Avec « Luxemburden », la photo lève le voile sur la précarité au Luxembourg

Avec « Luxemburden », la photo lève le voile sur la précarité au Luxembourg

Jef Van den Bossche est un photographe belge. En collaboration avec la Stëmm vun der Strooss, il dévoile une série de photographies titrée « Luxemburden », documentant la précarité et le sans-abrisme au Luxembourg.

Comment est née votre collaboration avec la Stëmm vun der Strooss ?

Jef Van den Bossche
Jef Van den Bossche

Jef Van den Bossche : J’étais à la recherche d’un nouveau projet et je suis tombé sur un article qui parlait de la problématique des prix et de l’accès au logement au Luxembourg. J’ai voulu creuser, mais ce sujet n’a pas une grande couverture médiatique en dehors du pays. J’ai quand même trouvé un documentaire Arte sur la pauvreté au Grand-Duché.

J’ai ensuite contacté la Stëmm vun der Strooss, qui œuvre en faveur de l’intégration sociale et professionnelle de personnes défavorisées, pour en discuter. J’ai rencontré la directrice de l’association Alexandra Oxacelay, qui était ravie que je m’intéresse à leur travail.


« Collaborer avec Jef Van den Bossche sur un reportage photo, c’était un peu comme ’découvrir un oeil flammand sur une réalité luxembourgeoise’. Personnellement, j’ai trouvé l’expérience non seulement très valorisante pour le travail réalisé au quotidien par la Stëmm vun der Strooss, mais également nouvelle et enrichissante. À refaire absolument ! »

Alexandra Oxacelay, directrice de la Stëmm vun der Strooss

Quelle était votre perception du Luxembourg avant votre reportage documentant la précarité et le sans-abrisme ?

Comme beaucoup, je connaissais surtout le pays comme étant le plus riche d’Europe, où les salaires sont élevés et l’économie a une place très importante. J’étais déjà venu au Luxembourg quelques fois ces dernières années et j’ai vu des personnes sans-abris dormir dehors, comme dans la majorité des grandes villes. Mais je n’avais pas conscience de l’ampleur du problème.

© Jef Van den Bossche
© Jef Van den Bossche

Votre point de vue a-t-il changé après que vous soyez allé à la rencontre des personnes que vous avez photographiées ?

Bien sûr ! J’ai compris l’importance de la question du logement et j’ai été très surpris qu’un pays comme le Luxembourg ne puisse pas aider ceux qui y sont confrontés. Je ne pense pas que ça soit un souci de budget pour l’État, donc cela reste assez incompréhensible. J’ai aussi constaté que la drogue est un vrai problème dans le pays, surtout dans ces milieux précaires.


« Cette série photographique révèle les visages et les histoires de ceux que la crise du logement a laissé sans toit, dans un État qui protège la finance mais pas toujours ses habitants. »

Extrait de l’introduction de la série de photos intitulée « Luxemburden », par Jef Van den Bossche

Justement, comment se sont passés ces rencontres ?

Je me suis rendu dans l’un des restaurants sociaux de la Stëmm, je me suis présenté et j’ai expliqué ma démarche. J’ai discuté avec toutes sortes de personnes qui m’ont raconté leur histoire : des gens qui sont nés au Luxembourg, d’autres pas, des couples, des personnes isolées, des jeunes, des moins jeunes… Certaines n’ont pas voulu que je les prenne en photo, mais d’autres m’ont emmené en ville pour me montrer leurs conditions de vie.

Qu’est-ce que vous aimeriez que cette série de photos provoque ?

Pour moi, le plus important serait qu’elle change quelque chose pour ceux que j’ai photographiés et tous ceux qui font face à la pauvreté, en faisant évoluer l’opinion publique ou peut être en interpellant le gouvernement…

© Jef Van den Bossche
© Jef Van den Bossche

En tant que photographe, que retirez-vous de cette expérience ?

J’ai plutôt l’habitude de faire un travail commercial ou pour des journaux en Belgique. Dans mon travail personnel, j’ai déjà fait des documentaires « sociaux », mais cette fois-ci c’était différent. Pour ma collaboration avec la Stëmm, j’ai commencé par parler avec mes sujets, pour leur expliquer mon projet et écouter leur parcours. C’est seulement ensuite que je les ai pris en photo. Ça a été l’occasion d’expérimenter une nouvelle façon de travailler.

Propos recueillis par Léna Fernandes
Photos : © Jef Van den Bossche

Article
Publié le vendredi 31 octobre 2025
Partager sur
Nos partenaires