LENOZ, quoi de neuf pour les bureaux d'études ?

LENOZ, quoi de neuf pour les bureaux d’études ?

Innover et s’orienter vers des concepts techniques différents est dans l’ADN du bureau d’Ingénieurs-Conseils Betic. C’est dans cet esprit que les ingénieurs sont formés pour accompagner des projets LENOZ en dépassant la « vision classique » du métier qui consiste à ne considérer que l’efficacité énergétique. Désormais, les dimensions écologique, économique et sociétale pourront être intégrées dès les prémices du projet.

Interview de David Determe, Administrateur-délégué, et Franck Doron, Team Manager, chez Betic

Quels sont les changements législatifs qui accompagnent l’introduction du système de certification LENOZ ?
F. D. : Ils concernent principalement les subsides. Dans le neuf, cette évolution s’accompagne de modifications réglementaires. Précédemment, il fallait que le bâtiment soit classe AAA, maintenant il lui suffit d’être autorisable, c’est-à-dire avoir de meilleures performances que le bâtiment de référence, et de satisfaire à certains critères de LENOZ.

L’accent est mis sur la durabilité, sur l’énergie grise et donc sur tout le cycle de vie du bâtiment. Ce dernier doit répondre à certains critères LENOZ, qui sont au nombre de 6, mais seuls 3 d’entre eux sont nécessaires à l’obtention de subsides (écologie, bâtiment/installations techniques et fonctionnalité). Certains sont en effet difficiles à maîtriser, comme la localisation d’une garderie, d’espaces verts, l’ombrage du terrain… C’est pourquoi les réflexions doivent être davantage tournées vers les aspects écologiques, notamment des matériaux de construction ou d’isolation biosourcés et démontables (chanvre, laine de bois, coton, etc.).

D’autres critères doivent également être pris en considération désormais : confort thermique, visuel et acoustique de l’occupant, ou encore fonctionnalité du logement… Les critères sociétaux concerneront par exemple le partage des espaces communautaires dans les bâtiments multifamiliaux ou l’utilisation du terrain dans les maisons unifamiliales.

Comment cela se passe-t-il dans le cas d’une rénovation ?
F. D. : Des changements méthodologiques ont été introduits pour les demandes de subsides : le rapport du conseiller en énergie doit désormais être vérifié par le ministère du Développement durable et des Infrastructures préalablement à la réalisation des travaux, les offres des entreprises doivent être examinées par un conseiller en énergie et un contrôle des travaux sur site doit être réalisé. Un point intéressant avec la nouvelle réglementation est que l’utilisation d’isolants biosourcés permet d’obtenir un bonus mais aussi qu’il est possible de combiner les subsides à une demande de prêt climatique, une nouveauté de ce début d’année.

Concernant les entreprises du bâtiment, elles sont incitées à aller vers des certifications ISO 9001 ou SuperDrecksKëscht® qui garantissent une gestion de leurs chantiers et des déchets de meilleure qualité.

Qu’en est-il de l’aspect économique ?
F. D. : Il est lié aux performances du bâtiment et à sa consommation projetée en énergie.

D. D. : C’est là qu’intervient le bureau d’études, à qui il revient de réfléchir à des concepts différents, qui intègrent moins de technique. À titre d’exemple, nous participons à la conception du lycée pour professions de santé à Ettelbruck. Le projet n’est pas basé sur LENOZ, mais sur la certification Minergie-P-Eco, qui propose plus ou moins la même approche. L’objectif est que ce bâtiment de 8 000 m2 laisse une empreinte neutre. Pour y parvenir, le bureau Fabeck Architectes a travaillé sur les matériaux et, de notre côté, nous avons élaboré une ventilation hybride naturelle/mécanique qui s’appuie sur le chauffage solaire par les ouvrants avec des stores adaptés. Ce système permet de réduire le nombre de groupes de ventilation, donc l’impact économique : moins de ventilateurs qui tournent, c’est moins de consommation énergétique ; moins de gainage, c’est moins de matériaux donc moins d’énergie grise et moins de faux-plafonds, donc des hauteurs libres plus importantes et davantage de confort. Nous avons appliqué les mêmes principes au projet de maison-relais à Angelsberg, que nous réalisons pour la commune de Fischbach avec le bureau d’architectes COEBA Dave Lefèvre et Associés. Le bâtiment intègre un système de ventilation similaire et met à profit la protection solaire. Il comprend également une installation photovoltaïque de grande envergure, un arbre à vent et une isolation en bottes de paille.

Quelle incidence LENOZ aura-t-elle sur le travail d’un bureau d’études au quotidien ?
D. D. : La maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre travaillent davantage main dans la main. Hier, l’architecte, le conseiller en énergie et l’ingénieur réfléchissaient chacun dans leur coin et se rencontraient uniquement pour discuter des mesures d’optimisation à apporter au projet. Aujourd’hui, nous devons faire des allers-retours permanents sur des éléments qui concernent aussi bien la maîtrise d’œuvre que la maîtrise d’ouvrage, comme le choix des matériaux. Certains concepts techniques mis en œuvre par le bureau d’études vont permettre à l’architecte de faire des économies de matériaux.

Cette démarche collaborative a déjà été initiée avant l’arrivée de LENOZ, mais LENOZ permettra de lui donner un cadre et d’en faire un standard, donc de tirer vers le haut non seulement la qualité des projets mais aussi tout le secteur du bâtiment.

Sur la photo, de gauche à droite : David Determe et Franck Doron

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

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Publié le vendredi 12 mai 2017
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