La durabilité, du bon sens

La durabilité, du bon sens

Précurseur dans bien des domaines, Soludec, entreprise de construction luxembourgeoise, s’est lancé un nouveau défi en prenant le parti de ne réaliser plus que des constructions répondant à la classe énergétique AA. Le projet d’immobilier résidentiel de 120 unités, prévu sur le site d’Esch/Belval, en est l’illustration parfaite. Interview de Jacques Brauch, directeur général.

En tant qu’entreprise active dans le secteur de la construction, un secteur énergivore, quelle est votre vision du développement durable ?

Notre politique d’entreprise est fortement axée sur la notion de développement durable, et ce, à plusieurs égards. Tout d’abord, nous faisons un maximum pour sensibiliser nos clients, nos partenaires mais aussi nos collaborateurs aux nouvelles technologies de la construction durable. A ce titre, notre personnel suit des formations sur base régulières auprès de pourvoyeurs de formations spécialisés dans le domaine tel l’IFSB, notamment, et nous sommes fiers d’avoir aujourd’hui au sein de la société des ingénieurs formés à la construction durable.

Quant à nos partenaires, dans nos négociations, nous ne nous focalisons pas uniquement sur les prix, mais bien évidemment aussi sur la performance énergétique et qualitative de nos constructions. Sur le site d’Esch/Belval, par exemple, dans les 120 logements qui seront amenés à voir le jour, nous avons décidé de construire uniquement en classe énergétique AA, soit véritablement des bio-constructions.

Etes-vous précurseur à ce niveau dans l’immobilier résidentiel ?

Soludec se veut précurseur dans de nombreux domaines. Nous avons par exemple été la première société de construction au Luxembourg à être certifiée ISO 9001 de même qu’ISO 14001, cette dernière ayant pour objectif d’aider les entreprises à gérer l’impact de leurs activités sur l’environnement. Cette norme se décline en plusieurs axes, avant tout celui du choix des matériaux. La protection de l’environnement dans la construction passe pour nous par le recours au bois et au béton, lesquels garantissent une très bonne isolation.

De surcroît, nous pouvons nous targuer de posséder plusieurs labels, notamment celui de la Superdréckskëscht, qui impose un tri rigoureux des déchets sur les chantiers.

Pourquoi vouloir aller aussi loin dans la performance énergétique ?

Economiser de l’énergie est essentiel.

Nous sommes persuadés que le secteur se dirige inéluctablement dans cette direction, étant donné que les normes environnementales et énergétiques deviennent de plus en plus strictes.

… ce qui est quand même quelque peu paradoxal pour une entreprise spécialisée, à la base, dans le béton armé…

Pas vraiment. Nous avons trouvé une bonne combinaison de matériaux alliant, comme je vous le disais, le bois et le béton précisément. Au niveau du projet que j’évoquais à Esch/Belval, lequel verra le jour sous forme de maisons simples en bande, le squelette de la construction sera en béton, et l’ensemble de l’enveloppe thermique sera en bois massif, le tout isolé par une façade isolante traditionnelle

Il s’agit là d’une première pour nous, et après ce projet pilote et un autre, nous en tirerons les conclusions. S’il s’avère que les résultats sont concluants, et nous en sommes convaincus, il est fort à parier que nous généraliserons ce type de constructions. Le bois est léger, est un très bon isolant et confère un climat agréable au sein de l’habitat.

Qu’en est-il au niveau du prix. Les spécialistes s’accordent à dire que le surcoût est non négligeable…

Il y a certes un surcoût, mais il ne dépasse pas les 15%, et grâce aux subsides alloués par le gouvernement, nous ne répercutons même pas ce surcoût à nos clients.

Contrairement aux clichés qui circulent, les gains d’énergie réalisés au niveau d’une habitation de classe A ne se font pas au détriment du confort, bien au contraire. Soludec n’envisage pas un instant construire des habitations pourvues de petites fenêtres afin d’éviter que les rayons du soleil ne viennent chauffer l’habitat ; nous privilégions résolument les grands volumes vitrés. En fait, beaucoup repose sur la ventilation mécanique qui fait d’ailleurs que l’occupant ne ressent pas le besoin d’ouvrir la fenêtre. Un ventilateur est installé dans la cave, ventilateur qui contient un échangeur de chaleur qui propulse de l’air dans les autres pièces de la maison via des grilles installées au sol ou dans le plafond, procurant une ventilation en permanence.

Quant aux grands volumes vitrés, les stores électriques intelligents, grâce à leur gestion de la lumière et de la présence ou non d’occupants, permet d’optimiser la consommation d’énergie, et l’énergie solaire sert d’éclairage naturel. Aussi, au final, le confort ressenti par les occupants dans une habitation passive est supérieur à celui des habitations classiques. Bref, j’aime à dire que la durabilité, c’est du bon sens.

On a beaucoup parlé des classes énergétiques. On peut cependant construire des habitations à haut rendement énergétique, sans pour autant que l’approche globale de la construction soit durable, notamment si l’on fait venir de la matière première de très loin…

Il n’y a pas encore de norme dans ce domaine au niveau du résidentiel. Cependant, ici aussi, Soludec veut s’inscrire en précurseur, raison pour laquelle la société a décidé de procéder à des analyses de faisabilité sur une résidence de 58 appartements pour savoir si les bâtiments que la société conçoit répondent à la norme HQE, ce qui pourrait bien être le cas. En revanche, si les contraintes s’avéraient être de taille et occasionneraient un surcoût important, nous attendrions certainement.

Cela dit, je pense que même si nous ne remplissons peut-être pas tous les critères pour prétendre à la certification HQE, nous en sommes très près. Nous attendons les résultats de l’étude dans deux ou trois mois.

Photo : Jacques Brauch, directeur général de Soludec par Marlene Soares pour LG Magazine

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Publié le mardi 9 juillet 2013
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