Construire la santé de demain au Bénin et au Togo

Construire la santé de demain au Bénin et au Togo

En Afrique de l’Ouest, la Fondation Follereau Luxembourg multiplie les initiatives pour rapprocher les soins des populations isolées. Grâce à la construction de centres de santé et à un accompagnement communautaire, elle renforce durablement la santé maternelle et infantile au Bénin et au Togo.

À Kitikpli, dans le centre-ouest du Bénin, la sage-femme Mathilde Boton dirige la maternité depuis bientôt quatre ans. Avant la construction du centre, les habitants devaient parcourir plusieurs kilomètres pour consulter un médecin. Aujourd’hui, son équipe accueille une vingtaine de naissances chaque mois. C’est pour réduire cette distance que la Fondation Follereau Luxembourg (FFL) agit aux côtes des partenaires et des autorités locales.

« Nous sommes impliqués dans la construction de centres de santé », explique Liz Hof, chargée de projets à la FFL. « Ces structures s’inscrivent dans des programmes politiques nationaux de promotion de la santé communautaire et infantile, destinés à offrir des soins de base dans des zones rurales reculées, parfois situées à plus de 15 kilomètres du centre le plus proche. »

Liz Hof et Élisa Molina
Liz Hof et Élisa Molina - © Aurélien Ernst

Cette maternité fait partie des onze structures financées entre 2021 et 2025 par la Fondation Follereau Luxembourg : trois au Bénin et huit au Togo. Avant chaque construction, les partenaires de terrain consultent les habitants et les autorités locales afin d’identifier les zones où le besoin est le plus pressant. « En raison de l’isolement de nombreux villages, les patients doivent souvent se rendre à pied au centre de santé le plus proche. Ces déplacements restent un critère déterminant pour choisir l’emplacement », souligne Élisa Molina, également chargée de projets.

Chaque construction suit un même modèle, défini par les normes des ministères de la Santé, afin de pouvoir s’intégrer pleinement dans la pyramide sanitaire nationale : un bâtiment principal avec une pharmacie et plusieurs salles pour les accouchements, un château d’eau et des logements pour le personnel médical. « L’électricité provient de panneaux solaires, car la plupart des villages ne sont pas raccordés au réseau. L’eau du château est, elle, accessible à tout le village. Ces infrastructures permettent non seulement d’améliorer les conditions de vie, mais aussi de renforcer la cohésion autour d’un bien commun essentiel : la santé. »

L'un des nombreux centres médicaux
L’un des nombreux centres médicaux - © Aurélien Ernst

Chaque projet est participatif. Les terrains sont choisis en collaboration avec les chefs de village et les autorités sanitaires locales. La FFL prend en charge la construction et les frais de fonctionnement pendant trois ans avant de transférer la gestion aux autorités locales. « Nous voulons initier un modèle durable, pas dépendant de nous à long terme », précise Élisa Molina.

Des maternités adaptées et des résultats tangibles

Dans certains villages, les constructions doivent s’adapter à un contexte unique. Au sud du Bénin, une maternité a, par exemple, été bâtie sur pilotis dans une zone marécageuse, accessible uniquement en barque. « Le transport du matériel a pris du temps, mais cette maternité répond à un besoin vital », raconte Liz Hof.

Chaque centre est aussi équipé d’une moto-ambulance, indispensable pour les urgences dans ces zones où les routes restent difficiles d’accès.

Les résultats sont visibles. En 2024, les trois maternités de Lokpodji, Kitikpli et Konkondji ont enregistré plus de 2.400 consultations prénatales et 540 accouchements. « Les taux de fréquentation augmentent d’année en année, souvent grâce au bouche-à-oreille », observe Élisa Molina. « Les femmes viennent de plus en plus nombreuses accoucher dans ces structures, encouragées par les témoignages positifs des premières bénéficiaires. » Parmi elles, Micheline Data a donné naissance à deux enfants dans la maternité de Konkondji. Aujourd’hui encore, elle s’y rend régulièrement pour soigner son fils atteint de malnutrition et d’une infection alimentaire.

Au sud du Bénin, une maternité a été bâtie sur pilotis dans une zone marécageuse, accessible uniquement en barque.
Au sud du Bénin, une maternité a été bâtie sur pilotis dans une zone marécageuse, accessible uniquement en barque. - © Aurélien Ernst

Soigner, sensibiliser et impliquer

Au-delà des constructions, la FFL mise sur la prévention et la sensibilisation. « La médecine traditionnelle occupe encore une place importante dans les communautés. Plutôt que de s’y opposer, nos programmes s’appuient sur cette réalité en impliquant directement les praticiens traditionnels dans les activités de sensibilisation et de prévention, mais aussi au référencement des malades vers les structures de soins. »

Des équipes médicales mobiles sillonnent également les villages pour proposer consultations, vaccinations et dépistages. « C’est une manière d’atteindre ceux qui n’ont pas les moyens de se déplacer jusqu’au centre », précise Liz Hof.

En parallèle, des agents de santé communautaire sont formés pour sensibiliser la population, et les Comités de gestion (COGES), entièrement constitués de membres de la population locale, veillent à l’entretien des installations.

- © Aurélien Ernst

Un modèle durable ancré dans la communauté

Malgré des défis persistants – manque de personnel, retards administratifs, routes impraticables –, les progrès sont concrets. Les communautés s’approprient les centres, participent à leur gestion et renforcent leur cohésion autour d’un bien commun : la santé.

Au-delà des briques et du béton, chaque maternité et chaque centre de santé construit par la Fondation Follereau Luxembourg poursuit une ambition claire : celle de rapprocher la santé de ceux qui en ont le plus besoin.

Sébastien Yernaux
Photos : Aurélien Ernst
Extrait du dossier du mois « Du plan à l’impact »

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Publié le jeudi 4 décembre 2025
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