Une chaîne de valeur à créer

Une chaîne de valeur à créer

Biosourcé, réutilisable, biodégradable, stockeur de carbone, pourquoi ne pas utiliser localement le bois que nous avons mis des centaines d’années à faire pousser, surtout quand on a un surplus de production ?

Interview de Laurent Federspiel, Director Sector Development & Cluster Initiative

Pourquoi un Wood Cluster au Luxembourg ?
La seule ressource naturelle encore disponible au Luxembourg est le bois. Or, elle n’est pas pleinement exploitée. La majeure partie du bois abattu en Europe est envoyé en Chine, ce qui est un non-sens car la demande locale reste forte. Nous affichons par ailleurs un excès de production qui a pour conséquence le vieillissement de nos arbres les rendant inexploitables. La cause de cette situation est le manque de lien entre les maillons de la chaîne de valeur : le producteur ne connaît pas les besoins des menuisiers, qui eux-mêmes ne savent pas où se procurer du bois luxembourgeois ; l’industrie nécessite un approvisionnement régulier dans des quantités importantes mais la majorité des propriétaires forestiers ne possèdent que 1 à 3 ha ; quant au consommateur, il n’a pas le réflexe d’acheter local. De plus, la filière compte de moins en moins de professionnels, faute d’intérêt économique. L’objectif du cluster est d’identifier les besoins des acteurs et de les aider à renouer pour valoriser notre production.

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Quelques pistes de travail concrètes ?
Nous avons identifié quelques projets potentiels, mais il est important de revoir notre plan d’actions avec les acteurs concernés. Parmi nos propositions figure une collaboration avec le parc à grumes de Saint-Avold dans le cadre de ventes aux enchères bois de qualité supérieure, la signature de contrats avec des grandes entreprises type Kronospan qui sont des consommatrices assidues de bois, des recherches sur le hêtre et la formation à sa mise en œuvre pour répandre son utilisation dans la construction. Enfin, nous souhaiterions travailler avec le ministère du Développement durable et des Infrastructures sur l’intégration du bois dans les bâtiments publics pour montrer l’exemple. En créant de nouveaux métiers et compétences, nous accroîtrons la demande et la valeur.

La filière compte-t-elle suffisamment d’acteurs économiques pour satisfaire la demande ?
Notre projet vise la Grande Région. Le Luxembourg étant trop petit pour assumer seul toute la chaîne de valeur, nous allons prendre contact avec la Lorraine, la Wallonie, la Rhénanie-Palatinat et la Sarre pour voir si chacun peut se spécialiser sur différents axes afin de garantir le volume et la disponibilité des différentes essences. 

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

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Publié le jeudi 4 mai 2017
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