Natura 2000 : une meilleure qualité de vie pour les hommes et la nature

Natura 2000 : une meilleure qualité de vie pour les hommes et la nature

Au Luxembourg, le réseau Natura 2000 couvre 28 % du territoire. Cette surface exceptionnelle est disséminée dans tout le pays en zones protégées. Ces poumons verts sont les précurseurs de la préservation des habitats locaux et de leurs biodiversités.

Mais concrètement, comment fonctionnent au quotidien ces 67 zones destinées à protéger ou restaurer des écosystèmes meurtris et quels sont leurs résultats ?

Nous avons cherché des réponses au sein du Ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, auprès de Léa Bonblet qui a – entre autres – la charge de la coordination des Comités de pilotage Natura 2000.

Le maillage protecteur des habitats et des espèces

Comme le rappelle Léa Bonblet, à la genèse, deux directives européennes ont fait naître le réseau destiné à protéger aujourd’hui 200 types d’habitats et 700 espèces végétales et animales
Léa Bonblet précise alors que ce sont des « espèces parapluies, des espèces dont la protection permet en cascade la préservation de tout un tas d’autres espèces au sein de la chaîne alimentaire ».

2022 a marqué les 30 ans du réseau d’espaces protégés Natura 2000. La directive Habitats, concernant la conservation des habitats naturels ainsi que des espèces de la faune et de la flore sauvage, date en effet de 1992. Le réseau est ainsi à même de générer de solides données tricennales sur l’état de santé systémique des milieux naturels et de leur biodiversité.

État de santé

Lorsqu’on lui demande quel est l’état actuel des habitats et de leurs espèces, sa réponse est sans ambages : « il n’est pas rose, mais il existe des solutions ». Un monitoring du réseau Natura 2000 est réalisé tous les ans au Luxembourg, ceci implique toutes les espèces et habitats du réseau présents au Luxembourg. Les conclusions sont ensuite communiquées à la Commission européenne tous les six ans.

Léa Bonblet cible les grands perdants de ce bilan : « le déclin continuel des milieux humides et des habitats typiques des milieux ouverts, spécialement les prairies maigres de fauche ». Chargée de la coordination de la mise en œuvre du Plan National concernant la Protection de la Nature (PNPN), elle reprend les grandes causes d’un inventaire pas vraiment à la Prévert : « l’artificialisation des sols, nettement supérieure à la moyenne européenne et la fragmentation la plus élevée d’Europe (la manière dont les pays est morcelé par ses infrastructures, routières notamment). Le vrai problème, c’est la consommation de la terre ».

Elle finit par entrer dans le détail : « évidemment au Luxembourg, l’urbanisation à la construction est très largement en cause, mais les zones les plus durement touchées sont les habitats des milieux ouverts où les pratiques agricoles ont un impact important sur l’état de l’habitat ».

Les populations d’oiseaux en milieu urbain ou celles qui profitent des espaces très ouverts peuvent croître. Ainsi, le Milan Royal qui chasse dans les prairies coupées est plutôt bien loti. D’autres, en revanche, ne sont pas logés à la même enseigne : les populations de vanneaux huppés qui nichent au sol dans des pâturages structurés diminuent fortement.

Nous avons plus de données et assez de recul concernant les oiseaux, car leur protection a historiquement été au cœur de l’attention, mais ce n’est pas le cas des chauves-souris par exemple. Nous finançons diverses études afin d’améliorer nos connaissances sur les populations de certaines espèces de chauve-souris.

Le fonctionnement du réseau Natura 2000 au Luxembourg

« Dans notre PNPN, adossé au Nature Restoration Law de l’Union européenne, nous nous sommes engagés à rétablir ou améliorer l’état de conservation pour un tiers, donc 30% des espèces et des habitats luxembourgeois jusqu’en 2030 mais également de mettre sous un statut de protection 30% des surfaces.

Nous avons défini des zones comme prioritaires. Il y a des chiffres concrets sur les habitats à restaurer et à améliorer et pour ce faire, on concentre nos efforts sur des zones déjà protégées. Nous faisons cela au travers de plans de gestion Natura2000 mais également pour nos zones protégées d’intérêt national où la protection est généralement plus stricte. »

Comme actions concrètes dans ce cadre, la spécialiste cite alors de manière non exhaustive :

  • La fermeture de drainages pour la sylviculture ou la culture agricole pour une meilleure rétention de l’eau dans les habitats
  • La conservation d’arbres biotopes comme des habitats, avec des cavernes et des épiphytes
  • La gestion durable des forêts, avec pour idée de réduire l’utilisation du bois de forêt, encadrée par la nouvelle loi forêt, la récolte du bois dans les forêts publiques est limitée jusqu’à 80% de l’accroissement

Les mécanismes d’un aménagement équilibré du territoire

Mais la gestion n’est pas le seul levier des zones Natura 2000. Léa Bonblet met l’accent sur l’approche proactive contractuelle avec les agriculteurs ou des exploitants privés parce que dans ces zones, c’est surtout la gestion appropriée qui assure leur conservation. Des contrats biodiversité sont passés à travers les stations biologiques avec à la clé des subsides versés pour une meilleure gestion des espaces sensibles.

Cela peut concerner une fauche limitée et tardive dans les prairies, la pose de clôture le long des fleuves et ruisseaux pour créer une zone tampon le long du cours d’eau, l’installation d’infrastructures de pâture, etc. La panoplie d’action est très large.

De plus, les incitations ont pour but de « rémunérer le travail de la protection de la nature. Certains habitats, comme les milieux ouverts disparaissent, car en raison de leur manque d’attrait économique, ils ne sont plus gérés. Si les pâtures et les fauchages disparaissent, ces habitats sont perdus ».

Ensuite, il y a l’acquisition de terrains par l’État ou par la Fondation Hëllef fir d’Natur ou encore l’engagement des communes au travers du Pacte Nature – et donc il y a une variété de mesures mises en place qui offrent de l’espoir et constituent des pas en direction de nos objectifs.

La coordination des régions et de leurs spécificités avec les COPIL

Les anciens sites miniers du sud n’ont pas les mêmes problèmes que le Mullerthal. Dès lors, comment combiner la préservation de ces environnements disparates ?

« Nous avons mis en place les premiers comités de pilotage Natura 2000 (COPIL) en 2018. Il y en a huit correspondants à huit régions. Chaque région a son animateur », poursuit Léa Bonblet, qui « surveille et coordonne les mesures des plans de gestion. Il facilite la mise en place avec les différents acteurs de terrain ».

Les services du Ministère coordonnent les animateurs et stimulent les échanges entre eux. Le COPIL est un outil dynamique qui peut tenir compte des spécificités régionales avec les acteurs locaux. Si l’on prend le COPIL de la région Éislek situé dans le parc naturel de l’Our, 80% des terrains et des forêts dans les zones Natura2000 sont propriété privée. Dans d’autres régions — comme le COPIL Mamer-Aischdalll-Gréngewald où beaucoup de forêts sont en propriété étatique ou les « anciens sites miniers » — c’est toujours l’État qui a la main mise. C’est une particularité que d’autres régions n’ont pas.

Alors, les animateurs sont en contact direct avec les communes, les stations biologiques, les organisations de protection de la nature, les groupements d’agriculteurs, les offices de tourisme, l’Administration de la nature et des forêts et l’Administration de la gestion de l’eau. La symbiose collective d’un écosystème.

La présentation des COPIL et de leurs inestimables actions sont à découvrir sur le site web Natura2000 Luxembourg.

Sébastien MICHEL
Photos : Fanny Krackenberger


La journée officielle Natura 2000 – Natura 2000 Dag

Comme chaque année, le Ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité vous invite avec ses partenaires des COPILs à la journée Natura 2000 dans une de ses régions.

Cette année, c’est le COPIL du Mullerthal qui est mis à l’honneur. Le 19 mai, de 11 heures à 17 heures est organisé un rallye en famille au lac d’Echternach avec de nombreuses surprises, des lots à remporter et un cadeau pour chaque participant.

C’est accessible pour les enfants à partir de 6 ans évidemment accompagné d’un adulte et les activités sont proposées en quatre langues, luxembourgeois, allemand, français et anglais.

Ne manquez pas l’occasion de découvrir les zones Natura 2000 de la manière la plus ludique qui soit !

  • Rallye für Familien
  • 19/05/2024
  • De 11 h 00 à 17 h 00
  • Lac d’Echternach
  • Sans inscription

Article tiré du dossier du mois « Nature humaine »

Article
Publié le vendredi 26 avril 2024
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