Une stratégie nationale ambitieuse en matière de mobilité durable

Une stratégie nationale ambitieuse en matière de mobilité durable

Entretien exclusif avec François Bausch sur les actions du gouvernement en faveur de la multimodalité

 

La Tram est une vitrine fantastique pour l’éco-mobilité, pour la qualité de vie et les déplacements en Ville. Compte tenu du bassin de population, un tel projet est-il commercialement viable et autonome ?

La seule prise en compte du bassin de population n’est pas suffisante pour apprécier la viabilité commerciale d’un projet comme celui du tram. La Ville de Luxembourg est une capitale qui se doit d’être dotée d’un système de transport performant afin d’offrir aux habitants, aux visiteurs et aux navetteurs des conditions de transports publics attrayantes. Il en va de notre avenir et de notre capacité à résister à la concurrence des grandes capitales européennes. Disposer d’un réseau de transport moderne qui facilite la vie au quotidien, améliore la qualité du vivre ensemble, réduit les nuisances en étant plus respectueux de notre environnement constitue un investissement durable. L’attractivité d’une ville agréable à vivre est de nature à promouvoir une croissance économique qui sera profitable à long terme et au plus grand nombre.

C’est dans ce contexte et avec une vision de développement de l’offre de transport public à l’échelle du pays que nous concevons notre première ligne de tram.

Monsieur Bausch, le projet Tram Luxembourg est en route, la phase de mise en œuvre est déjà initiée, l’enveloppe budgétaire allouée… Comment et par quel moyen faire le lien avec la population sur la future gêne occasionnée par les travaux en Ville ?

Nous avons décidé de réaliser le projet tramway en plusieurs tronçons afin d’éviter l’installation d’un chantier de 16 km de long. Ceux qui prédisaient un chantier « pharaonique » seront surpris de la rapidité de réalisation du premier tronçon qui reliera Luxexpo au Pont Rouge dans moins de 24 mois, au second semestre 2017. Les réalisations récentes de projets tramways, dans de nombreuses villes européennes, montrent que la période des travaux est bien sûr un passage délicat, mais vite surmonté au lendemain de la mise en service, grâce aux nouveaux services de transports publics et aux nombreux bénéfices apportés à l’ensemble de la population. La réalisation de notre ligne mobilisera bien évidemment les équipes de Luxtram qui assureront la communication et la concertation avec les habitants et les nombreux riverains concernés par ce chantier.

Pourriez-vous nous préciser à nouveau le calendrier des travaux ?

Les travaux de construction du « neien Tramsschapp », qui ont démarré début de cette année, sont bien engagés. La réalisation de la ligne proprement dite commencera début 2016 avec les travaux de préparation et de déviation des réseaux, suivis de la réalisation de la plateforme et de la pose des rails. La première rame sera livrée début 2017 et permettra de réaliser les premiers essais et la marche à blanc avant la mise en service commerciale du 1er tronçon de la ligne au second semestre de la même année.

Monsieur le ministre, récemment inaugurée, la plateforme Carloh’ reflète la volonté de notre capitale d’œuvrer vers des systèmes de transports alternatifs et durables à l’instar des grandes métropoles européennes. Selon vous, l’offre est-elle suffisamment claire pour nos concitoyens et n’y a-t-il pas risque de cannibalisation entre tous ces moyens de transports alternatifs proposés Veloh’, Carloh’, Tram, bus, train…

Non, pas du tout, je suis d’avis que tous ces moyens de transport se complètent parfaitement entre eux. Ce sont tous des maillons de la multimodalité, qui nous permet de composer notre trajet journalier, qu’il soit professionnel ou privé. La mobilité douce est l’un des principaux piliers de la mobilité durable, surtout pour des trajets en-dessous de 400 m jusqu’à 4 km. L’auto-partage et le covoiturage, quant à eux, réduisent l’impact de la voiture en milieu urbain. La combinaison train-tram-bus est la mieux adaptée pour remédier aux problèmes de congestion de la Ville de Luxembourg et de sa proche périphérie. Au niveau national et transfrontalier, le réseau bus, qui sera réorganisé, jouera un rôle complémentaire au train, en particulier dans les déplacements domicile-travail.

Ces initiatives locales sont intéressantes mais donnent aussi l’idée que les projets locaux prennent le pas sur la politique nationale. Y-a-t-il coordination entre les différentes couches institutionnelles -Communes, syndicats intercommunaux et Etat- pour atteindre ensemble les objectifs de mobilité douce fixés ?

N’oublions pas qu’a priori, bon nombre d’initiatives de poids sont prises par l’État. Je pense par exemple au tram dans la Ville de Luxembourg dont 2/3 du budget sont financés par l’État. Ou bien la multiplication des pôles d’échange, reliés directement par le tram, qui permettent aux utilisateurs des transports en commun de changer facilement de mode de déplacement. Sans oublier le car-sharing instauré par la Ville de Luxembourg qui est accompagné activement par le Gouvernement, en vue d’une extension à niveau national.

Le gouvernement du Grand-Duché s’est fixé comme objectif d’atteindre dès 2020 un modal split de 25 % pour la mobilité douce. Dans cette optique, en février de cette année, la loi sur le réseau cyclable national a été votée. Elle prévoit de doubler le réseau cyclable national en le faisant passer de 650 km à quelque 1.400 km. Sur ce réseau viendront se greffer de plus en plus de réseaux cyclables communaux. En effet, la loi prévoit la possibilité de l’État de subventionner sous certaines conditions des raccords au réseau national. Une « Cellule mobilité douce » créée au sein de mon ministère et une « Division de la mobilité durable » près les Ponts et Chaussées ont toutes les deux pour mission d’orienter et d’assister les communes dans leurs démarches.

Depuis l’entrée en vigueur de la loi, plus de 100 projets en vue du renforcement du réseau ont été identifiés. La consigne est claire : lors de la construction de toute nouvelle infrastructure routière, la mobilité douce doit être prise en compte.

Propos recueillis par FL

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Publié le vendredi 27 novembre 2015
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