Un choix de société

Un choix de société

Dans le cadre de la réforme de l’assurance dépendance, Mars Di Bartolomeo, ministre de la Sécurité sociale, a rencontré une délégation de la COPAS, structure faîtière des institutions de soin et de maintien à domicile, afin de lui présenter les grandes lignes du bilan des quinze années d’existence de l’assurance dépendance.

Interview d’Evandro Cimetta, coordinateur général.

La COPAS a rencontré le ministre de la Sécurité sociale, Mars Di Bartolomeo, dans le cadre de la réforme de l’assurance dépendance le 22 juillet. Quelles sont les tenants et aboutissants de cette réforme ?

Tout d’abord, précisons que c’est en effet bien le ministère de la Sécurité sociale qui réalise cette réforme et non la COPAS. Nous, nous l’accompagnons et la commentons. D’ailleurs, la COPAS a présenté l’année passée son propre bilan de l’assurance dépendance.

L’Inspection générale de la sécurité sociale a élaboré un état des lieux sur les quinze années d’existence de l’assurance dépendance. Notre lecture de cet état des lieux est celle d’un constat ; il ne dessine pas de perspectives futures pour l’assurance dépendance.

J’aimerais ajouter que nous sommes parfaitement d’accord avec le constat de l’IGSS comme quoi notre activité a connu une évolution fulgurante, tant au niveau du nombre de bénéficiaires que de l’offre de prestations et du nombre d’emplois créés. En l’espace de dix ans, le nombre de bénéficiaires de l’assurance dépendance a doublé et atteint aujourd’hui les 13.000. Ceci démontre donc le succès de cette nouvelle branche de la sécurité sociale.

Tout cela a pourtant un coût, dans une époque marquée par les restrictions budgétaires à tous les niveaux…

Il est clair que cela a un coût. Cependant, l’augmentation importante du personnel employé par nos membres a contribué au maintien de l’emploi au Grand-Duché, et, contrairement aux secteurs vulnérables, il ne craint pas le licenciement. Avec 10.000 salariés et plusieurs structures qui font partie du top 20 des employeurs dans le pays, nous sommes aussi un pôle stabilisateur de l’économie.

La Cellule d’Evaluation et d’Orientation de l’assurance dépendance affirme que le système, tel qu’il fonctionne actuellement, n’est plus pérenne, le coût des prestations ne cessant de croître. Dès 2015, le système sera même en déficit, conclut-elle. Ne faudrait-il pas quelque peu revoir à la baisse les prestations, très généreuses, ou même la nomenclature de certains actes techniques… certains sont facturés le double que dans les pays voisins ?

Il est incontestable que le système est très généreux, comme par ailleurs beaucoup d’autres choses au Grand-Duché. En ce qui concerne les allégations de la Cellule d’Evaluation et d’Orientation de l’Inspection Générale de la Sécurité Sociale que vous rapportez, je n’ai pas pu trouver dans son bilan une quelconque mention d’un système qui ne serait plus pérenne.

Cela dit, effectivement, la CEO établit clairement que la branche assurance dépendance sera déficitaire dès 2015 si l’on n’augmente pas le taux de cotisation, mais cela ne signifie pas que le système n’est pas pérenne. Il faut réaliser que si le coût des prestations ne cesse de croître, comme vous le soulignez à juste titre, c’est parce que le volume croît, c’est-à-dire le nombre de personnes bénéficiaires de l’assurance dépendance.

On peut néanmoins corriger le tir en jouant sur plusieurs paramètres, à savoir le taux de cotisation, la participation de l’Etat au financement ou le volume des prestations. L’IGSS a calculé qu’en passant aujourd’hui d’un taux de cotisation de 1,4% à 1,73%, le système reste finançable jusqu’en 2030. Cela n’engage que moi, mais je ne pense pas que cela puisse être analysé en un scénario catastrophe, sachant que cette augmentation du taux de 1,40% à 1,73% représenterait une augmentation de la cotisation mensuelle de 7,5 euros pour un revenu mensuel de 2.500 euros.

In fine, nous sommes face à un choix de société : quelle offre à quel coût ? Concernant le coût, précisément, vous affirmer que certains actes techniques coûtent au Luxembourg deux fois plus que dans les pays voisins. Je ne peux pas vérifier votre affirmation. Cependant, et en tout état de cause, nous savons que les salaires au Luxembourg sont nettement plus élevés que dans nos pays voisins. Ceci se répercute nécessairement sur le prix unitaire de chaque prestation. Par ailleurs, un autre facteur essentiel qui impacte sur le coût unitaire est le niveau de qualification des salariés. A nos yeux, la qualité des prestations n’étant pas négociable vers le bas, nous nous engageons fortement à la pérennisation d’un haut niveau de qualification dans nos structures.

Quelles ont été les conclusions de ces premières discussions ? Quelle est la nature des travaux préparatoires ?

Il n’y a pas eu de conclusions. Il s’agit d’un bilan qui nous a été présenté par le ministre de la Sécurité sociale comme il l’a été présenté à la presse de façon plus succincte peu avant nous.

On nous a annoncé que Mars di Bartolomeo prévoit de mettre en place des groupes de travail sur différents sujets, après quoi un projet de loi serait adopté. A ce jour, nous n’avons ni connaissance exacte des sujets qui seront traités par ces groupes de travail, ni du calendrier des travaux de ces groupes.

Le ministère de la Famille et de l’Intégration a organisé un séminaire baptisé « La nutrition : nécessité ou plaisir ? » en juin à Mondorf-les-Bains. Si l’on sait que rester en bonne santé passe nécessairement pour chacun d’entre nous par une bonne nutrition, y a-t-il des exigences supplémentaires particulières pour les personnes âgées ?

Nos membres portent une attention particulière à la nutrition. Les maisons de soins et de retraite recrutent des cuisiniers non seulement formés déjà à la base pour répondre à des exigences spécifiques à l’endroit des personnes du troisième et quatrième âge, mais qui suivent également de la formation professionnelle continue pour parfaire leurs connaissances et rester à jour dans le domaine de la nutrition.

Parallèlement, de nombreuses initiatives ont été mises en place par nos membres telles que les repas à domicile ou le ‘show cooking’. Ce dernier a pour vocation, comme son nom l’indique, de préparer des plats en présence des personnes âgées afin de stimuler leur appétit et de leur donner goût à la vie. Car le repas est pour elles un moment fort de la journée, qui rythme leur vie.

Photo Marlene Soares pour LG Magazine

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Publié le lundi 28 octobre 2013
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