« Une véritable lutte pour la survie »

« Une véritable lutte pour la survie »

Michel Reckinger, président (sortant) de la Fédération des Artisans et dirigeant de la société familiale Reckinger Alfred SA (HVAC, électricité) a récemment endossé le rôle de président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). Il prend le relais de Nicolas Buck, dans le contexte délicat de la crise sanitaire. Interview.

Votre mandat de présidence de l’UEL vient de démarrer. Quels seront les sujets abordés lors des premiers groupes de travail et à quoi espérez-vous qu’ils aboutissent ?

En tant que Président de l’UEL, ma priorité sera de faire entrer davantage les considérations économiques et le rôle positif des entreprises dans le débat politique. Même si ce constat peut sembler anodin, tout progrès sur le plan social et écologique n’est possible que grâce à une économie dynamique et des entreprises compétitives qui posent la base financière et budgétaire de chaque politique.

Les principales compétences de l’UEL sont les relations de travail, la sécurité sociale et la fiscalité. L’objectif est de créer un environnement dans lequel les entreprises peuvent se développer. En plus de ces dossiers clés de l’UEL, je voudrais également aborder, ensemble avec les organisations membres, les thèmes du logement, de l’environnement et de la formation.

Parmi les sujets qui vous tiennent à cœur, on retrouve le développement durable. De quelles manières le secteur de l’artisanat soutient-il la politique climatique du Gouvernement ?

Par le biais de ses entreprises, le secteur de l’artisanat joue un rôle clé dans la mise en œuvre des objectifs « climat ». Depuis quelques années, la formation et la formation continue dans les professions concernées sont systématiquement orientées vers les nouvelles technologies, de sorte que le secteur de l’artisanat luxembourgeois a les capacités et les compétences nécessaires pour relever ces défis.

Les entreprises sont un élément clé pour la réussite de la transition énergétique. C’est pourquoi elles doivent être soutenues dans le cadre d’un pacte climatique pour les petites et moyennes entreprises. Beaucoup d’entreprises n’ont pas les ressources financières et pas la rentabilité par ailleurs pour faire les investissements nécessaires. C’est pour cela que le Gouvernement doit aussi soutenir les entreprises dans leurs efforts, comme il le fait déjà aujourd’hui pour les ménages.

Depuis le début de la crise sanitaire, quels sont les principaux challenges auxquels font face les entreprises luxembourgeoises ?

Toutes les entreprises sont impactées par la crise, bien qu’à divers degrés. Les plus lourdement touchées sont certainement les entreprises de l’HoReCa et de l’événementiel qui subissent en ce moment leur deuxième lockdown et qui n’ont pas de garantie que la fermeture administrative sera effectivement levée le 21 février. Pour ces entreprises, il ne s’agit pas d’un challenge, mais d’une véritable lutte pour la survie.

L’ouverture au chômage partiel à tous les secteurs dès le début de la pandémie a permis de stabiliser l’emploi tout en sachant que les entreprises continuent à payer les charges patronales, ce qui n’est pas rien pour une structure qui n’a plus de liquidités, par exemple.

Finalement, le gouvernement a mis en place toute une série d’aides qui sont certes importantes mais qui n’arrivent pas à combler la perte du chiffre d’affaires causée par la pandémie et les différentes restrictions. Les frais de fonctionnement continuent de courir, même si aucun revenu n’est perçu.

La pandémie a mis en évidence l’inégalité de traitement que subissent les indépendants qui sont loin de profiter de la même couverture sociale que les salariés et qui sont les seuls à qui on n’accorde pas de salaire de remplacement. Une discussion approfondie sur la revalorisation du statut de l’indépendant me semble inévitable.

Sur le moyen et le long terme, tout dépendra de la capacité des acteurs publics et privés à garder un niveau d’investissement élevé.

Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photo : Fanny Krackenberger

La grande interview de Michel Reckinger se poursuit bientôt ! Rendez-vous fin février sur Infogreen.lu pour découvrir la seconde partie, dans notre Dossier du mois dédié à l’artisanat au service de la résilience et au Made in Lux !

Article
Publié le jeudi 11 février 2021
Partager sur
Nos partenaires