Coquillages et… isolation !

Coquillages et… isolation !

La prochaine fois que vous marcherez sur une plage, vous ne regarderez plus les coquillages sous le même angle !

De l’isolation, oui…

L’isolation performante de nos constructions ne faisant plus aucun doute, nous sommes en tant qu’auteurs de projets, prescripteurs, applicateurs ou encore consommateurs, amenés à poser un regard critique sur le choix de celle-ci.
Tout matériau de construction se décrit selon une liste de critères particulièrement longue et outre leurs propriétés physiques et chimiques, ce sont principalement leurs caractéristiques mécaniques, thermiques et acoustiques qui orientent nos choix, sans omettre la part esthétique ou pécuniaire.

Aujourd’hui, nos sociétés occidentales ont pour certaines bien entamé le virage vers plus de durabilité, d’autres s’en sont soucié depuis bien longtemps, et l’échiquier entier des matériaux s’en trouve bouleversé ; on demande désormais à ces derniers de ne pas trop épuiser notre terre mère, d’être fabriqués selon des procédés plus vertueux, d’améliorer leur recyclabilité, de présenter un bilan sanitaire compatible avec nos habitudes de vie… C’est donc un scanning complet qui est opéré. Encore faut-il que nos exigences soient compatibles avec nos portefeuilles !

Si l’offre est aujourd’hui étendue pour les isolants durables, elle l’est beaucoup moins lorsque se pose la question des isolants enterrés. On parle d’exigences mécaniques importantes (résistance à la compression), d’imputrescibilité, de capacités élevées d’étanchéité à l’eau ou de coefficient d’absorption d’eau faible à nul, de conservation des propriétés de résistance thermique, de conservation de stabilité dimensionnelle ou encore de neutralité chimique afin de ne pas affecter nos sols. Dans ces conditions délicates et suivant que l’on isole une paroi de déperdition verticale ou horizontale, les candidats potentiels portent des noms tels que verre cellulaire (sous forme de panneaux ou en vrac), polystyrène extrudé ou expansé (dans certains cas), polyuréthane (également dans certains cas) ou encore argile expansé.

… Mais, un peu plus naturelle ?

Et voici nos « fameux » coquillages, directement issus de la mer ! Le département R&D de Dame Nature a travaillé durant des millions d’années pour nous apporter ce produit en carbonate de calcium prêt à l’emploi, extrêmement durable, naturel et disponible dans de très grandes quantités (à titre d’exemple, le stock de coquillages norvégien est réputé inépuisable tandis qu’annuellement, la seule mer des Wadden produit 200 000m³ de coquilles exploitables.

Ainsi, les coquillages qui tapissent le fond des mers constituent d’énormes couches en constante accumulation ; lors de la récolte (Escaut oriental, mer du Nord, mer de Zélande, mer des Wadden), les précautions nécessaires sont prises pour préserver l’écosystème et les lieux de récolte sont déterminés à l’avance. Les coquilles sont aspirées depuis les bateaux puis, toujours à bord, dessalées et débarrassées des éléments organiques par un procédé durable de lavage à l’eau, pour être finalement tamisées selon deux calibres : des coquilles d’un diamètre de 15 à 33 millimètres pour la couche d’isolation et d’étanchéité (600 à 650 kg/m³) ou des coquilles d’un diamètre de 3 à 15 millimètres pour la couche de nivellement. Une fois à terre, ils sont à nouveau lavés à l’eau douce pour être transportés en vrac par camions et directement soufflés sur le chantier.

Caractéristiques, mise en oeuvre et applications

D’origine naturelle, nous sommes donc ici en présence d’un matériau à très haut degré de qualité sanitaire, sans aucun adjuvant, imputrescible, non-polluant et non-contaminant, entièrement recyclable par réemploi et qui bénéficie de nombreux rapports de qualification technique ainsi qu’une certification environnementale (KIWA – NL BSB® K21034). Dans le cadre de travaux d’isolation horizontale, disposés à même le sol (par soufflage ou déversage manuel) et pour autant que l’on respecte une épaisseur minimale de 25 cm, les coquillages créent une couche anticapillaire empêchant toute remontée d’eau et assurant un drainage permanent ; mieux encore, cette couche est capable d’empêcher le passage du radon et même de certaines ondes radio ; composée d’air immobile dans une proportion d’environ 75 %, la fonction isolante est assurée dans une première mesure, rien n’empêchant la mise en œuvre d’une épaisseur plus importante afin d’atteindre le standard souhaité. Les valeurs de résistance thermique avancées par la TU Delft -Technische Universiteit Delft- annoncent 2,8 m2KW-1 pour 30 cm de coquilles. Ces caractéristiques procurent par extension une isolation acoustique importante.

Dans le cadre d’une mise en œuvre en remplissage de vides sanitaires, les coquillages créent une couche d’air statique faisant office de « tampon » sous le plancher, chaude et sèche, empêchant tout développement de moisissures, parasites et autres champignons et rendant toute ventilation de ces vides inutile.

Dans le cadre d’une mise en œuvre sous une dalle sur terre-plein et selon certaines précautions limites quant aux charges appliquées par cette dalle sur le sol, les coquillages pourront être appliqués en deux couches : une première couche isolante et anticapillaire d’une épaisseur minimale de 25 à 30 cm constituée de calibres de 15 à 33 mm et une seconde couche de nivellement, damée, d’une épaisseur d’environ 5 cm constituée de calibres de 3 à 15 mm (coquilles concassées) ; les couches constitutives supérieures sont identiques à une mise en œuvre classique et l’ajout d’une seconde isolation est bien entendu toujours possible afin d’atteindre la valeur de résistance thermique souhaitée.

Source : NEOBUILD VEILLE TECHNOLOGIQUE

NEOMAG#17
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Publié le jeudi 15 novembre 2018
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