Un nouveau système constructif plus durable et plus rapide à mettre en œuvre

Un nouveau système constructif plus durable et plus rapide à mettre en œuvre

Pour éviter les proliférations d’algues et de lichens sur des façades isolantes de même que les problématiques futures liées au traitement du styropor, Kuhn Construction a choisi de construire des maisons et résidences en utilisant un bloc qui intègre une isolation minérale.

Interview de Günter Hormisch, directeur technique et administrateur chez Kuhn Construction S.A.

En tant qu’entreprise générale de construction, quelle évolution constatez-vous dans le secteur ces dernières années et comment vous y adaptez-vous ?
Depuis la réglementation de 2007 sur la performance énergétique des bâtiments, les exigences augmentent et on voit régulièrement apparaître des produits innovants et de nouvelles méthodes de travail, ceci en vue de se conformer aux prescriptions et aux normes de performance énergétique des bâtiments d’habitation.

Néanmoins, l’utilisation de nouveaux produits n’est pas toujours bénéfique dans la mesure où, au cours des dernières années, le marché de la construction a très souvent opté pour la mise en œuvre de façades isolantes en employant du styropor et des enduits minces aux silicones (Silikonhartzputz), ceci en vue de se conformer aux prescriptions en matière de performance énergétique. De manière intrinsèque, les enduits minces et hydrophobes favorisent le dépôt d’algues et de lichens, ce à quoi l’industrie a réagi en introduisant des fongicides et algicides chimiques. Or, ce n’est aujourd’hui plus faisable du fait que la réglementation devient plus restrictive. Résultat : au bout de 2 ans, on voit des façades qui commencent déjà à verdir. Par ailleurs, depuis le 30 septembre, les produits anti-flammes contenus dans les polystyrènes, qui sont les isolants les plus courants, ont été classés comme déchets dangereux dans toute l’Europe. À l’avenir, l’évacuation du styropor deviendra plus difficile et plus coûteuse. C’est dans cette optique que nous avons réfléchi à la façon dont nous pourrions travailler différemment afin d’éviter ces problèmes.

Quelles sont les solutions alternatives à cette problématique ?
Prenons, à titre d’exemple, des blocs dont les alvéoles sont remplies avec de la laine minérale ou de la perlite. Ils répondent précisément à l’entièreté des exigences actuelles en matière physique, thermique, acoustique, etc. Ils ne sont constitués que de matériaux naturels et ne contiennent donc aucun produit toxique. Ils offrent une isolation thermique qui respecte les normes en vigueur, une excellente inertie thermique, une bonne isolation acoustique liée à la masse et une régulation adéquate de la température et de l’hygrométrie intérieures, des matériaux absorbant la chaleur et l’humidité pour les restituer dans l’air ambiant lorsqu’il fait plus sec et plus frais. C’est également un matériau qui affiche une haute longévité dans le temps, qui est résistant au feu et qui évite la prolifération d’algues et de lichens. Après avoir participé à des séminaires organisés par un fabricant, consulté les documentations techniques et apprécié leur rendement, nous avons choisi de construire avec ces monoblocs et d’y apposer un enduit à la chaux qui, de par son pH alcalin, repousse les algues et les lichens. Autrement dit, des blocs qui permettent de construire des murs qui « respirent ».

Avez-vous déjà une expérience dans la mise en œuvre de ce système ?
Nous travaillons, depuis quelques mois, à la réalisation, avec ces monoblocs, d’un lotissement à Abweiler. Celui-ci comprend 11 maisons, dont 3 sont déjà achevées et les 3 suivantes sont en cours de construction. Nous avons également décidé de construire 35 maisons supplémentaires avec le même système à Soleuvre dans le lotissement Ennert dem Dreisch. Toutes seront AAA.

Quel feedback avez-vous reçu de la part de vos équipes ?
La 1re chose que nous avons entamée était de former nos techniciens. Ils ont très rapidement appréhendé les vertus de ce système. Ensuite, nous avons formé nos ouvriers pour la mise en œuvre. Le fabricant a envoyé des formateurs sur le terrain pour montrer à nos maçons la méthodologie de travail. Le feedback des chefs de chantier a très vite été positif. Ils ont surtout apprécié la facilité et la propreté : avec des joints de 1 à 2 mm, on n’utilise qu’un huitième du mortier nécessaire pour une maison en blocs standard, ce qui signifie moins de préparation, moins de manutention, mais aussi moins de déchets.

Ce système est aussi une nouveauté pour les architectes, qui, de leur côté, doivent adapter les projets en connaissance de cause. Il faut donc, dès le départ, décider de construire avec ce matériau et en tenir compte lors de l’élaboration de l’architecture. Nous avons bien collaboré dans ce sens avec les architectes qui ont conçu les plans des maisons de Soleuvre et Abweiler ainsi qu’avec les ingénieurs en efficacité énergétique de l’agence COCERT, qui ont porté une attention particulière aux détails d’exécution comme le raccord des fenêtres, de la toiture ou des bords de dalle. Tous les détails ont été étudiés au cas par cas, comme le montre les schémas où les flux thermiques présentent d’excellentes valeurs Ψ.

De plus ce monobloc s’inscrit parfaitement dans une démarche de durabilité dans la mesure où il présente des résultats probants tant au niveau de son impact environnemental que de l’énergie grise utilisée pour le produire.
Attentif aux choix de nos matériaux de construction, nous avons été accompagnés par COCERT pour nous conforter dans nos décisions, notamment en vue de la future certification LENOZ qui accorde une grande importance aux matériaux durables ainsi qu’à leurs capacités de recyclage.

En ce qui concerne nos clients, ils apprécient le fait que nous n’employions plus de styropor. En outre, ces monoblocs permettent de raccourcir les délais de livraison, car on passe directement de la maçonnerie à la confection de l’enduit, sans passer par la phase d’application d’un isolant.

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

Consultez en ligne NEOMAG #02 novembre 2016

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Publié le mardi 29 novembre 2016
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