Des bactéries pour illuminer nos villes ?

Des bactéries pour illuminer nos villes ?

Réduire la consommation électrique générée par les réverbères et l’illumination nocturne des vitrines en disséminant un peu partout en ville une multitude de points lumineux créés par des organismes vivants. Tel est le projet de Glowee.

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C’est une vidéo sur les poissons des abysses qui ont une aptitude génétique à produire de la lumière qui a inspiré la création de Glowee. « Pourquoi ne serait-ce pas la solution à la problématique de l’éclairage urbain ? », s’est demandé Sandra Rey, la future fondatrice de la start-up, en la visionnant. On est alors en 2013. Des discussions autour de l’interdiction d’éclairer les vitrines des magasins la nuit commencent à émerger en France. Sandra Rey est sur le point d’achever ses études de design et choisit donc, dans le cadre d’un concours étudiant, de s’intéresser d’un peu plus près à la biologie synthétique qui permet de reprogrammer l’ADN pour imiter la nature. « La bioluminescence offrait une solution alternative pour permettre aux commerces de continuer à assurer leur visibilité et éviter de plonger les villes dans le noir », souligne-t-elle. Le concours a été remporté et le projet a suscité beaucoup d’enthousiasme, aussi bien de la part du grand public que de celle de grands groupes industriels.

Après avoir complété son cursus par des études en entreprenariat social et obtenu une paillasse en laboratoire pour produire de la lumière visible à partir d’organismes vivants en s’inspirant des méduses, lucioles, vers luisants et autres algues, elle décide de tenter l’aventure entrepreneuriale en décembre 2014. Les 1ers fonds, collectés auprès de business angels, lui permettent d’embaucher un directeur de recherche.

La luminescence utilisée par Glowee est le fruit d’une réaction chimique régie par des gènes issus de bactéries marines qui vivent en symbiose chez certains calamars. Le défi a été de trouver un moyen de rendre ces bactéries plus performantes en termes d’intensité, de couleur et de durée de vie. Elles sont donc cultivées dans un milieu nutritif idéal liquide ou solide. Le tout est ensuite intégré dans une coque transparente qui peut prendre toutes les formes.

L’idée de départ était de se substituer à l’éclairage électrique des vitrines, mais l’équipe de Glowee s’est rapidement rendu compte que les applications pouvaient être multiples : souligner le mobilier urbain, mettre en valeur l’architecture d’un bâtiment, créer une action de communication outdoor, améliorer la signalisation, etc. tout en diffusant une lumière d’un vert bleuté, très douce, qui génère moins de pollution lumineuse et perturbe donc moins les écosystèmes naturels présents dans les villes. « La technologie Glowee n’est pas amenée à remplacer les réverbères, mais elle vise à changer la manière dont on illumine les villes, à équiper les rues de points bioluminescents pour réduire l’éclairage public, donc la consommation électrique », explique Sandra Rey. Glowee constitue une solution alternative économique quand on sait que l’éclairage urbain représente 27 % de la facture énergétique des communes en France, mais aussi écologique d’une part parce qu’intrinsèquement, elle absorbe une partie de la consommation électrique et d’autre part parce qu’elle est composée de matière vivante, illimitée et non fossile. Les microorganismes qui la composent peuvent être revalorisés en énergie, un cycle vertueux se met donc en place.

Pour l’instant, cette technologie n’a été mise en œuvre que dans des installations éphémères pour la tester à l’échelle macroscopique où elle a une durée de vie de 1 à 3 jours, mais dans une solution elle peut durer autant de temps que l’installation est maintenue.

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

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Publié le vendredi 8 septembre 2017
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