Le BIM, c'est possible et c'est maintenant !

Le BIM, c’est possible et c’est maintenant !

La conférence BIM-Lux-2016, qui s’est tenue le 16 novembre dernier, a réuni plus de 220 personnes venues entendre les témoignages des 1er utilisateurs du BIM au Luxembourg.

C’est François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures, qui a ouvert la conférence. « La révolution numérique est en marche et aucun secteur n’y échappe », a-t-il rappelé, évoquant les conclusions du groupe de travail Building de l’étude Rifkin qui a retenu le développement du BIM comme une des mesures stratégiques concrètes à mettre en œuvre. Parce qu’il permet de réduire les coûts de construction, d’exploitation et d’entretien, les délais d’exécution, les déchets de construction et de démolition, ainsi que la consommation de ressources et qu’il favorise le développement d’une économie circulaire, il a un rôle à jouer dans la réussite des ambitions énergétiques et écologiques que le Gouvernement s’est fixées. Conscient que cette évolution va de pair avec des investissements, il a dit le Gouvernement prêt à accompagner cette évolution pour permettre au secteur de s’y adapter.

Puis, Thierry Hirtz directeur du CRTI-B a présenté les objectifs et l’état des travaux du groupe de travail dédié au BIM.

Juan Nolet de Besix a énoncé une donnée qui met en lumière le retard accusé par la construction en matière d’implémentation des nouvelles technologies : selon une étude de 2015, le secteur se place à l’avant-dernier rang au classement de la digitalisation (devant la chasse et la pêche) ! Il a aussi cité quelques chiffres qui sont autant de raisons d’évoluer : des employés utilisés à 50 % de leur potentiel, 5 % des coûts attribués à la gestion des incidents et 10 % à la réparation des erreurs, moins de 5 % des projets qui aboutissent en temps et en heure, et une marge moyenne qui s’élève à peine à 3 %. Puis il a ajouté que les entreprises qui ne s’adapteront pas seront hors circuit d’ici 10 ans. En ce qui concerne le BIM, il préfère l’appeler Building Information Management plutôt que Building Information Modeling car le BIM est bien plus qu’une maquette numérique. À l’instar d’un iceberg, sous le modèle 3D, il cache une multitude de dimensions : il permet de centraliser et de gérer les données relatives à un bâtiment tout au long de son cycle de vie donc de mieux faire face, dans des bâtiments de plus en plus complexes, aux difficultés de coordination, aux estimations incorrectes et à la résolution tardive des problèmes. L’implémentation du BIM chez Besix aura pris 6 ans et se sera déroulée step by step : d’abord en tant que spectateurs, puis en l’ayant intégré en interne et enfin, en sous-traitant la modélisation. Les prochaines étapes seront d’amener le BIM sur les chantiers, d’y intégrer la réalité virtuelle et la réalité augmentée, d’utiliser des drones ainsi que des systèmes d’information géographique.

Isabelle Feltus et Olivier Hames sont ensuite intervenus au nom de l’administration des Bâtiments publics. Ce dernier a rappelé le rôle de l’ABP qui est, en tant que maître d’ouvrage public, de favoriser l’innovation et l’implémentation du BIM. Le BIM est mis en œuvre dans le cadre de plusieurs projets pilotes : rénovation et extension du lycée Michel-Rodange, construction du hall des sports militaire Herrenberg, de l’administration des Ponts et Chaussées à Echternach, du lycée technique pour professions de santé à Strassen et de la maison de soins à Bascharage. Mais il offre aussi des perspectives pour l’exploitation d’un patrimoine qui s’élève à 1 500 bâtiments représentant 13,5 millions de m2. Isabelle Feltus a expliqué que l’ABP a entrepris de réaliser des maquettes numériques des bâtiments étatiques à partir de plans ou de levées dans le but d’optimiser leur entretien et de prolonger leur durée de vie. C’est le cas aujourd’hui pour 6 % du patrimoine, soit 800 000 m2, et ce sera le cas pour plus de 45 % du patrimoine d’ici fin 2017 puisque les 36 lycées luxembourgeois, qui couvrent à eux seuls 1/3 de la volumétrie, seront modélisés au cours de l’année prochaine.

Pour David Determe de l’OAI, la question n’est plus aujourd’hui de savoir si l’on doit passer au BIM ni combien cela va coûter de le faire, mais combien cela va coûter si l’on ne s’y met pas et jusqu’où on doit aller. Il a passé 3 messages : « le BIM, c’est maintenant », « l’outil n’est pas la clé » et « il faut que le secteur travaille ensemble ». L’objectif de l’OAI est d’accompagner ses membres, en grande majorité des PME, dans cette transition de sorte que 90 % d’entre eux soient BIM ready dans 10 ans (alors qu’ils ne sont aujourd’hui que 15 %) avec la volonté de faire du Luxembourg un pays précurseur.

Une table ronde modérée par Denis Lecanu a permis de revenir sur l’expérience BIM Contest avec Gallyna Peneva (Architecte), Arnaud Le Bechec et Michaël Lefèvre (Betic), Éric Hansen (BEST) et Mehdi Halal (BIM Consult). Tous ont montré un grand enthousiasme pour ce concours malgré les quelques difficultés qu’ils ont pu rencontrer et s’accordent à dire qu’ils renouvelleront l’expérience. Ils voient le travail autour d’une plateforme collaborative comme un standard d’ici quelques années, un standard qui s’étendra au-delà de l’échelle du bâtiment à l’échelle de la Smart City.

Didier Zeippen, dessinateur modeleur au sein de l’entreprise Félix Giorgetti, entreprise qui a commencé à créer sa bibliothèque d’objets BIM dès 2007, a quant à lui mis l’accent sur les problèmes liés au manque de maturité de certains intervenants sur le sujet ainsi que sur le fait qu’une maquette BIM ne doit pas être « belle », mais juste.
La conférence s’est achevée sur la présentation des formations proposées par la LUSCI par Marcel Deravet.

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

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Publié le vendredi 6 janvier 2017
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