Au bout du chemin

Au bout du chemin

Il y a cet enfant, cette femme, il y a ces familles, ces communautés, des gens du bout du monde que l’on ne croisera jamais, que l’on a très facile à ignorer.

Sur ces chemins cabossés, vertigineux, sur ces terres malmenées, difficiles, une vie humaine si précaire a trouvé refuge depuis l’aube des temps. On y raconte même que Bouddha y serait né… Sur ces terres lointaines, dont le nom dériverait du sanskrit nipalaya qui signifie « au pied des montagnes », la vie s’est installée.

Les équipes d’Infogreen ont enfilé leurs bottes des sept lieues pour découvrir aux côtés d’AEIN – Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal, ONG partenaire, les projets qu’elle porte au Népal, qui pour certains ont aussi été soutenus par notre chaine de solidarité… Voyage.

Voyage au cœur d’une vie difficile sur un territoire rude fait de hautes, très hautes montagnes, la chaîne la plus élevée de notre globe avec des sommets culminants allègrement à plus de 8 000 mètres d’altitude.

Rencontre avec ces visages tannés, marqués par un soleil qui règne sans partage sur des régions comme celle du Téraï, où l’aridité des sols est extrême et produit cette poussière qui plane comme un nuage permanent au-dessus des villes et villages traversés.

Découverte de cette pauvreté qui pousse les hommes en âge de travailler, souvent à partir de 12,13 ans, à quitter leur domicile et leur village pour gagner quelques roupies de plus à l’étranger (Inde, Émirats, Qatar…).
Atterrissage sur ce pays qui marque tant le voyageur, le globetrotter, cette contrée mythique qui reste dans les mémoires de fan des Beatles et des post baba cool,
Face à face avec… le Népal.

Le cadre

Il faut savoir que le Népal n’est pas qu’une offre touristique sur nos brochures de voyage, bien entendu il est d’abord connu pour les amateurs de trekking pour ces pistes incroyablement spectaculaires et ses multiples activités de montagne, la république démocratique du Népal (sous-entendu république communiste maoïste), entourée au Nord par la Chine et le Tibet, au Sud par l’Inde, est peuplée d’une soixantaine d’ethnies et castes. Sa capitale mondialement connue est Katmandou, c’est aussi la plus grande ville du pays. La majorité du territoire est couverte par la chaîne de l’Himalaya avec son point culminant le mont Everest, plus haut sommet du globe. Le Népal compte plus de 30 millions d’habitants et s’étend sur une bande de terre qui fait environ 800 km de long sur 200 km de large.

Géographiquement, on peut le diviser en trois grandes zones : la zone montagneuse de l’Himalaya, la zone des collines dite des moyennes montagnes qui couvre la zone médiane du pays et la région plane du Téraï.
Et évidemment, le Népal est un des pays les plus affectés par le changement climatique, entre réchauffement climatique et fontes des glaciers, la vie au Népal est menacée frontalement…

La situation économique, sociale et religieuse

Le Népal est sans surprise l’un des pays les plus pauvres au monde avec un revenu annuel moyen compris entre 700 et 1000 euros. Le taux d’illettrisme, de pauvreté et de mortalité infantile y est élevé, toutefois on peut constater de vrais efforts sur ces points ces dernières années.

80% de la population est hindouiste, environ 10% bouddhistes, puis musulmane (5%). Les relations interreligieuses sont apaisées même si sur le plan social, les populations musulmanes sont bien souvent les plus touchées (en ville) par la pauvreté.

Il existe de grandes disparités entre les villes et la campagne. La population rurale est beaucoup plus exposée à la pauvreté et à la misère. L’accès à l’eau, à une alimentation régulière, à l’éducation, le droit des femmes et des enfants, l’accès à la formation et à l’éducation… sont vraiment problématiques. Seul 20% de la superficie du pays est cultivable entraînant une déforestation importante.

L’action d’Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal (AEIN)

L’ONG AEIN est active sur la zone Inde et Népal depuis plus de 55 ans, elle y développe une vingtaine de projets, 7 en Inde et 13 au Népal. Sa mission est simple : récolter au Luxembourg des fonds privés et publics pour financer des programmes et projets. Sur place, ils sont coordonnés par des associations locales.
Les populations elles-mêmes font remonter leurs besoins aux associations locales qui soumettent les dossiers à AEIN.

Les populations cibles sont les castes « inférieures », les indigènes, les paysans, les femmes et les enfants. La mission de l’ONG est de protéger les droits de ces populations, d’agir sur le plan écologique (agriculture, lutte contre le changement climatique), sur l’éducation et la formation, la création de revenu et la santé des bénéficiaires.

Les équipes d’Infogreen - Sara et Frédéric Liégeois - ont eu la chance d’accompagner l’ONG luxembourgeoise AEIN pour un périple de quinze jours entre le 08 et le 21 avril 2023 au Népal, à la découverte de ces multiples initiatives portées par l’association en faveur des plus démunis, des plus isolés, de celles et ceux si éloignés de tout ce qui fait notre société.

Les projets

Entre la région de Surkhet où l’association a inauguré la construction d’un château d’eau connecté à un réseau d’alimentation d’eau déployé vers quelques 125 maisons actuellement et dans quelques mois vers 600 maisons, garantissant l’accès à l’eau potable de 6.000 habitants.

Dailekh, ville de montagne et la rencontre de la dernière population de nomades du Népal les « Rauté », qui a elle seule est le symbole d’une diversité culturelle, d’une richesse historique et sociale, d’un véritable patrimoine immatériel vivant pour lesquels le challenge est avant tout de protéger leur mode de vie.

Entre l’accompagnement des populations aux terres agricoles d’altitude en palier de la région montagneuse de Thatikandh Rural Municipality, où les bénéficiaires sont formés à l’agriculture durable, principalement les femmes, qui assurent la subsistance de la famille, et dans cette même région par un programme de soutien à plus d’une vingtaine d’écoles dont 7 qu’elle a complètement rénovés.

Entre les projets de la région du Téraï, bien plus chaude et aride dans le secteur de Bardibas, le petit village de Nahar Tol Malnagawa où l’on découvre un « community learning center », centre de formation communautaire, un programme de sensibilisation aux « mauvaises traditions » comme le mariage des enfants mais aussi une formation à l’agriculture durable…

Entre ces 4 sites proches de Janakpur où AEIN forme, sensibilise et renforce les conditions de vie des femmes et protection de l’enfance, pour terminer en apothéose avec le projet de Bethanchowk Rural Municipality et la construction complète d’une école au sommet de ce petit village perché dans les hauteurs qui accueille depuis cette année 120 enfants et à terme plus de 200 élèves de 6 à 15 ans dans d’excellentes conditions.

Les projets portés par AEIN témoignent d’une volonté profonde d’être à l’écoute des besoins de ces populations si fragilisées et isolées.

Au bout du chemin, il y a encore du chemin !

Mais une fois arrivé… vous verrez, la vue est si belle, il y a tant de couleurs, de vie, d’espoir partagé. Celui des populations si heureuses de vous recevoir, car c’est partie intégrante de leur savoir-vivre, l’accueil, la générosité, le sourire mais aussi l’espoir dans le cœur des bénévoles et membres de l’ONG qui voit la portée bénéfique de leurs actions.

Au bout du chemin, vous entendrez le chant de ces femmes, les rires de ces enfants, la chaleur humaine de ces familles qui ont retrouvé goût à la vie. Car oui, il n’y a pas que la misère, il y a d’abord la VIE, en « l’être capital ». C’est ce qui est si bouleversant au fond.

Au bout du chemin, vous croiserez peut-être Shiva, Ambu, Rasmi, Nawa, Hira, Priyanka, Rosita, Sampada, Shabir, Jibraj qui vous ouvriront leurs bras, leurs vies, leurs histoires…

Au bout de ce chemin vous rencontrerez sûrement la bienveillance de Françoise, les rires de Julien, la gentillesse de Tara, la douceur de Liliane, la pétillance de Christine, l’énergie, les sourires et la générosité de Ramesh… et, qui sait, peut-être aussi Sara et Frédéric à leurs côtés.

Merci à toutes et tous, vous nous avez donné une leçon d’humanité, de philanthropie, une leçon d’amour, de courage, d’engagement. Vous avez su nous transmettre toute cette énergie vitale nécessaire pour porter et développer vos projets. Et du Népal, nous revenons grandis. Nous avons certainement laissé un peu de nous là-bas mais nous sommes riches de ces rencontres si humaines, de ces lieux, de ces histoires toutes plus uniques les unes que les autres. On voudrait ne plus arrêter d’écrire, raconter, témoigner qu’il existe un monde… ailleurs.

Nous vous disons à toutes et tous « Namasté », « bonjour en Népalais » car cette aventure n’est qu’un point de départ...

Frédéric Liégeois
Photos Sara Liégeois

Article
Publié le lundi 15 mai 2023
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