Avis de recherche : 600 millions d'emplois

Avis de recherche : 600 millions d’emplois

La création d’emplois décents pour un développement durable est un défi aux proportions monumentales.

Les participants aux travaux du Conseil économique et social (ECOSOC), qui terminait le 1er avril son segment de l’intégration sur le thème « Réaliser le développement durable par la création d’emplois et le travail décent pour tous », ont estimé que le monde devait créer pas moins de 600 millions d’emplois décents, s’il entendait résorber les taux de chômage records que connaissent de nombreux pays.

Cet objectif est d’autant plus impérieux que la création d’emplois, comme l’a rappelé le représentant de l’Inde, est au centre des trois piliers du développement durable : la croissance économique, l’intégration sociale et la protection de l’environnement. « Sans création d’emplois, tous les trois objectifs demeureront irréalisables. » Un avertissement sans frais alors que le programme de développement pour l’après-2015, qui comprend un objectif sur l’emploi productif et le travail décent, est en cours d’élaboration. 

« La création d’emplois décents pour un développement durable est un défi aux proportions monumentales », a reconnu le Vice-Président de l’ECOSOC dans ces remarques de clôture. Partisan d’une taxe sur le carbone et sur les transactions financières pour stimuler l’économie, il a affirmé qu’une « juste part » des 600 millions d’emplois devait revenir à l’Afrique.

Le représentant du Brésil a bien résumé l’enjeu sous-jacent de ces trois jours de discussion : « Comment élaborer des politiques inclusives de création d’emplois supplémentaires et de meilleure qualité qui génèrent non seulement la croissance économique et le bien-être, mais qui agissent aussi comme moteur de l’intégration sociale et de la réduction de la pauvreté ? » 

Les participants aux trois tables rondes à s’être tenues aujourd’hui ont tenté d’apporter des éléments de réponse. Alarmés par les taux de chômage records des jeunes –en Grèce, un jeune sur deux n’a pas d’emploi– ils ont identifié comme premier facteur explicatif l’inadéquation des qualifications avec les exigences d’un marché du travail que l’arrivée des nouvelles communications a profondément transformé.

Le Président-Directeur général de CodeAcademy a souligné que la formation était l’élément clef pour l’accès aux postes plus qualifiés, d’autant plus que les emplois répétitifs, requérant une faible qualification, peuvent désormais être occupés par des machines. « En deux ans, les compétences pour devenir concepteur de logiciel ont changé. »

« L’alphabétisation digitale » a été conseillée par le représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT), pour acquérir des compétences conformes aux postes à fort contenu technologique. « Pour chaque augmentation de 10% de la pénétration de l’Internet à haut débit, le PIB des pays en développement augmente en moyenne de 1,38%. »

L’élimination des formalités nécessaires à la création d’entreprises a été une autre piste évoquée, au même titre que le renforcement de l’esprit entrepreneurial, en particulier chez les femmes. Selon la Présidente-Directrice générale de WeConnect International, les femmes chefs d’entreprise créeraient davantage d’emplois et de meilleure qualité que les hommes. « Les pays en développement doivent se focaliser sur les petites exploitations agricoles qui créent 1 milliard d’emplois dans le monde », a préconisé le Fondateur et Administrateur de GIST Advisory.

Les participants ont aussi essayé d’identifier les secteurs économiquement porteurs et les gisements d’emplois. La Secrétaire générale d’Hydro-Québec a expliqué qu’en 2050, les énergies renouvelables occuperont une part de 20 à 25% dans la création d’emplois dans le monde. « Quelque 20 millions d’emplois pourraient être créés d’ici à 2030. »

Les enjeux sociaux de l’emploi n’ont pas été oubliés, notamment par le Chef des ressources humaines de Tata Group, qui a invité le secteur privé à prendre conscience de sa responsabilité sociale. Pour corriger l’écart salarial entre hommes et femmes, la Secrétaire générale d’Hydro-Québec a préconisé la multiplication des crèches dans les entreprises et l’aménagement du temps de travail.

Enfin, le Vice-Président de l’ECOSOC a pris date pour l’année prochaine en reprenant à son compte la proposition de l’UIT de consacrer le thème du segment de l’intégration de l’ECOSOC, en 2016, à l’exploitation des technologies digitales aux fins du développement durable.

COMMUNIQUE PAR LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DE L’ONU Session de 2015, 19e & 20e séances - matin & après-midi

Plus d’info sur http://www.un.org/press/fr/2015/ecosoc6680.doc.htm

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Publié le jeudi 9 avril 2015
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