Transition énergétique : la France tient les bons objectifs mais n'y met pas les moyens

Transition énergétique : la France tient les bons objectifs mais n’y met pas les moyens

Après un Débat national sur la transition énergétique qui a un peu fait “pshiiit“ l’été dernier, voilà que le sujet revient sur la table. Porté par Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, un nouveau projet de loi sur la transition énergétique en France vient d’être déposé. Il prévoit notamment une baisse de moitié de la consommation finale d’énergie hexagonale d’ici 2050.

Voilà donc que la transition énergétique est de retour sur le devant de la scène politique française. A croire que c’est un sujet estival. Il faut dire qu’après un Débat national sur la transition énergétique (DNTE) plus que décevant à l’été 2013, il était temps que le sujet soit enfin pris au sérieux. Inutile donc d’expliquer à quel point le projet de loi, déposé hier au Conseil des ministres par Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, était attendu.

Concrétement, le projet de loi, qui sera débattu à partir du 1er octobre à l’Assemblée Nationale, établit une chronologie précise des années à venir en termes de transition énergétique. A commencer par l’espoir de réussir à créer, d’ici 2017, 100.000 emplois issus de la croissance verte. En 2015, l’Etat espère réussir à réduire la part du nucléaire à 50% dans la production d’électricité. Cinq ans plus tard, les ménages devront avoir diminué de 7% le volume de leurs déchets. En 2030, la part de la consommation d’énergies fossiles doit être amputée de 30% tandis que celle des énergies renouvelables devrait représenter un tiers de la consommation finale des Français. Les émissions de gaz à effet de serre sera, elle, réduite de 40% pour, en 2050, arriver à une consommation totale réduite de 50%.

Un projet « pas crédible »

Loin d’être absurde, la facture énergétique pesant énormément dans les budgets des ménages français, cette loi accueille pourtant des avis partagés. Si, dans l’ensemble, elle est jugée satisfaisante, beaucoup estiment cependant qu’elle manque encore bien trop d’ambition, allant jusqu’à la juger comme « pas crédible », à l’instar de Chantal Jouanno, ancienne ministre française de l’Environnement.

Il faut dire que, si de nombreux moyens seront déployés pour atteindre ces différents objectifs verts, tels que la promotion de la production d’énergies issues des biomasses, la revalorisation des aides à la rénovation thermique ou le développement des transports propres, de nombreuses lacunes persistent.

10 milliards sur 3 ans

Outre l’oubli des questions de l’urbanisme ou de l’agriculture, ce qui effraie le plus est le silence complet autour du nucléaire. Si le projet de loi évoque une baisse du recours à ce type d’énergie dans la production d’électricité (actuellement cette part s’élève à 75% dans la consommation finale de nos voisins), il n’empêche que rien de plus précis n’a été abordé. Par ailleurs, quid de la fermeture de la centrale de Fessenheim pourtant au menu des promesses électorales de François Hollande. Tout juste est-il (éventuellement) prévu que deux des réacteurs de la doyenne de France soient mis à l’arrêt pour compenser la mise en fonction de l’EPR de Flammanville en 2016.

Egalement pointé du doigt, le manque d’ambition du plan est aussi la cible de nombreuses critiques. Pour Nicolas Hulot, interviewé le 31 juillet sur Europe 1, « il faut poser les objectifs à plus court terme ». Bien souvent, l’argent est le nerf de la guerre et le projet de loi n’échappe pas à la règle avec un plan de financement sévèrement dénoncé. « Les experts évaluent la transition énergétique entre 10 et 20 milliards d’euros pas an, et sur plusieurs années ». Ici, madame la ministre mise sur 10 millards sur trois ans, « donc le compte n’y est pas », résume Nicolas Hulot avant de conclure : « Les objectifs de la ministre sont bons, mais les moyens ne sont pas à la hauteur ».

Photo ©Guillaume Paumier sur Wikimédia

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Publié le vendredi 1er août 2014
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