« L'écologie est mondiale »

« L’écologie est mondiale »

Début février, Claude Turmes, eurodéputé Déi Grèng, a invité son homologue français, José Bové, pour parler aux Luxembourgeois des lobbies et de leurs pouvoirs de pression sur les grandes institutions mondiales. Un pouvoir qu’ils exercent même sur les décideurs politiques en place. A force d’exemples concrets, José Bové a notamment mis au jour la pudibonderie, pour ne pas dire l’inaction, de «  Bruxelles  » face à ces géants industriels.

Le thème de la conférence, le 4 février dernier à l’hôtel Parc Belle-Vue, de José Bové, eurodéputé français vert présent au Grand-Duché à l’invitation de son homologue luxembourgeois Claude Turmes, était “Les lobbies dans nos assiettes“ mais nos assiettes furent, finalement, peu abordées tant les lobbies représentaient à eux seuls un sujet bien plus important et plus grave.

Pressions sur les prises de décisions afin de faire modifier des textes et directives peu arrangeants, menaces, corruption à la tête d’agences soi-disant partiales, et même éviction de certains commissaires pour déplacer le pion gênant, les lobbies semblent être partout et ne connaître aucune limite en exerçant leur pouvoir jusque sur la Commission européenne.

Ainsi, José Bové a-t-il raconté, un peu à la manière d’un incroyable thriller politique aux nombreux rebondissements, le nombre de magouilles et sinistres découvertes que lui et ses collaborateurs ont dévoilé dans l’espoir de faire avancer l’Europe un peu plus droit et de réellement servir les intérêts de ses citoyens et de l’environnement.

«  L’Europe est un projet en devenir »

Cependant, malgré ses nombreuses dénonciations envers une Union européenne encore trop vulnérables face aux attaques des géants industriels, et encore trop prude face aux réelles décisions environnementales, José Bové l’assure, ses paroles ne sont « pas un discours contre l’Europe ».

Bien au contraire, celui qui brigue un nouveau mandat d’eurodéputé pour les élections européennes à venir assure que « l’Europe est un projet en devenir » mais qu’elle est menacée par « un mode de gouvernance dangereux qui éloigne les citoyens ». Conflits d’intérêts, « institutions figées dans leurs fonctionnements », celui qui dit ne pas « être inquiet sur l’avenir » estime que l’Europe « crève de dépolitisation des débats ».

Pour le descendant d’une famille grand-ducale, « on a des outils démocratique pour lutter contre les lobbies » et il est nécessaire de « montrer qu’il y a des règles de droit et de transparence ». Encore faut-il les voter et les appliquer. Parmi ces règles espérées on retrouve la création d’une base légale européenne contre les lobbies, la création d’un « carnet de déontologie », et l’obligation pour ces groupes d’intérêts de s’inscrire dans un registre (déjà créé, ce registre ne fonctionne actuellement que sur la base du volontariat, ndlr).

Déboires et succès

Personnalité au charisme impressionnant et aux convictions profondément ancrées, José Bové n’a eu besoin d’aucun effort pour conquérir la salle pleine à craquer devant laquelle il s’est adressé avec franchise et toujours un brin d’humour quoique parfois corrosif. Le public n’a pas eu à insister longuement pour que des noms, de personnalités politiques ou d’entreprises, soient associés à certaines affaires peu glorieuses et il a évoqué sans détour ses actions musclées menées par le passé (ses « succès et ses déboires » dans son combat contre les OGM comme le célèbre démontage d’un certain fast-food américain).

Toutes ces histoires, parfois ahurissantes et qui ont bluffé l’auditoire, avaient surtout pour but de démontrer que, comme l’a expliqué en guise d’introduction Claude Turmes, « l’écologie est européenne, voire mondiale » et que de nombreux combats attendent malheureusement encore notre planète. Mais, dans ces luttes contres les “grands“, « un député peut agir », assure José Bové, « de la même façon que la société civile », c’est-à-dire nous, citoyens de nos pays respectifs mais aussi de l’Europe, en consommant plus durablement, en respectant notre environnement, en s’associant aux causes des ONG, mais aussi, par exemple, en allant voter à partir du 22 mai prochain.

 

Photos ©Déi Grèng

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Publié le mardi 11 février 2014
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