, à l’est de la capitale San Salvador. Le projet vise à renforcer les capacités des jeunes femmes et adolescentes pour la défense et l’exercice de leur droit à disposer librement de leur corps ainsi qu’à la reconnaissance de leur droit en matière de protection et défense de l’environnement. L’approche du projet consiste à faire prendre conscience aux jeunes femmes et adolescentes que leur propre corps est comme un territoire qu’il s’agit de soigner et de protéger alors qu’elles s’impliquent dans la lutte des droits environnementeaux de leur communauté.

Les femmes jeunes et adolescentes de la zone du projet font face à diverses formes de violence, de discrimination et d’exclusion qui les empêchent de s’épanouir intégralement. Cela concerne autant leurs droits sexuels et reproductifs que leurs droits à un environnement sain et de qualité.

Violence sexuelle et droits bafoués

La société salvadorienne est caractérisée par de profondes inégalités. Dans ce contexte, la violence sexuelle est un sujet critique qui touche les femmes, les adolescentes et les petites filles. Cette violation systématique des droits se traduit par une forte prévalence des grossesses chez les plus jeunes. Parmi tous les pays d’Amérique latine, le Salvador connaît un des taux les plus élevés de grossesse chez les adolescentes âgées de 10 à 19 ans. Il y a eu des progrès importants réalisés ces dernières années, notamment avec l’approbation de lois contre la violence de genre et l’élimination des discriminations sexuelles. Malheureusement, en réalité, ces lois sont peu appliquées et sont insuffisantes.

La grossesse précoce détruit la vie de nombreuses femmes jeunes et adolescentes, les pousse à avoir recours à des avortements clandestins et risqués, ou les force à mener à terme des grossesses dangereuses ou encore à se suicider. Celles qui mettent fin à leur grossesse pour quelques raisons que ce soit risquent des peines de prison pouvant aller 10 à 30 ans. La loi de 1997 interdit l’IVG (Interrruption Volontaire de Grossesse) dans tous les cas.

Touche pas à mon corps

En soutenant COLECTIVA FEMINISTA, Action Solidarité Tiers Monde souhaite aider les femmes jeunes et adolescentes à prendre conscience et à renforcer leur droit à défendre et disposer librement, et sous aucune contrainte extérieure, de leur corps.

Pour cela, notre partenaire sensibilise les jeunes femmes au sujet des grossesses précoces et les accompagne à élaborer une stratégie de prévention à ce sujet. Des groupes d’animateurs aident les jeunes femmes à renforcer leur capacité de participation, de mise en réseau et d’engagement afin que leur santé soit améliorée et qu’elles puissent agir sur la grossesse précoce et la violence sexuelle.

Touche pas à mon environnement

En mars dernier, le Salvador a décidé d’interdire l’exploitation des mines de métaux pour protèger un écosystème devenu très fragile, mais encore faut-il créer les mécanismes qui en assurent l’application effective. En attendant la population doit affronter tous les jours les difficultés liées à cette situation : le manque d’eau douce (90% des eaux à la surface sont pollués), la désertifiation, la sécheresse, la perte de la biodiversité,… et l’épuisement des ressources naturelles en général.

La prise de conscience de ces problématiques se développe, spécialement chez les femmes qui s’inquiètent de la dégradation et destruction de leur territoire. Par contre, elles ne disposent pas d’une plateforme solide d’organisation au niveau local et départemental pour conduire une réflexion et pour agir. Autre problématique : lorsque les femmes agissent pour la défense de leur territoire, elles se heurtent à un manque de reconnaissance sociale. Les programmes gouvernementaux ne se concentrent pas encore suffisamment sur l’amélioration des conditions structurelles qui déterminent les inégalités dont souffrent les femmes et, parmi elles, les jeunes femmes. La participation dans les réseaux de militantes de l’environnement des Départements de Cabañas et Cuscatlán est encore trop faible.

COLECTIVA FEMINISTA met donc en place un processus de formation en partant d’une approche éco-féminisite pour les femmes engagées dans la protection et la défense de l’environnement.

“Pour nous, vivant en Europe, il est parfois difficile d’imaginer à quel point les conditions de vie peuvent être difficiles dans certains pays”, explique Gabriela Caceres, notre responsable projet Amérique Latine. “Au Salvador, les femmes sont exposées à des violences de toutes sortes, comme c’est le cas de Beatriz Garcia, 22 ans, qui a dû porter pendant 26 semaines un fœtus non-viable, ou Teodora Vasquez, qui vient d’être libérée après 11 ans d’emprisonnement suite à une fausse couche. Quand ces femmes, et milliers d’autres femmes et hommes, se battent pour défendre leur corps et leur environnement, c’est l’égalité, la justice et la vie qu’ils défendent.”

Au sujet de COLECTIVA FEMINISTA
COLECTIVA FEMINISTA travaille depuis 2014 avec différents groupes de femmes en les accompagnant dans leur processus d’autonomisation et de formation. Il collabore avec plusieurs centres d’éducation dans le cadre d’un accord avec les Ministères de l’Éducation et de la Santé. Cette expérience à permis à notre partenaire de connaître dans les détails les réalités, inquiétudes et demandes des femmes, en particulier quand elles s’impliquent dans les actions communautaires et en particulier les problèmes de harcèlement et de violence sexuelle.

Communiqué ASTM

Communiqué
Publié le vendredi 18 mai 2018
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